Premier message
Les rôles inversés...
Bonjour Sadlina,
Je te souhaite de vivre un jour la maternité et la joie d'être une mère. C'est une étape qui comme toi je ne pensais jamais vivre car j'avais tout aussi peur de toi de ce qui pourrait arriver.
Je te rejoins à 100 miles à l'heure quand tu fais allusion que tu ne parles jamais de ta mère avec tes amis. Je suis dans la même situation et je ne connais pas beaucoup de monde dans mon entourage qui vivent ce type de relation avec leurs parents. Il m'est donc difficile de faire des confidences sur les sujets. La dernière fois que j'en ai fait une, je me suis sentie jugée parce que mon frère avait disparu et j'étais dans un choc profond car je faisais tout pour le retrouver et j'ai dû me confier tant ma peine était profonde.
Mon conjoint a une famille hyper unie. Mes meilleurs amis ont aussi des familles hyper unie. Inévitablement, je m'entoure de gens qui ont des familles unies comme pour combler le manque de ma propre famille. Bizarre !!
Tu vises juste en mentionnant que le nouveau rôle de mère ravivent des situations du passé et me brasse inévitablement des squelettes enfouis.
Je me questionne beaucoup en ce moment pourquoi mes parents n'ont pas assumés leurs rôles respectifs de parents vis-à-vis moi et mon frère. C'est exactement là que j'en suis dans mes réflexions. Je ne peux comprendre que l'on puisse abdiquer d'un rôle si important quand on fait le choix d'avoir des enfants.
Je sais qu'ils ont certainement fait ce qu'il pouvait de mieux nous offrir mais du même coup je ne peux comprendre le fait qu'ils nous ont laissé à maintes reprises dans des situations où nous aurions eu besoin de réfoncort et des besoins primaires d'un enfant. Oui je suis en période de révolte. Chose que je n'ai jamais fait avec eux même quand je vivais les pires moments de ma vie. On dirait que je suis en plein décalage et en réaction. Merci pour ton témoignage de ton grand-père. Ca me fait comprendre combien je ne peux priver ma fille de voir ses grand-parents. A ce sujet, je ne les priverais jamais de la voir. C'est à moi de trouver une façon de les voir sans que je sois agressive, en attente et par la suite déçue de leur peu d'intérêt pour moi. Petite anecdote: mes amis et mes collègues de travail: je les considère plus ma famille que ceux de mon propre sang. Est-ce normal ???
Bonne journée !
Inertie familiale
Bonjour IZaza !
Ton témoignage me permet de comprendre que plusieurs personnes vivent le même topo que nous. Oui il y a des pistes de solutions positives pour évoluer dans cette inertie familiale. Je te remercie de prendre le temps d'écrire à ce forum. Le mot ATTENTE est en effet la clef de l'énigme. Je réfléchis beaucoup ces derniers mois sur mes attentes familiales. Pendant des années je n'en ai eu aucune car je ne fréquentais que très rarement mes parents ou mon frère. Je crois qu'effectivement leur retour chez moi vu la naissance de mon enfant est en effet l'élément déclencheur de plusieurs ATTENTES. Hier soir, mon frère et ma mère sont venus voir ma fille. Ils ont resté quelques minutes seulement. Tu vois je m'attendais à ce qu'il reste plus longtemps. Déjà en partant j'avais une attente qui ne serait pas comblée car je sais qu'il ne reste jamais longtemps. Hier j'ai eu un autre déclic magique. C'est l'inertie de ma mère qui me fait le plus souffrir. En étant mère à mon tour, je réalise combien je vais tout faire pour que ma fille ne manque de rien. Je sais que ce n'est pas sain de comparer mais comme tu le mentionnes les non-dits du passé refont surface. Pendant plusieurs années de mes études. Je n'avais pas d'argent pour prendre le transport en commun ou même tout simplement pour manger. J'ai dû trouver des moyens de mon propre gré pour m'en sortir. Jamais ils n'ont été là pour me seconder dans ces périodes plus difficiles. Voilà je crois un pardon que je ne suis pas capable de leur donner. Je ne comprends pas qu'une mère puisse laisser ces enfants manquer de choses vitales.... Son inertie actuelle et du passé me dépasse royalement !!
suite - sadlina
Coucou
contente de te relire monalouise... Je comprends que tu es face à une situation que, qui sait ? je vivrai peut être un jour. Car, comme toi, je me sens "mieux" depuis que je ne vois plus ma mère, et que donc je ne suis plus confrontée à ce manque d'affection.
Déjà, d'un point de vue social, j'en parle peu mais mes amis savent que je ne la fréquente pas : ils savent donc qu'il y a un problème (et que c'est aussi ma mère qui m'a laissé tomber) alors qu'avant, j'avais sans doute juste l'air d'une névrosée incapable de lacher les jupes de sa mère (alors que la situation était déjà la même !)... donc je me sens mieux parce-que je sais que elle et moi, on est plus honnête en se voyant pas... (même si mon père -qui n'en sait rien ne la voyant plus- et d'autres me disent qu'elle doit certainement souffrir secrétement de cette situation... j'ai du mal à la croire, je pense que, comme moi elle fait abstraction tout en se disant que c'est mon choix de ne plus lui donner de nouvelles...
Mais je pense que si un jour j'ai des enfants (chose qui pr le moment, à cause de ça me fait un peu peur), pê que d'ici là j'aurai de nouveau des contacts, même distants avec elle, on ne peut jamais dire jamais... et alors effectivement ça me poserait problème qu'elle trouve cette relation maternelle avec un autre "enfant" que moi... Je trouve même qu'une certaine "jalousie" ou du moins rancune, serait normale !!
D'un côté, j'ai remarqué, que la seule personne qui dans mon enfance m'ait véritablement traitée comme une enfant, avec amour et en même temps simplicité, c'était mon grand père que j'adorais, et que j'ai adoré de plus en plus en grandissant (qqn qui a été très marqué par la vie, et pourtant d'une bonne humeur et d'une gentillesse exemplaire)... et lui, a été un très mauvais père je suppose, car seul un de ses trois enfants supportait d'avoir des contacts "normaux" avec lui, les deux autres l'évitaient ou s'affrontaient en permanence avec lui, même une fois adultes.
Quand j'ai dit à ma mère que je voulais aller voir ce grand-père, que c'était un souhait et non une corvée, elle a fait des yeux ronds comme des soucoupes, et j'ai compris que c'était inconcevable pour elle, d'avoir une telle affection réciproque, entre moi et lui.
Et alors, il est mort il y a un an, et je me suis souvenue de plein de choses qu'on avait fait (à 10ans, ma soeur et moi, nous le forcions à prendre des poses de danseuse classique alors qu'il avait 75ans, il faisait l'arabesque, une tenant chaque jambe... on lui coupait les cheveux n'importe comment (avec amour ;) , et il se laissait tout faire !!! il nous faisait des blagues, parlait à tout le monde dans la rue, il était aimé de tous... sauf de ses propres enfants.. étrange... je n'ai jamais compris.
Et quand il est mort, je me suis dit que chacun mérite une rédemption, une seconde chance, et seuls ceux qui sont incapables de la saisir ne méritent peut être pas le pardon (je ne suis pas très chrétienne...)
J'ai pas culpabilisé d'aimer mon gpère alors que d'autres ont souffert de sa sévérité etc. parce-qu'il a fait avec moi et ma soeur pê génialement ce qu'il a raté avec ma mère...
Tu comprends le parallèle... pourtant, ma mère ne s'est jamais réconciliée avec lui, et ayant eu l'occasion (et l'autorisation) de lire ses journaux intimes, j'y ai lu à la fin de sa vie à lui, des commentaires "j'ai du me tromper qq part, je ne comprends pas ce que j'ai mal fait pour que mes enfants se sentent si étrangers à moi'... etc...
Si ça se trouve, tes parents ne savent pas concrètement comment te faire sentir qu'ils t'aiment un peu quand même ? Ou, comme je le pense pour ma mère, ils n'arrivent pas à se forcer à surmonter le fait que tu es le fruit d'un amour mort et enterré (le leur!) - je crois que ma mère n'a pas l'instinct maternel de se sacrifier pour ses enfants, et qu'elle considère qu'elle ne peut pas se forcer : elle faisait ce qu'elle pouvait. Ca ne me suffisait pas - tant pis, autant ne plus se faire de peine mutuellement avec des reproches qui ne mènent à rien...
Je réalise que je n'ai pas vraiment de recette, mais... je comprends que c'est très compliqué. Il n'y a pas de mots sur certains sentiments...
Je crois aussi que les parents culpabilisent et c'est pour ça qu'ils font semblant de pas comprendre par peur d'ouvrir la boîte de pandore...
Voilà mes pensées du soir... Merci pour les tiennes.. à +
sadlina :roll: :?: :!:
Message #5
Salut Monalouise,
Je me retrouve partiellement dans ce que tu decris. J'ai aussi souffert de parents pas tres affectifs, d'une famille en crise. J'ai grandi plutot en comptant sur moi-meme. Et me suis renfermee, et suis tombee tres bas. Je pense que je peux parler de depression des l'enfance, et que j'ai traine tres longtemps. Avec des consequences lourdes, qu'aujourd'hui, a 33 ans, sont tjs pas completement resolues. Et je ne parle que de mon cheminement interne. J'ai aussi des enfants, et j'estime avoir atteint une vie d'adulte.
Seulement, je sais aussi que le sujet des relations avec mes parents n'est pas qqle chose d'anondin. J'habite loin d'eux, mais je continue a les voir, car mon pere m'aide a renover notre maison, et je passe une quinzaine de jours l'ete car c'est pres de la mer. Mais il y a tjs un qqle chose qui fait que mes relations avec eux ne sont pas des plus denuees d'affects plus ou moins negatifs... Une colere rentree, un evitement. De les voir (surtout ma mere) reagir avec mes enfants remue bien souvent des choses en moi...
Je suis en therapie depuis 4.5 ans, qqle chose que j'estime tres positif. Sur ce sujet la aussi, il y a eu de l'amelioration, je m'impose mieux, plus efficacement. Mais ma psy m'a souvent fait remarquer que par mes reactions, j'etais aussi en position d'attente. Cette therapie m'a donc permis de mieux cerner ces attentes, pour eviter de les ressentir encore, et donc j'en souffre moins. Par exemple, c'est ma psy qui a du insister pour me demontrer que j'avais ete decue que ma mere ait attendu 2 jours avant de m'appeler quand j'ai accouche de ma fille.
Mais de la je ne pense pas que j'arriverais un jour a des relations "saines", car sans ces petits "a-cotes", plutot negatifs...
Donc, tout cela pour te dire que les relations avec les parents, surtout quand ils ne nous ont pas "bien eleves", restent tjs empreintent des crises ou des non-dit du passe. Nos relations se sont tissees de maniere tres bancale, donc, on ne peut pas vraiment en esperer qqle chose de sain aujourd'hui. Je n'envisage pas non plus d'arreter de les voir, surtout pour mes enfants. Mais je n'envisage pas non plus d'idee de pardon.
Pour l'instant, j'agis en me detachant le plus possible de leurs reactions, par protection. Mais je sais que je reste fragile. Et c'est sur cette fragilite que je travaille encore.
Bon courage
Izaza
Responsabilité partagée en effet !
Bonjour Lovejoy !
Ce que j'apprécie énormément de ce forum c'est justement le fait que vous êtes extérieur à la situation et vous avez le recul nécessaire pour ne pas juger et surtout aider la ou les personnes à mieux vivre ses relations.
Lovejoy je suis totalement en accord avec toi sur les limites à fixer afin que chacun se sente à l'aise avec la situation. J'ai eu de longues discussions à ce sujet avec eux. C'est toujours à recommencer. Je dois mettre des balises très claires afin d'arriver à mes fins.
Il y a longtemps que je suis adulte dans ma relation avec mes parents. Je les ai aidé de différentes façons lorsqu'ils vivaient des moments difficiles (perte d'emploi, écoute active, etc.). Je te dirais Lovejoy que mes blessures du passé sont guéries (adultère de mon père, abandon de ma mère).
Je travaille sur le moment présent avec mes parents et ma fille. Ce que je trouve très difficile c'est le peu d'intérêt qu'il dénote pour leur propre fille. Ils font la même chose avec mon frère. Mon père l'a déjà traité d'innocent devant moi et m'a même dit qu'il se foutait s'il se suicidait. Donc j'en ai déduis qu'il doit en dire de toutes les couleurs sur mon cas... Je n'ai pas confiance en moi tu as raison. Je sais d'où tout ça vient !!
Merci pour tes commentaires. Je vais relire quand je vais me sentir envahie et incapable de m'exprimer... bonne journée !
relations familiales
Je crois que c'est une vrai chance pour ta fille d'avoir des contacts avec ses grands-parents et sans doûte pour eux aussi! Je pense que tu peux trouver des moyens habiles pour qu'il n'envahissent pas ta vie à travers ta fille, à toi de poser des limites...
A nous de guérir nos blessures, être libre demande une remise en cause constante, intérieurement pardonner les fautes passées et comprendre comment elles agissent encore sur nous dans le présent. Tu ne veux pas reproduire cette erreur avec ton enfant car maintenant c'est toi l'adulte, et tes parents te renvoie peut-être à ton propre manque de confiance.
Je crois en la force de l'amour et de la compassion, prier pour toute sa famille. Nos parents vivent également leurs imperfections, leurs fautes, leurs manques,... prendre un peu de recule, lâcher-prise ou mettre des règles ou chacun est à l'aise est toujours prometteur je pense.
Bien à toi, amicalement
Sage Sadlina !
Que de sagesse Sadlina !!! Tu es si jeune et si mature. Je crois que c'est une caractéristique de personne qui jeune n'ont pas eu l'attention et l'amour de base. On mature plus vite c'est certain. Notre autonomie devient notre leitmotiv je pense. Ton message est effectivement un baume sur mes réflexions. Oui tu as raison, je suis entourée d'amour et de respect provenant de ma petite famille (mari et enfant). amitiés et de mon milieu de travail.
Je suis impressionnée par ton vécu et ton courage de faire abstraction de ce qui t'a fait souffrir. J'aimerais être capable d'être indifférente face à leur indifférence mais je n'y arrive pas ! Il y a une blessure qui refait surface aussitôt qu'il se pointe !!
Je suis confrontée régulièrement à la venue de mes parents qui viennent voir leur petite-fille. Je ne sais plus comment agir face à cette situation qui me rend malheureuse. Avant je ne les voyais pas et je n'en souffrais pas. Il ne savait rien de ma vie et c'était mieux ainsi. Depuis que mon enfant est dans ma vie je ne peux pas les empêcher de le voir.
Donc je fais des efforts incommensurables afin de ne pas être déçu lors de leurs passages mais ça ne fonctionne pas. Ce sont des gens qui n'ont aucun sens de l'autre, aucune empathie, aucun signal de partage, un peu, beaucoup axé sur eux-même. Donc je vis une relation à sens unique et je ne supporte pas ce type de relation dans ma vie que ce soit en amour, en amitié ou avec la famille.
Je cherche des solutions positives, des approches positives vis-à-vis eux et je tourne en rond.... J'ai tenté de leur parler à maintes reprises du fait que j'étais un fantôme pour eux lorsqu'il venait chez moi. Ils n'ont pas compris mon message, mes besoins. Je tente de ne pas avoir d'attentes mais c'est très difficile.
Bonne journée Sadlina et surtout je te souhaite ce qu'il y a de mieux sur cette planète. Je constate que tu le mérites pleinement !
comme je te comprends !
et puis, en sortant du ciné, on avait vu TANGUY, ce film sur un jh de 28 ans toujours pas parti de chez ses parents, j'avais 16ans, et elle me dit, ah non, vous me ferez jamais ça, vous à 18 ans, ouste...
(j'ai une soeur plus jeune d'un an) déjà comme ma mère ne se montrait généralement pas très affectueuse,j'étais vexée, ça m'a fait mal ce rejet gratuit... et ça n'a fait qu'empirer. Jusqu'au point ou si je ne l'appelais pas, je pouvait ne plus avoir de ses nouvelles pendant deux mois, et cela sans raison : elle habite à un quart d'h de chez moi!
Pour des raisons que j'ignore, elle en est là avec ses propres parents qu'elle a toujours refusé d'aller voir plus que deux jours d'afffilée. deux jours qu'elle passe a l'extérieur de la maison...
Quand mes parents ont finalement divorcé et vendu leur appart j'avais 18 ans et un copain... j'ai donc implicitement été mise dehors, même si ma soeur, encore bachelière, a pu aller s'installer dans un deux pièces avec ma mère... pas ravie ravie... qui, lorsqu'un an après elle s'est trouvé un nouveau mec, l'a installé de fait dans la chambre de ma soeur... qui s'est sentie mise a la porte et a filé à son tour...
Quand à moi, ma mère a été là par moments quand mon petit ami, après un an et demi ensemble est mort du cancer, à l'âge de 21 ans... elle m'a écoutée pleurer en parlant de lui... mais un jour elle m'a agressée si fort en me disant qu'elle s'en foutait, qu'elle avait un divorce sur le dos... que je ne lui ai plus parlé pendant trois mois. Elle ne m'a pas rappelée pour autant. On s'est revues de force à l'enterrement d'un jeune homme de la famille... et elle a fait comme si de rien n'était, comme d'habitude... jusqu'au jour ou elle a carrément souhaité mon anniversaire un jour plus tard, par texto, et ou elle ne m'a plus jamais proposé de se voir...
Là je lui ai dit que ça suffisait, que ma soeur tout comme moi souffrait de ce manque d'intérêt et d'affection de sa part (qui fait de nous des êtres secs et méfiants donc manquant d'aptitudes à 'lamour), et que j'avais été suffisamment frustrée, que je ne voulais plus souffrir et donc qu'elle n'avait plus à se forcer à m'appeler... que je ne lui demanderai plus rien.. qu'elle était une mère indigne... etC. et j'assume tout cela.
Je ne lui ai rien fait pour mériter ce désintérêt. Je pense qu'elle a tiré un trait sur nous en même temps que sur son ex mari... et que son nouveau mec n'ayant pas d'enfant, l'amuse beaucoup plus.. que son devoir de mère.
On souffre, de ce rejet, de cet abandon. Il n'y a rien a faire sinon se défendre en aimant encore plus ceux qu'on aime et qui vous aiment pour votre juste valeur. car il y en a je suis sûre !!!
je t'embrasse et te souhaite bcp de courage en espérant continuer cette discussion (là je suis trop épuisée pr développer!)