Bonjour!
Après 6 mois, voilà que mon médecin me diagnostique un choc post-traumatique. Comment ai-je pu faire pour me rendre jusque là? Probablement parce que j'ai trop écouté des autres me dire : "Ce n'est pas grave! Ça va passer!" ou bien j'ai sous-estimé ce que j'avais vécu en comparant ma situation avec d'autres qui me semblaient pires.
Je vous raconte. Le 26 juillet 2005, j'apprends que je suis enceinte. Mon chum et moi, heureux comme des rois, nous lançons dans cette belle aventure. Premier rendez-vous chez le gynécologue, mon ventre est trop gros, probablement des jumeaux. Nous verrons à l'échographie. L'échographie nous montrera un seul foetus et un kyste de 10 cm de diamètre sur l'ovaire droit. Un kyste qui s'est formé pendant la grossesse et qui n'a aucun lien avec des antécédents. On doit m'opérer 2 semaines plus tard, le 6 octobre. Je suis bouleversée. J'avais peur de l'opération, j'avais peur de perdre mon bébé et mon entourage mettait en doute l'opération pendant la grossesse. Le 6 octobre à minuit, soit huit heures avant l'heure prévue de mon opération, le kyste se tord autour de l'ovaire. J'entre à l'hôpital d'urgence, incapable de marcher et persuadée que je suis en train de faire une fausse couche. Je passerai la nuit à l'urgence avec calmants à me tordre de douleur en attendant mon gynécologue qui m'opérera à l'heure prévu. Pendant l'opération, le kyste éclate, ce qui force le personnel médical à ouvrir plus grande la cicatrice et éviter le pire. Je me réveille donc avec une cicatrice de 15 cm du pubis au nombril et un ovaire en moins. Le foetus va bien. Nous en sommes à la 15e semaine de grossesse.
Un mois de récupération à la maison à avoir du mal à marcher et à profiter de l'automne (je suis une fille active qui passe son temps à l'extérieur). Ensuite viendront les mois de novembre et de décembre qui seront calmes en événements sauf pour mon chum qui partira, entre Noël et le jour de l'an, faire un stage en France et ne reviendra que le 14 février, un mois et demi avant la date prévue de mon accouchement.
Le 10 janvier, j'ai des saignements. Je me rends à l'urgence. On m'examine et on me dit que j'avais paniqué pour rien, que c'était normal et surtout, que j'avais trop marché cette journée-là. Comme si la marche était une activité prsocrite pendant la grossesse! On me recommande toutefois de rester au lit toute la fin de semaine et de revenir voir mon gynécologue le lundi matin pour qu'il vérifie. Ce que je fais. Il me diagnostique un décollement placentaire et une hospitalisation immédiate. Mon chum doit revenir de France et je ne suis pas du tout enthousiaste de ce deuxième séjour à l'hôpital. C'est à ce moment précis que mon anxiété a pris le dessus. Les gens me rassuraient en me disant : " Ne t'en fais pas, ça n'arrive pas à toutes les grossesses." et d'autres me disaient: "Tu sais, y'en a qui ont vécu cela pour leurs trois grossesses.". Je suis restée à l'hôpital pendant 2 semaines pour ensuite promette de rester au lit, dans ma maison, jusqu'à la fin de ma grossese. Nous en sommes à la 30e semaine.
Pendant ce temps, dans mon lit, je me rassurais en me disant que plus rien d'autre ne pouvait m'arriver, que j'avais assez donné. Et bien je me suis mise à enfler; le visage, les mains, les jambes, les pieds. J'avais même de la difficulté à me tenir sur mes pieds wet à plier mes doigts tellement ils étaient en boule. Les gens me disaient: "C'est normal d'être enflée à la fin de la grossesse.". On m'hospitalise le 28 février. Je dois rester à l'hôpital jusqu'à l'accouchement pour cause de prééclampsie. L'accouchement est prévue le 26 mars. J'éclate! Je crie! Je hurle à l'injsutice! Je veux lancer tous les objets qui sont dans ma trajectoire. Je supplie les médecins de m'enlever ce bébé illico. Je ne veux plus être enceinte. Je suis malade! Je n'ai jamais été malade de ma vie. J'ai passé la journée à pleurer, à me bercer dans un chaise, refusant de manger... J'imaginais le pire pour l'accouchement. On essayait de m'encourager mais comment espérer le mieux dans ma situation? J'anticipais toutes sortes de scénarios mais j'ai finalement opté pour celui de l'accouchement naturel sans complication ou tout au plus, quelques complications. Je n'en demandais pas plus.
On me surveillait de près: prises de sang fréquentes, tests d'urine, pression artérielle jour et nuit. Trois jours après mon hospitalisation, après avoir reçu les résultats des derniers tests, le médecin est venu dans ma chambre et m'a dit: "Il faut que tu accouches ce soir sinon tu ne passersa pas la nuit!". Charmant comme missive non? On déclenche l'accouchement vaginal mais après 5 heures de travail, rien. C'est donc la césarienne d'urgence et un séjour de 24 heures aux soins intensifs pour faire baisser ma tension artérielle et ainsi éviter l'éclampsie et me sauver la vie. Je n'ai pas vu mon bébé pendant tout ce temps. Un véritable cauchemar pour une maman qui vient de mettre au monde son enfant.
Aujourd'hui, même après 6 mois, je repense à ma grossesse et mon accouchement au moins 3 fois par jour. Mon conjoint en entend parler quotidiennement. Je ne peux pas en parler aux femmes autour de moi, car mon histoire fait peur. À toutes les fois que je vois une femme enceinte, j'ai envie de lui souhaiter du malheur, je suis certaine à tout moment qu'un autre drame pourrait survenir dans ma vie et je suis obsédée par la santé de mon bébé et de la mienne. J'ai peur de mourrir et de faire du mal à mon bébé. Je sens que je n'ai pas pu encore profiter d'aucun bons moments avec mon bébé car je vis encore dans le passé. J'ai aussi peur de lui transmettre mon angoisse.
Le médecin m'a référé au service de psychiatrie de l'hôpital mais que faire en attandant que je puisse le consulter?
Est-ce que quelqu'un peut m'aider?
Merci!