Je voulais vous faire part du grand réconfort psychologique que je peux trouver sur ce forum concernant cette maladie.
En effet, pendant des années je me suis sentie extrèmement seule, différente, anormale... C'était trés dur, je ne me donnais pas le droit d'être heureuse et de gagner. Je m'aperçois, que cette souffrance qui me touche depuis de longues années m'a apporté aussi beaucoup d'humanité et de compréhension envers les autres. J'ai compris aussi que cela n'avait rien à voir avec l'intelligence et les capacités humaines.
Je tiens à vous apporter mon témoignage au jour d'aujourd'hui, afin de me positionner par rapport à cette maladie. Cette vision sur moi-même pourra surement évoluer, comme la maladie a évolué avec moi...
Tout d'abord, JE NE SUIS PAS ce que je fais, je ne m'en sens pas victime, je vis avec et j'attends que ça passe, avec patience et solicitude envers moi-même. Cette manie est un symptome, une façon de s'exprimer.
Avec l'expérience je peux dire que je m'aime, maintenant, je SAIS que j'ai de la valeur, je sais que j'ai beaucoup appris sur moi-même.
Je m'aime non pas pour ce que je fais, mais pour ce que je ressens et ce que je suis.
Je ne suis plus la pauvre victime que je pensais être avant. Je suis fragile, je suis forte aussi, je suis calme mais je suis aussi virulente et colérique. Je suis belle et laide parfois, je suis pleine d'amour mais aussi pleine de HAINE, etc... Je m'accepte tous les jours et j'essaye de m'entourer de personnes qui m'acceptent aussi.
D'ailleurs, je me demande si tout cela, comme l'automutilation (car s'en est!), n'est pas cette COLERE qu'on retourne contre soi-même pour ne pas effrayer les autres.
Je ne veux plus chercher la perfection, je veux pouvoir exprimer ce qui ne me plait pas dans une situation donnée, je veux pouvoir partir d'un endroit qui ne me plait pas.
Je ne veux pas être PRISONNIERE de mes émotions.
Les émotions sont le baromêtre, la colère rentrée est meurtrière, la honte est assassine, la peur du jugement des autres est paralysante...
J'ai longtemps souffert de mon comportement, je me suis retrouvée dans un abîme de sollitude et de douleur... Je voulais mourir. J'ai même bifurqué sur l'héroine (injections) car au moins, avec, j'avais une bonne raison de maigrir et de vomir (ça tape sur le foie, bonjour les ictères...ne jamais faire cela, jamais). (Là, voilà c'est laid hein? dégueulasse, hein?)
Du plus profond du trou de mes toilettes et de ceux des autres, je tirais la chasse sur la confiance en moi-mème, l'amour de moi, mon droit au bonheur, ma désespérance....
Aujourd'hui, 5 ans après, je retrouve petit à petit chaque jour le respect de moi-même et la volonté de me faire du bien.
Les symptomes sont là encore, je ne peux pas parler de boulimie ou d'anorexie maintenant. Je ne fais pas d'orgie, ni ne focalise sur la balance ou les calories. Mes vomissements subsistent à 2 ou 3 fois par jour. Je fais avec, j'accepte en attendant que cela s'estompe. Je sais que ça disparaitra, car plus je m'aimerai et ne concevrai ma vie que dans ce qui est bon pour moi, plus ces vomissements s'éloigneront.
Je voudrais rajouter, n'ayez pas peur de vos comportements, ce qui compte c'est ce qui se passe en vous et ce que vous osez exprimer et aussi ce que vous osez accepter de vous-même.
J'ai été longue et j'espère que vous m'avez lu, j'ai encore tellement de choses à dire... Et vous les plus jeunes, je vous sers avec un immense amour dans mes bras et vous dis merci d'exprimer ce que vous ressenter sur ce forum.
Sincèrement à vous toutes...
