Réponse à: ANDROMÈDE (frère homosexuel)

Surnom: ANDROMÈDE
Pays: Canada
Âge: 35
Sexe: féminin

Ma famille vit présentement un grand bouleversement mon frere de 26 ans vient de nous annoncer qu'il est homosexuel. Nous sommes une famille unie avec le pere et la mere ensemblent nous n'avons jamais eu a affronter ce genre de probleme avant avec un proche de notre famille. Personnellement je suis capable d'accepter les homosexuel le probleme c'est qu'il s'agit de mon frere et la ,la perspective prend une toute autre allure. Dans les années passés il avait des copines a l'occassion et rien ne laissait supposser cela ;lui même semble dire que tant que tu l'a pas essayé tu le sait pas... j'ai beaucoup de mal a accepter une telle affirmation on n'essait pas tous Ça il me semble ?? Les questions que l'on se posent sont multiples et celles qui reviennent le plus souvent c'est qu'on se demande si cette tendance chez un individu est due en partie a son milieu et de quelle facon; si c'est irréversible?? si c'est génétique et alors s'il y a une part d'hérédité possible etc...Moi j'ai 5 jeunes enfants dont un garcon je ne sait pas comment et quand je devrait leur annoncer cela et comment je vais leur expliquer ca sans que ca sussite chez eux une part de questionnement personnel eventuellement . Ce qui m'attriste le plus dans tout ca c'est que mon frere je l'adorait(c'était mon frere préféré celui avec qui il était le plus facile d'aborder n'importe quel sujet quand il était jeune j'étais un peu comme sa deuxième mère) et il était pour moi un modele d'homme que j'étais fier de vanter a tout le monde il avait tant de qualités et beau gars en plus (il ressemble un peu a Brandon dans l'émission Beverly Hill) je l'imaginais facilement pere de famille et j'avais hâte a ce jour. Ma mere est completement retournée elle se demande sans arrêt ce quelle peut faire et c'est a mot couvert que la nouvelle circule même entre frere et soeur. C'est ma soeur qui ma annoncé ce fait et je n'ai pas parle a mon frere depuis ; en fait ca m'énerve tellement que j'ai même pensé changer mon numéro de téléphone pour être sur qu'il ne me parle pas prochainement. Je suis divisée entre le désir de lui faire connaître ma réelle opinion et celle de faire comme si de rien n'était ce qui équivaut a me mentir a moi même. Lui il semble heureux et maître de la situation il demeure encore chez mes parents et c'est le parrain d'une de mes petites fille... je n'ose plus appeller ma mère non plus car elle ne sait pas que je le sait et je ne veux pas tomber sur mon frere au téléphone. Bref, apres quelques nuits d'insomnies je rumine le vécu de mon frere a la recherche de ce qui a bien pu faire que ca tourne ainsi. Mon pere est persuadé qu'il a eu affaire a un maître chanteur et menace de couper le coup au suspect ami...(soyez sans crainte mon pere ne ferait jamais ca pour vrai) On a beau se dire que c'est toujours notre frère et que c'est tant mieux s'il est heureux comme ca on ne peut pas s'empêcher de vivre une forme de deuil fort pénible je l'avoue.

Vos commentaires seraient appréciés

"Le frère que vous adoriez était pour vous un modèle d'homme que vous étiez fier de vanter; il avait tant de qualités; vous l'imaginiez père de famille".

Vous parlez à l'imparfait de votre frère . comme s'il était mort ! Sans doute que la vieille image que vous aviez de lui est morte, en effet.

Je peux facilement sentir votre bouleversement et celui de votre famille. L'acceptation de la différence n'est pas une chose évidente.

Lorsque votre frère affirme "Tant que tu n'as pas essayé tu le sais pas", il a raison au sens strict. Tant que nous n'avons pas essayé un fruit ou un mets, nous ne pouvons pas savoir ce qu'il goûte. Mais cette phrase ne devrait pas être interprétée comme une invitation à essayer à votre tour. Il énonce une vérité générale; lui a essayé et lui il a aimé. Voilà.

Est-ce que l'homosexualité est due au milieu (à l'environnement) ou est-ce héréditaire ? Personne ne le sait avec certitude. Ce débat est historique et continue de faire rage. À mon avis, ce n'est pas la réponse à cette question qui contribuera au bonheur de votre frère ni à votre apaisement. C'est une controverse théorique qui ne devrait pas avoir d'impact sur la vie quotidienne des homosexuels et leur famille (si la cause est environnementale, les parents auront tendance à se sentir coupable d'avoir mal agi et si la cause est génétique, les parents se sentiront encore coupables d'avoir transmis les mauvais gènes; rien pour aider).

Vous avez cinq enfants et vous ne savez pas comment ni quand leur annoncer cela. Selon moi, il serait sage d'attendre leurs questions le jour où il y en aura. Ils sont très jeunes encore et il n'est pas nécessaire de les informer de cela tout de suite. Quant au comment le mieux est d'expliquer de façon accessible pour eux et en mots simples. Il serait préférable que vous vous mettiez en paix avec vos émotions avant de leur en parler car ils seraient davantage perturbés par votre bouleversement à vous que par l'homosexualité de leur oncle.

Vous craignez que cela suscite chez eux un questionnement personnel. Cela risque en effet d'arriver. Et ce questionnement sur l'orientation sexuelle arrive de toutes façons chez presque tous les enfants. À vous et à votre mari de répondre à leurs questions et de les rassurer.

Méfiez-vous de l'information qui circule à mots couverts entre frères et s urs, méfiez-vous des non-dits et "du faire comme si de rien n'était". Ce sont des poisons relationnels ! Pourquoi ne pas ouvrir sur votre trouble avec la famille ? Vous êtes tellement bouleversée que vous ne savez pas quoi dire . Cela, déjà, peut se dire . puisque c'est la vérité!

Votre frère semble heureux et maître de la situation. Bravo pour lui : il assume sa différence !

Vous terminez votre lettre par un commentaire très exact : il y a un deuil à vivre et les deuils sont toujours très pénibles. C'est le deuil de vos attentes et de vos projections à son sujet. La réalité est autre que ce que vous aviez imaginé et l'ajustement demande un certain effort d'ouverture. Effort que vous avez déjà commencé à faire, Andromède.

Bonne chance !

Georges-Henri Arenstein, Psychologue