Au téléphone, soudain et de façon inattendue, sa voix. Je n'ai pas eu une seconde d'hésitation. Malgré moi j'ai tout fait pour le retenir. Et bien sûr j'ai pleuré.
Il voulait juste me rapporter mes choses.
Il a dit qu'il avait tourné un moment devant chez moi avant d'oser téléphoner. Il a dit qu'il aurait aimé garder mes choses - en particulier l'un des cahiers que j'ai écrits sur nous - parce que ça venait de moi; mais qu'il ne pouvait pas prendre cette décision-là.
Il a dit aussi les choses absurdes qu'on dit dans les films ou les livres; qu'il ne se sentait pas prêt à vivre vraiment quelque relation que ce soit.
Au fond je ne parviens pas encore à apprivoiser le sentiment d'horreur lié à sa perte. Qu'il ne soit juste plus là c'est inconcevable.
Et qu'il m'ait retiré son amour c'est inconcevable.
Je me tiens là, debout devant la fenêtre ouverte, et je ne parviens pas à faire cesser mes larmes. Je suis immobile et ce que je ressens est insoutenable. Je ne veux pas m'appitoyer sur moi, je veux comprendre. Je me demande d'où vient le mal, de quel endroit. En fait je n'ai pas vraiment mal. Ça vient de ma tête. C'est comme si un étau comprimait tout.
Alors je cherche pourquoi. Qu'est-ce qui me met dans cet état-là ? C'est moi qui ai décidé de tout cesser avec lui et je n'ai jamais regretté ma décision. Et je ne souhaite pas aujourd'hui replonger dans ce que j'ai quitté. Pourquoi est-ce si insupportable ?
Bon voilà ! C'est qu'aujourd'hui je l'ai bel et bien perdu. Alors que je tiens encore tant à lui !
J'essaie de retenir mes pensées, de faire le vide. Et malgré tout ça fait encore mal. Je laisse couler mes larmes sans violence, sans révolte, sans faire un geste. Je me concentre sur ce qui se passe dans ma tête pour tenter de l'arrêter. Ça ne marche pas.
C'est fou. Quand il m'aimait je me sentais belle et brillante.
Oh Dieu aidez moi !
Y aura-t-il à nouveau du beau temps après cet orage-là ? Je ne l'imagine même pas.
J'ai envie d'un verre. Depuis tout à l'heure je résiste. Mais je souffre sans anesthésie. C'est à froid que mon coeur est charcuté.
Je croyais...
Il disait...