Précieux lecteur,
ce message se veut être une prière autant qu'une confidence. Je n'ai jamais eu aussi mal de toute ma vie. Je me sens souffrante, coincée entre la chair et l'os de mes sentiments. C'est toute ma vie qui se joue et me déjoue. Jamais je n'aurais cru pouvoir tomber dans ce piège, ce tourbillon, cette haleine qui me souffle et m'ennivre à la fois. Par où commencer ? Il est question d'amour. D'amour impossible probablement. Je me sens vaincue devant moi-même. Et toute petite, si petite qu'on pourrait m'écraser comme une fourmi sous la semelle des jours qui passent et m'angoissent.
Je vais essayer d'être claire. De récapituler ce dont je suis certaine. On remonte dans le temps...C'est parti.
J'ai 15 ans, je ne suis pas encore une femme, mais assurément plus une enfant. Je joue à des jeux de grands. Des jeux d'amour. Je sens un orage d'amour en moi qui doit se déverser, qui recherche un ciel pour exploser avec intensité. Car il y a ce détail si important, je suis une fille intense, vivante, qui carbure à l'amour et à la tendresse. J'ai donc 15 ans quand je rencontre monsieur X. Un garçon qui est de 11 ans mon aîné. Les gars de mon âge ne m'intéressent pas du tout. Ils m'ennuient. Avec monsieur X, je fais une véritable cure d'affection qui va durer 4 ans et demi. Or, les projets et les discussions sont vides. J'ai besoin de quelqu'un qui se questionne, qui se renouvelle, qui est capable de regarder une fleur avec des yeux d'enfants. Quelqu'un d'intelligent, de curieux aussi. Monsieur X est intelligent, mais son monde est limité. Limité par des trips de petits garçons, par des rêves qui lui sont assurément innaccessibles: faire un studio de cinéma sans le sou, acheter une maison luxueuse( pas un chalet, non !) alors qu'il est criblé de dettes...Bref, il répond seulement à mon besoin immense d'affection, il ne veut pas d'enfants.. J'ai 20 ans. Ca fait pratiquement 5 ans que je partage ma vie avec monsieur X. Je suis presqu'une femme, mais pas encore. Non, pas encore. Je sais que monsieur X ne me satisfait pas. Je sais, mais j'ai peur de le laisser, de le blesser. Faire souffrir les autres est une hantise, une entaille profonde à mon bonheur même s'il est légitime. Je suis étudiante au collège. Un professeur attire mon attention. Il m'impressionne. Pas physiquement d'abord. Mais ses qualités professionnelles et intellectuelles, son aisance, son sourire m'attirent. J'aime et je recherche sa compagnie à l'extérieur des cours. Un jour, après une énième déception avec X , je brise le lien qui me lie à lui. Je décide d'être célibataire 1 an. Mon célibat aura duré une semaine. Monsieur prof, entre dans ma vie comme une tornade. Nous vivons alors une véritable passion. Pleine de folie et de grandes émotions. Nous sommes en fusion totale, autant physiquement que cérébralement. On oublie de manger, on se couche à des heures impossibles, on est sur une autre planète. C'est fou et bon. On se sent vivants. C'est sous l'effet de cette passion que je me suis mariée avec lui. On vivait ensemble depuis 6 mois et étions en couple depuis 6 mois et demi lors du mariage. Après le mariage, quelques semaines après, je suis tombée enceinte. Ce bébé était voulu, mais jamais je , nous pensions être aussi fertiles. La grossesse a été des plus pénible. De plus, on vivait dans une maison qu'on détestait ( achetée sur un coup de coeur sans égard au quartier ). On vivait littéralement dans le traffic, dans le bruit continuel des camions, motos et autos SANS ARRÊT. La passion est tombée. Et là. On a vu nos différences. On a vu nos personnalités différente. Monsieur prof est bien seul, pas sauvage, mais il aime la solitude. Moi je recherche la compagnie. Prof peut se passer d'affection, n'en donne pas spontanément ou naturellement( préfère faire l'amour ), histoire familiale glaciale. Moi j'en ai besoin comme j'ai besoin d'air. Prof voulait des enfants. Moi aussi, plus que tout au monde. Mais la charge s'est avérée plus lourde pour lui que pour moi. Moi, c'est toute ma vie les enfants ou presque... Prof se passionne pour l'actualité, le monde du travail, moi pour la poésie, la littérature, la lecture philosophique de la vie. Prof a de la difficulté à apprécier ou voir les petits bonheurs du jour, moi je les dévore et en suis reconnaissante. Il est calme et moi je suis un tourbillon. On se rejoint néanmoins dans nos valeurs: le respect, la communication, la vie familiale, la vie intellectuelle. En somme, j'ai marié un homme qui m'impressionne, pour qui j'ai une grande admiration, un homme que j'aurais voulu être. Il m'aime à sa façon et moi aussi, notre quotidien est confortable et ne me rend pas malheureuse, même heureuse. Il est pas très démonstratif physiquement mais me démontre son amour par de petites ou grandes attentions: un café chaud le matin, un montant d'argent de poche pour que je n'ai pas à lui en demander( Je suis aux études et j'ai des enfants ) etc. Il est présent pour ses enfants et disponible pour moi. Bref, je ne peux pas dire que je suis malheureuse. Mais, l'affection me manque, la poésie aussi, je recherche malgré moi quelqu'un qui me ressemble. Je parle souvent à Prof de mon besoin d'affection, de proximité. Quand on en parle, il fait des efforts, des gros, mais chasser le naturel et... Alors la vie reprend son cours. Elle fait de nous des amis, des complices, des parents, mais des amoureux ? Fait-elle de nous des amoureux ? Je l'aime, c'est certain. C'est certain!!!!!!!!!
Mais voilà qu'apparait cet AUTRE... Cet autre qui me hante. Que j'aime la tête froide. Un ami de notre famille, récemment séparé, C'est une longue histoire... Impression que l'homme attendu arrive trop tard. Il est tout ce que j'ai toujours voulu. Un semblable, un vrai moi en mieux ( on est différent quand même un peu )! Un père aimant ( 4 enfants ). Un homme spirituel qui apprécie les petits bonheurs. Il est hyper tendre, délicat, affectueux. C'est un poète, un vrai. C'est le seul, à part mon père, qui comprend ce que j'écris. Il est différent à certains égards, c'est certain. Mais nos différences ne sont pas des choses capitales pour moi, comme le besoin d'affection ou de proximité. En somme, je l'aime parce qu'il me ressemble, parce qu'il fait une lecture merveilleuse de la vie, à un second degré comme mon père me l'a appris. Si tu as vu le film Patch Adams, je pourrais le comparer à lui. Un homme ordinaire, mais dont la philosophie et la conscience des autres est extraordinaire. J'ai essayé d'être son amie. On formait un trio d'amis. Prof, monsieur AUTRE et moi. Les similarités sont apparues avec violence, se sont imposées à nous. Alors je me suis avouée amoureuse des deux hommes. J'avais une logique implaccable pour ne pas glisser. Le sentiment était le même pour les deux ( amour ) mais les rôles étaient différents( ami, mari ). Nous vivions bien avec cette logique. Mais voilà que le désir de se retrouver ensemble ( moi et autre ) se fait plus fréquent et nous pousse à nous avouer que les rôles sont en danger, que l'amour est fort. Je n'ai aucune ( ou si peu ) attirance sexuelle envers AUTRE. C'est pas ça qui m'attire, MÊME PAS DU TOUT. Ca pourrait néanmoins en venir à ça... Je suis femme et lui homme. Mais j'ai pas peur de tromper mon mari physiquement. Pantoutte ! Cependant, j'ai envie d'affection, de tendresse avec AUTRE, de soutennir son regard plein de lumière, d'écrire et de se lire.
Lecteur, je me sens mourir. Je trouve que c'est inhumain de faire un choix, de l'imposer à ceux que j'aime. J'ai voulu aimer tout le monde et maintenant je les fais tous pleurer. Je me sens dégueulasse, même si je n'ai pas voulu cette situation. En passant, Prof alias mari est au courant. Ma mère aussi. Le pire, c'est que je sais que mon amour pour AUTRE est puissant et réciproque. Mais je me répète que je n'ai pas le droit. J'ai deux enfants que j'adore, un mari que j'aime malgré tout, malgré nos différences. Je suis peut-être dure avec moi-même mais j'en viens à penser que je mérite de mourir. Je ne suis pas heureuse de la situation. Cependant, je ne veux rien précipiter, rien promettre avant d'avoir eu un éclairage objectif. Ca fait 10 ans que je suis en couple ( chum et mari ). J'ai 25 ans et j'ai changé. Est-ce que j'ai le droit de m'intéresser plus à un semblable maintenant ? Est-ce que l'amour est suffisant en soit ? Je suis perdue. J'aimerais mieux disparaître que de blesser ces hommes, mes enfants ou ma mère. Crois-tu qu'il serait mieux d'etre seule ? J'ai 25 ans et j'ai l'impression d'en avoir 100. J'ai toujours mis l'amour au centre de ma vie. Mon idéal se retourne contre moi...Je sais que Autre ou Prof veut que je fasse un choix. Je sais que AUTRE va disparaître à jamais s'il n'est pas choisi, par respect pour PROF.
J'en suis là. C'est ma détresse. Ma vérité.
STP, éclaire-moi si tu peux.
MERCI DE TOUT COEUR
libellule