Réponse à: DOUCE (diagnostic psychiatrique vs psychologique)
Surnom: DOUCE
Pays: Canada
Âge: 31
Sexe: féminin
Bonjour, je m'appelle Douce. J'aimerais savoir pourquoi ne reconnaît-on pas le syndrome de post-traumatique dû à l'abus sexuel alors qu'il est reconnu par des tas de psychologues voir même psycothérapeutes et travailleurs sociaux ? Pourquoi parle-t-on de dépressions unipolaire, bipolaire,mixte ou personnalité multiple ou schizophrénie ou dépression chronique etc. Pourquoi ne nous explique-t-on pas le traumatisme de l'abus sexuel ou de l'inceste avant toute autre chose alors que c'est évident pour toute victime, c'est le terme exact qui nous qualifie le mieux. Est-ce pour minimiser ou ne pas reconnaître une fois de plus les dommages subis aux victimes d'actes criminels ????
Merci. J'ai hâte de recevoir votre opinion là-dessus.
Bonjour Douce (diagnostic),
Vous semblez être convaincue «qu'on ne reconnaît pas» le syndrome de (stress) post-traumatique occasionné par l'abus sexuel . mais pourtant on le reconnaît bel et bien. Mais qui désignez-vous par «on» ?
Les psychologues, les psychiatres, les psychothérapeutes divers et les travailleurs sociaux le reconnaissent. Les institutions également.
Mais je crois deviner le sens de votre question : ce diagnostic peut être contesté ! Dans quels cas et par qui ? Dans certains cas, particulièrement lorsqu'un personne a été victime de sévices sexuels durant son enfance et qu'un diagnostic de S.S.P.T. ait été posé à l'âge adulte par des professionnels qui appliquent le D.S.M. (manuel diagnostique) d'une manière stricte et rigide, on assiste à une divergence d'opinion.
Pourquoi cette divergence ? Pour deux raisons. Le système de classification du D.S.M. classe les pathologies de façon descriptive. Ceci veut dire qu'une personne sera reconnue comme présentant une pathologie spécifique si elle présente les symptômes qui font partie des critères diagnostiques; et ceci veut aussi dire que les diagnostics sont posés indépendamment de la cause qui a provoqué les symptômes. En effet, la cause est parfois repérable mais parfois elle ne l'est pas.
Cette approche descriptive est commode pour poser le diagnostic, mais elle présente l'inconvénient de ne comporter aucun élément de causalité. En d'autres mots, on sait qu'une personne souffre du S.S.P.T. mais on ne sait pas toujours pourquoi.
Dès lors, certains professionnels faisant une interprétation large du D.S.M. posent ce diagnostic en raisonnant de la manière suivante : cette personne a effectivement été traumatisée dans le passé par une situation d'abus. Donc, c'est oui.
D'autres professionnels raisonnent de la manière suivante : les symptômes présents sont des séquelles de l'état de stress post-traumatique qui a eu lieu il y a longtemps. Donc, c'est non.
Les deux raisonnements se justifient. Dans le dernier cas, les experts disent que les symptômes n'apparaissent pas de façon spontanée; ils s'inscrivent dans le contexte de la personnalité de l'individu, personnalité qui comprend des capacités d'adaptation élevées, moyennes, ou faibles. Et lorsque la personnalité n'est pas encore pleinement formée (lorsque les abus surviennent durant la jeunesse), le traumatisme et l'état de stress post-traumatique qui en découlent ont nécessairement un impact sur le développement ultérieur de la personnalité. Cette dernière se cristallise alors avec certaines faiblesses ou des carences diverses. Ces dernières sont alors perçues à juste titre comme une pathologie actuelle, par exemple, un trouble de la personnalité.
Et ce trouble présente des manifestations polymorphes (variables d'un individu à l'autre et variables chez le même individu) : anxiété, dépression, instabilité, dysfonctions sexuelles, peurs diverses, troubles du comportement alimentaire, difficultés dans les relations interpersonnelles, etc.
Si le professionnel de la santé applique le D.S.M. de manière stricte à ces manifestations cliniques, il pourra à juste titre conclure à un trouble de personnalité (axe II) et/ou à d'autres pathologies : une maladie bipolaire, une personnalité multiple, un trouble anxieux généralisé, une schizophrénie, etc.
Soyez sûre que personne ne cherche à minimiser les dommages qu'ont subis les victimes d'actes criminels. Il reste que, pour obtenir un consensus diagnostique, il est de loin préférable qu'il soit posé sans délai après les événements.
Bonne chance, Douce !
Georges-Henri Arenstein, Psychologue