Réponse à: COLLECTIF (plusieurs visiteurs)
Surnom: COLLECTIF
Pays: Canada
Sexe: masculin
1. Je voudrais connaître les facteurs qui amènent certaines personnes à devenir pédophiles. Peut-on distinguer les vrais pédophiles qui souffrent de leur état des autres personnes qui exploitent la pédophilie à des fins commerciales et de corruption de pouvoirs ? Y a-t-il un remède à cela ?
2. Compte tenu du peu de résultats actuels dans le traitement de la pédophilie, n'agissons-nous pas avec inconscience en permettant que des maisons de transitions accueillant des pédophiles en réinsertion de la société soient érigées et maintenues aux abords d'écoles primaires et secondaires ?
3. Comment la société peut-elle neutraliser un pédophile, reconnu et condamné comme tel, qui quitte le pénitencier après purgé sa peine, sans comprendre la poréte de ses actes ni pourquoi il a été puni. Le système ne pouvant le maintenir incarcéré car ayant purgé la totalité de sa peine, il est raisonnable de penser que victime il y aura avant qu'il ne soit à nouveau retiré de la société.
Que pourrait-on faire de plus pour empêcher les pédophiles reconnus ou potentiels qui surveillent les enfants au sortir des écoles de faire une autre victime ?
Bonjour à vous trois,
1. Comment devient-on pédophile ? Cette question n'est pas facile à répondre. Plusieurs théories tentent d'expliquer le phénomène : les théories biologiques, les théories psychanalytiques, les théories béhaviorales, et les théories sociales. Pas facile de s'y retrouver.
Certains facteurs environnementaux «aident» les personnes à devenir pédophiles : être témoin à un jeune âge de comportements pédophiles, avoir été victime à répétition d'un pédophile, etc. Mais si ces facteurs y contribuent parfois, ils ne sauraient en aucun cas être considérés comme la seule cause du phénomène. Disons modestement qu'on ne peut pas répondre avec certitude à cette question et que les théories explicatives du phénomène, pour valables qu'elles soient, ne répondent pas de façon absolue ou définitive à la question.
Vous parlez des « vrais » pédophiles qui souffrent de leur état et des autres qui exploitent la pédophilie à des fins commerciales. Cette distinction n'a pas de raison d'être. Certains pédophiles souffrent de leur état et d'autres non. Certains pédophiles agissent en solitaires et d'autres appartiennent à un réseau dont le chef est un « brasseur d'affaires » (vente de cassettes vidéos, etc.).
Y a-t-il un remède ? Il y a plusieurs formes de traitement et l'espace manque ici pour les énumérer. Certains de ces traitements sont appliqués dans les pénitenciers fédéraux, d'autres en bureau privé. La réussite du traitement dépend d'un certain nombre de facteurs (typologie du pédophile, assiduité au traitement, soutien de l'environnement, etc.).
2. Les traitements de la pédophilie sont variés et multiples. C'est dans les pénitenciers fédéraux que les thérapies sont les plus efficaces (taux de récidive faible).
Les maisons de transition accueillant des pédophiles seraient érigées et maintenues aux abords des écoles ? Je pense que c'est le fruit du hasard. Personne ne fait exprès de construire une maison de transition à côté d'une école.
3. Qui décide si le pédophile a compris la portée de les actes ? Personne. Après avoir purgé sa peine, il est libre, en effet.
Est-il raisonnable de penser que d'autres victimes il y aura ? Ce n'est pas sûr. Les pédophiles qui sortent de prison n'ont pas hâte d'y retourner. Par ailleurs, il existe des ressources communautaires, groupes d'entraide, où ils peuvent s'adresser pour obtenir de l'aide. Ceux qui refusent toute forme d'aide et qui s'apprêtent à récidiver demeurent, vous avez raison, un danger pour la société.
Que faire pour empêcher les pédophiles de faire d'autres victimes ? Les délinquants sexuels constituent une population hétérogène ayant des profils et des besoins très variés. Certaines stratégies de prévention de la récidive existent bel et bien.
Le modèle bio-psycho-social est une approche de groupe à caractère cognitif et éducatif; il puise sa source dans les théories de l'apprentissage social et dans les études sur la guérison de la toxicomanie. L'espace manque ici pour décrire cette approche thérapeutique mais elle est mise en pratique dans plusieurs villes du Québec.
Bien entendu, on parle de travail psychologique avec des pédophiles volontaires pour le traitement. Les autres sont libres d'aller où il leur plaît. Il ne reste alors que la prévention (voir les groupes Espace dans les écoles) utile en tout temps, bien entendu.
Georges-Henri Arenstein, Psychologue