Réponse à: PRO (abus sexuel et gambling)

Surnom: PRO
Pays: Québec
Âge: 37
Sexe: masculin

Je suis victimes d`abus sexuelle de l`age de 13 a 17 ans. Mon beau-frère étais l`abuseur. J`ai fait de la thérapie de groupe (avec tres peu de succes) et je fais une thérapie individuelle.

Premier question; Je suis joueur compulsif et incapable d`arrêter. Je suis certain que l`abus est directement relié. Mon thérapeute dis non! Il y a t-il des études qui démontre un lien entre l`abus et compulsivité.

Deuxieme question; Mon thérapeute me dis que je vis le "désordre stress post-traumatic" (PTSD en anglais), donc j`ai le même comportement qu`une personne ayant survécus a un accident d`avion. Je trouve cela ridicule car je me dis que mon développement psychique a beaucoup souffert étant enfant, ce qu`on ne retrouve certainement pas chez un adulte, survivant d`un accident.

Merci

Bonjour Pro.

Vous posez ici deux questions très précises et très articulées. Malheureusement, la réponse ne peut pas être aussi précise que oui ou non car plusieurs éléments méritent qu'on s'y attarde.

Vous trouvez ridicule que votre thérapeute vous juge en état de stress post-traumatique et considérez, contrairement à votre thérapeute, qu'il y a un lien entre le jeu excessif et votre abus dans l'enfance. Regardons cela d'un peu plus près.

Vous avez été abusé dans l'enfance. En psychologie, on appelle ça un traumatisme. Les gens qui vivent un accident d'avion ont aussi un traumatisme. Celui qui se fait happer le bras par une souffleuse aussi. Le traumatisme varie. L'état de stress post-traumatique ne fait pas référence aux accidents d'avion mais à un traumatisme dont on ne s'est pas remis adéquatement. Il existe des symptômes par lesquels un professionnel peut juger si l'on est en état de stress post-traumatique ou pas. C'est à partir de ces symptômes que le professionnel émet son opinion diagnostique. Et je vous assure que c'est très loin d'être « ridicule ».

Le jeu excessif (gambling) est un trouble bien documenté par rapport aux symptômes et au traitement. Les causes du jeu excessif sont ignorées et l'idée selon laquelle, en retrouvant la cause, on supprimera le mal est une opinion populaire qui n'a rien à voir avec la psychologie telle qu'elle se pratique par les professionnels. Vous vous demandez si l'abus que vous avez vécu a quelque chose à voir avec le fait que vous êtes « gambler »? Peut-être, peut-être pas Mais surtout : CE N'EST PAS IMPORTANT. Ce qui importe actuellement est de bien comprendre que si vous êtes un joueur excessif, vous devez cesser de jouer. Pour cela, il y a des traitements efficaces. Parlez-en à votre psychologue.

Vous savez, Pro, lorsqu'on joue de façon excessive, on tente de contrôler le hasard. On se donne l'illusion qu'on va « faire la passe » et qu'on sera plus fort qu'un ordinateur un ordinateur que même celui qui a fait la programmation ne serait pas capable de contrôler-. Le rétablissement commence lorsque l'on accepte de lâcher prise. Lorsque l'on renonce à « gagner » ou à « se refaire ». Lorsqu'on accepte que ce n'est pas possible. Accepter de ne pas avoir le contrôle et se laisser aller. Voilà les pré-requis pour cesser de jouer.

N'en va-t-il pas de même en thérapie? N'avez-vous pas l'impression que vous consultez en tentant de tenir les deux rôles, en tentant de contrôler la thérapie? Vous êtes le client, pas le psychologue. Vos tentatives de diagnostique sont intéressantes mais vous n'avez ni les connaissances ni l'entraînement pour cela. Je ne crois pas que vous soyez sur la bonne voie.

Si quelque chose de précis vous empêche de faire confiance à votre thérapeute, parlez-lui en le plus vite possible. Autrement, détendez-vous et laissez-lui faire son travail. Lâcher prise est la meilleure chose qui pourrait vous arriver, croyez-moi.

Je ne vous souhaite pas bonne chance, ce n'est pas de ça dont vous avez besoin.

Je vous souhaite plutôt : bonne démarche thérapeutique comme client.

Jean Rochette, Psychologue