Bonjour,
Voila mon histoire :
Il y a trois ans, j'ai repere une JF qui me plaisait et j'ai eu envie de lui
faire la cour patiemment (cad pas une drague bourrine comme il m'arrivait de le
faire en boite), avec la complicite de sa meilleure amie. Au bout d'un mois je
commencais a atteindre mon but, et puis j'ai rencontre une autre fille, et la ce
fut le coup de foudre, incroyablement fort, inattendu. Elle partait aux US pour
une longue duree a la fin du mois, et moi je draguais cette autre fille depuis
un mois, ca paraissait deplace comme histoire et pourtant c'etait tellement fort
que je me suis laisse emporter. Elle sortait d'une relation a distance de 5 ans
et ne voulait pas replonger dans une autre, elle a donc resiste, mais elle
m'aimait trop elle aussi. Et le cauchemar a commence. Car pour la premiere fois
de ma vie que j'aimais qqne qui m'aimait egalement, il fallait que ce soit a
10000km de distance. La frustration etait insupportable. Et a cote, il y avait cette
autre fille, qui s'etait laissee seduire et qui me plaisait encore, meme si ca n'avait
rien a voir dans mon coeur. Alors je suis sortie avec elle. Et c'a ete trois ans de
galeres, d'allers-retours entre les US ou j'ai essaye de m'installer mais que je ne
supportais pas, et la France, entre l'une que j'avais presque tous les jours au
telephone et l'autre avec qui nous baisions comme des furets. Moi qui au debut etait
sure de n'aimer que mon expatriee et de n'avoir que desir pour l'autre fille,
plus ca allait, moins je savais ou j'en etais : j'ai cru aimer l'une, l'autre, les
deux (mais ca aucune des deux n'en voulait...). Leurs reactions opposees ne m'aidaient
pas : celle qui etait avec moi etait tres combattive, jouait de tous ses charmes, ou
de la colere, bref toute la panoplie des armes des femmes pour me recuperer des que
je penchais vers l'autre, celle qui etait aux US refusait cela ; a force qu'elle me
dise "mais va avec elle", je finissais par me demander si elle m'aimait vraiment.
J'avais beau savoir que c'etait du a la pietre opinion qu'elle avait d'elle-meme,
cela me faisait bcp souffrir de ne pas revevoir d'elle ce genre de preuves d'amour.
J'avais l'impression de tout faire : c'est moi qui me rendais aux US pour aller la
voir (et la elle ne prenait pas un jour de vacances poru etre avec moi, ce qui me mettait
hors de moi), jusqu'a mon arrivee elle refusait d'y croire, refusait de croire que je
viendrais. Elle n'avait aucune confiance en mon amour. Je sais bien que la seule et
unique preuve qu'elle attendait etait ma fidelite, mais en meme temps elle me repetait
qu'elle ne pouvait pas me le demander, puisqu'elle etait loin et pour lgtps. Et moi
de mon cote j'avais l'impression de ne recevoir de son cote aucune preuve d'attachement :
si elle rentrait parfois en France, c'etait pour son travail ou pour voir sa famille,
et c'est moi qui devait lui demander si on se verrait. Au final lorsqu'elle est definitivement
rentree en France, on avait tellement souffert toutes les deux (elle avait fait une
depression, et moi je developpais tout un tas de phobies et de troubles : impossible de
controler mes emotions, impossible de controler mon corps) qu'il y avait une
barriere enorme entre nous. On a voulu essayer quand meme, mais il y avait par-dessus notre amour
une telle mefiance
(inconsciente) que chaque parole, chaque acte etait interprete de la pire facon et on
passait notre temps a s'engueuler. J'etais desesperee. Si je voulais quitter le champ de bataille pour
nous laisser le temps de nous calmer, je subissais un chantage a la rupture : "Si tu pars c'est
pour toujours". Alors je restais c'etait pas mieux bien sur parce que comment faire la moindre
activite quand une telle frustration bouillonne en vous ? MEme quand on ne s'engueulait pas il y
avait toujours quelque chose qui cafouillait, un message qui ne passait pas, un retard a un
rendez-vous ou une erreur, un geste mal interprete, et ca explosait hors de toute proportion. On
etait toutes les deux sur les nerfs presque en permanence, sauf a de rares moments qui se passaient
bien et faisaient que je tenais. Mais au bout de semaines de ce
regime et apres une crise plus forte que les autres, je suis retombee dans les bras de
l'autre fille, toujours fidele au poste pour me recuperer. J'avais beau savoir que ce que je
faisais etait debile, c'etait tellement apaisant d'etre avec qqn avec qui je pouvais partager
des activites ou des conversations sans que ca se finisse systematiquement en drame, en malentendu.
Je souffrais car j'etais enfin sure de mes sentiments, mais pour le coup je ne savais pas s'il
etait possible de les vivre : s'aimer suffit-il quand vivre ensemble est un tel enfer ?
Et puis finalement elle m'a larguee. Et ce n'est meme pas a cause de mes infidelite, me dit-elle
mais parce que je lui "bouffe son espace", je l'empeche d'etre elle-meme, et qu'elle doit se
proteger. J'ai du la harceler de
questions pour comprendre ce qu'elle entendait par la. Et je m'interroge : est-ce qu'elle se voile
la face, me fout tout sur le dos pour eviter de se regarder telle qu'elle est, ou est-ce que c'est
moi qui ne voit pas ce que j'ai pu lui faire ? Je vois bien les degats que j'ai causes avec mon
infidelite, mais ce n'est a priori pas le propos. Elle avait quand je l'ai rencontree plein de
blocages, sexuels et comportementaux. Elle les a toujours. Elle m'admirait pour mon assurance, ma
foi dans la vie, elle qui etait plutot du genre melancolique, depressif. Et moi je l'admirais
pour cette force qu'elle avait en elle et qu'elle ne soupconnait meme pas. Je l'ai vue a l'oeuvre
cette force, mais elle ne le voyait pas. Et toute a mon amour je ne voyasi pas ses blocages ou j'etais
pleine de patience lorsqu'ils se manifestaient. Je connais mes propres faiblesses, mes phobies, je
trouvais normal qu'elle en ait aussi. Pas de concurrence entre
nous dans mon esprit, juste une complementarite qui me ravissait. Je nous voyais nosu soutenir
l'une l'autre, chacune aidant l'autre a surmonter ses difficultes, a affiner ses qualites, a mettre
dans cet echange tout cet amour qui l'entretiendrait. Sauf qu'apparemment, comme
elle ne voyait pas ses propres qualites mais
uniquement ses defauts, qu'elle minimisait tous ses progres, tous ses actes positifs, tout ce qui
dans son histoire et son present faisait d'elle un etre exceptionnellement riche,
et qu'elle voyait et enviait mes qualites, s'est instaure entre nous une concurrence dont je n'ai meme
pas eu conscience, dont je n'ai pris conscience que lorsqu'elle m'a larguee et que je me suis
sentie a nouveau libre de faire des choses dont je n'avais meme pas remarque que j'avais arrete de
les faire : danser, jouer de la musique,... Mais ca ce n'etait encore rien. Dans les simples actes
de la vie de tous les jours : se faire des amis, regler un conflit entre amis, choisir une destination
de vacances, faire l'amour, faire la cuisine, choisir des vetements, la concurrence etait la : si je
faisais qqch bien, ou si je faisais une suggestion sensee, elle se sentait attaquee parce que ca
lui envoyait a la figure sa propre incapacite. Et si je le faisait mal je me faisais critiquer, et
il m'arrivait de reagir violemment. Moi je me sentais coupable de mon infidelite passee, et de mes
pertes de controle de plus en plus frequentes. Il s'avere que je suis spasmophile et que ca
pourrait expliquer bien des choses dans mes pertes de controle. Mais il se trouve aussi que cette
maladie s'est declaree et a empire exponentiellement pendant ces trois ans, comme quoi il me semble
que l'un a entretenu l'autre.
Aujourd'hui je suis desemparee : pendant trois ans je l'ai vue malheureuse, j'ai voulu l'aider, j'ai
cru a la puissance de l'amour. Aujourd'hui je ne sais plus : est-ce qu'elle est vraiment la
seule a pouvoir s'aider ? (Elle suit une psychotherapie) Mais dans la mesure ou
elle me flanque toute la responsabilite sur le dos,
est-ce qu'elle arrivera a voir clair en elle, a s'accepter telle qu'elle est, afin que ca ne lui
fasse plus aussi mal lorsqu'elle se verra faible (qqn a dit je sais plus ou : "l'humilite c'est de
s'accepter vulnerable". Ca m'a bcp touchee) ? Je ne parle meme pas de vaincre ces blocages, ce qui
serait bien sur le reve pour elle, mais il me semble uqe le premier pas est de s'accepter comme
on est, de voir ses qualites, de voir ses faiblesses, de pouvoir les considerer aussi froidement
et lucidemnt et honnettement les unes que les autres, avant meme de penser a y changer quelque chose ?
Surtout de voir ses qualites, pour savoir ce sur quoi on peut s'appuyer quand quelque chose ca mal.
Je ne sais meme pas si elle a finalement accepte le fait qu'elle est lesbienne ; elle avait encore
des problemes a ce sujet lorsque je l'ai rencontree : elle aurait prefere etre hetero parce qu'elle
pensait que ca vie serait plus simple.
Je suis triste de la voir si mal, de la voir en colere contre moi.
Je suis triste de ces trois ans de douleur qui sont si loin de ce reve de premier amour.
Je suis triste parce que je reste convaincue que ca aurait pu marcher, si j'avais pu des le debut
voir sa fragilite, la rassurer. Mais etait-ce en mon pouvoir ?
Et je me demande quelle est ma part de responsabilite dans toute cette histoire : ai-je moi aussi
provoque une concurrence entre nous, impressionnee que j'etais par elle ? L'ai-je humiliee sans m'en rendre
compte, ou meme volontairement pour me venger de de ne pas recevoir d'elle les preuves d'amour
que j'attendais ? Pourquoi n'ai-je pas su la rassurer, pourquoi n'ai-je pas su voir sa fragilite (alors que
je voyais sans probleme celle de l'autre fille, qui avait eu la meme enfance pourrie que moi) ?
Je n'arrivais pas a imaginer que qqn de brillant, aime et soutenu par sa famille, puisse etre aussi
fragile, avoir une aussi pietre opinion de lui-meme, alors que moi avec mon enfance pourrie et ma
famille degeneree j'avais une foi indecrochable et presqu'incomprehensible en la vie et en moi-meme.
Avais-je raison de vouloir l'aider, ou etait-ce perdu d'avance, n'etait-ce pas mon role ?
Cette histoire double (ma relation avec les deux en meme temps) ne laisse pas de m'interroger aussi :
etait-ce faiblesse de ma part ? Etait-ce un transfert inevitable pour supporter la frustration de la
separation ? Etait-ce des le debut le signe revelateur que quelque chose clochait dans notre relation ?
Et ces allers-retours de l'une a l'autre de sentiments et de desir, d'indifference et de degout ?
A present je suis seule, sans aucune des deux. L'autre m'attend toujours, eperdue d'amour et
de patience. Mais ce serait cruel d'en profiter. Alors j'ai battu le rappel de mes amies. Les premiers
jours ont ete horribles, mais heureusement elles etaient la, apres deux jours de jeune et d'insomnie
j'ai pu faire eclater ma douleur, pleurer, m'endormir enfin. Mais tous les matins je reste lovee
en boule pendant une heure et seule l'hysterie de mes chatons qui sautent sur mon lit reussit a m'en
chasser pour que j'aille enfin bosser. Je crains les moments ou je me retrouve seule, avec mes pensees,
mes questions, mes angoisses, mes interrogations sans fin et ma culpabilite.
Faire le deuil de cette relation, de ce reve surtout, je sais que je dois le faire. Mais j'ai peur :
. peur que la prochaine fois que je tombe amoureuse, je parte en courant pour eviter de souffrir
. peur de reproduire les memes erreurs si j'en ai commis et n'en ai pas pris conscience. Je ne veux pas
refaire souffrir une autre fille comme j'ai fait souffrir ces deux-la.
. peur d'etre trop utopiste, optimiste, de trop rever, comme je l'ai fait dasn cette histoire, ou
au contraire d'etre a l'avenir trop defaitiste, mefiante, de me faire une carapace qui empechera
tout echange.
Altair