Rebonjour cher lecteur,
le sujet de mon discours n'a pas changé. Je reviens à la charge avec mes deux amours dont je fais l'autopsie. J'ai consacré 30 minutes à chacun, pour voir, pour saisir ce qui sortait spontanément. C'est l'amour dans ses beaux draps. De la soie ou de la dentelle, laquelle est la plus belle étoffe ? Je te laisse juger... Moi, je ne semble pas très douée pour en choisir une seule.
J'ai besoin de toi pour voir dans mes mots, ce que je ne vois pas ou plus... Je t'offre mon âme, dépouillée de toutes réserves. Le pourquoi de mon amour lorsque je pense à chacun des deux hommes... Vois-tu, parmi eux, l'expression d'un amour unique, fort ? Vois-tu en l'autre la possiblité d'une amitié tendre ? Si oui, qu'est-ce que l'amitié autorise ? Peut-on caresser les cheveux de son ami ? Se blottir contre lui ? Ne pas sombrer dans la génitalité ?
Voici donc le résultat de l'autopsie faite sur AUTRE et sur PROF ( se référer au témoignage 426 ).
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Autopsie d'un amour, de AUTRE
Je t'aime parce que tout ce que tu touches, moi comprise, est empreint de tendresse. Tu arraches des sourires là où il n'y a que désespoir, tu te fais refuge dans la tempête. J'aime l'enfant que l'homme abrite, porte et expose de temps à autre. Un gamin qui aurait envie de sauter au cou de la vie, mais qui retient son élan. Ta timidité rend ta main délicate, tu saurais apprivoiser les fleurs sauvages, tout ce qui grandit ou a envie de le faire à ton contact. J'aime la façon dont tu t'abandonnes à l'amour comme à la tristesse. Je t'ai vu trembler au vent d'une caresse et dériver sur les flots de la peine, avec la même fragilité. Et que dire de ta manière de capturer les petits bonheurs dans le pot des jours ? Sinon que tu les traites avec le même égard, avec la même gratitude que s'ils étaient événements. J'aime voir tes mains, extensions de ton âme, s'offrir aux tiens avec une générosité non calculée, te voir bercer tes enfants du regard et les chatouiller de ta bonne humeur. J'aime tes yeux inquisiteurs qui cherchent la beauté en tout, ta façon de t'approprier des mots ou des sons en fermant les paupières. J'aime tes paroles, parfois malhabiles, qui font des détours pour ne pas blesser. Et celles plus directes qui secouent. J'aime l'assurance dont tu fais montre. Une assurance dénudée de prétention, qui puise sa force dans une vie intérieure qui se questionne et se renouvelle, ainsi que ta capacité d'accueillir le silence peu importe ce qu'il contient, malaise ou trop plein. J'aime ta franchise qui se dresse contre la peur de déplaire, ta disponibilité et le soin que tu apportes à tout ce que tes mains touchent ou effleurent. J'aime aussi cet espace blanc qui ne demande qu'à être rempli, qui laisse la place à la découverte.
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Autopsie d'un époux, PROF
J'aime cette légèreté que tu donnes à ma vie, ce pouvoir d'alléger ce qui est trop lourd et d'ensoleiller ce qui est obscurcit par mon esprit souvent grave. Nos cinq années de vie commune ont jusqu'à présent été aussi faciles à vivre qu'il l'est pour l'oiseau de se servir de ses ailes. Notre ciel a été peuplé d'imprévus qui me seraient apparus comme autant de raison de renoncer à l'azur si tu n'avais pas été à mes côtés. J'y aurais vu des orages terrifiants, là où il n'y avait que pluie et les ailes rabattues je serais demeurée au sol, convaincue que les éléments se ligueraient contre mon rêve bleu. J'‘ai donc tiré de ta présence, la force d'être. Une force puisée à même ta confiance en toi, celle qui te pousse vers les nuages sachant qu'ils peuvent cacher le soleil. Seule devant les nuages, j'aurais fuit. Je me permets d'être explicite, de citer des exemples concrets où sans toi j'aurais abandonner. Si tu n'avais pas cru plus que moi en moi-même, je n'aurais jamais mis l'ombre d'un pied à l'université. J'aurais aussi et à maintes reprises, renoncer à la vie lorsque ma santé déclinait au point où mes vues, même à très courts termes, étaient aveugles et sans espoir, presque sans appel oserais-je dire. Si je suis plus douée que toi pour capturer l'instant présent et sa magie, toi tu l'es davantage pour le prolonger. Car si c'est l'omniprésence de la mort dans ma vie qui me fait voir ces petits riens que beaucoup ignorent, toi c'est la confiance en la vie et en sa longitude qui te fait apprécier les bonheurs qui mettent du temps à se construire. Ainsi, avec les années, tu t'es forgé une routine qui te rend confortable en ajoutant au fil des ans un petit bonheur découvert, assez signifiant pour que tu veules l'intégrer quotidiennement et toute ta vie durant. Tu as le même rapport aux gens. Ceux que tu choisis le seront à long terme et bénéficieront des mêmes égards qu'aux premiers jours. Moi, parce que je crois que demain est toujours hypothétique, je cherche la vie dans ce qu'il y a de court, dans la minute, dans l'instant, dans le jour. Cette distinction est importante, voir primordiale. Comme le vin qui tire sa qualité de son vieillissement, il est difficile de saisir ta beauté sur le court terme, sur l'instant. C'est la pérennité de tes gestes qui te confère une valeur inestimable. Le soutien que tu m'apportes, peu importe sa nature, n'est pas l'édifice d'un jour mais de tous les jours. Il en est de même pour le respect que tu fais montre devant mes positions pas toujours faciles à admettre ou même à comprendre, je l'ai toujours senti présent. De même, l'infini patience et tendresse que tu t'appliques à renouveler envers ton fils et ta fille font en sorte que tu donnes au mot père des lettres de noblesse en plus d'y accoler d'autres mots tout aussi importants : stabilité et fidélité. 30 minutes c'est bien peu. Je n'ai même pas abordé tes talents musicaux, ta grande intelligence, ton sens des responsabilités et ton humour qui contribuent aussi à cette légèreté que j'évoquais en premier lieux. Bref, beaucoup de potentiel en une seule personne. Beaucoup à dire et à aimer.
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Voilà, merci de ton éclairage,
C'est à coup de lumière que la brume se dissipe...
Libellule xxxx