Les dirigeants de l'American Psychological Association ont collaboré avec les responsables du Pentagone et de la CIA pour affaiblir les directives éthiques de l'association et permettent ainsi aux psychologues de prendre part à la torture après les attentats du 11 septembre 2001, selon un nouveau rapport de l'enquêteur indépendant David Hoffman.
Le bureau d'éthique de l'association « priorisait la protection des psychologues qui pouvaient avoir un comportement contraire à l'éthique au détriment de la protection du public », estime le rapport.
Deux anciens présidents de l'association étaient notamment sur un comité consultatif de la CIA, révèle le rapport. Le directeur de l'éthique de l'association, Stephen Behnke, a coordonné les déclarations politiques publiques de l'association sur les interrogatoires avec un psychologue militaire, puis a obtenu un contrat du Pentagone pour aider à former les interrogateurs alors qu'il travaillait à l'association. Le rapport décrit différents moyens mis en œuvre par Behnke pour supprimer la dissidence au sein de l'organisation (dont son implication dans des irrégularités d'un scrutin), rapporte le psychologue John M. Grohol, fondateur du site PsychCentral.
Après que le rapport ait été rendu public vendredi par le New York Times, l'APA a publié des excuses.
« Après avoir menti pendant des années à ses membres, au public et aux autres professionnels », l'APA « se trouve dans la position inconfortable d'être une organisation professionnelle qui n'a plus de jambe morale ou éthique pour se tenir debout », juge Grohol.
«Non seulement des membres individuels de l'APA ont-ils menti et couvert leur forte implication dans la torture post 9/11 menée par la CIA, mais (...) l'ensemble de la structure organisationnelle de l'APA était de connivence pour maintenir ces mensonges. »
« Et pas seulement il y a une décennie ou plus. Non, les mensonges et les justifications pour les mensonges ont continué jusqu'à l'année dernière », lors de la parution d'un livre (Risen, 2014) très critique de la position de l'APA sur la torture.
La participation des psychologues dans les programmes d'interrogatoires a été une source de discorde au sein de la profession depuis des années.
En 2006, des membres de l'APA et d'autres organisations s'opposaient à l'APA pour avoir émis à l'été 2005 une politique permettant aux psychologues d'aider aux interrogatoires militaires.
En 2007, la coalition « Psychologists for an Ethical APA » organisait un rassemblement en marge du congrès annuel de l'APA pour protester contre la politique officielle de l'organisation permettant aux psychologues de participer à ces interrogatoires.
En 2008, l'élection pour la présidence de l'association était largement considérée comme un référendum sur la question.
Psychomédia avec sources : New York Times, PsychCentral.
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