Des chercheurs européens, dont les travaux sont publiés dans la revue Nature, ont montré que l'ADN synthétique peut servir à stocker des données telles que des textes, des images ou des sons. Rappelons que l'ADN est une molécule, présente dans toutes les cellules vivantes, qui renferme les informations nécessaires au développement et au fonctionnement de l'organisme. Un gène est une séquence d'ADN.

Alors que dans les ordinateurs, les informations sont codées sous forme de suites de 0 et de 1, les informations de l'ADN sont codées avec 4 éléments, les nucléotides A, T, C et G.

En 2011, une étude publiée dans la revue Science montrait que l'ensemble des capacités de stockage informatique en 2007 représentait moins de 1% de la quantité d'informations stockées dans les molécules d'ADN d'une seule personne.

En 2012, le biologiste américain George Church et ses collègues présentaient dans la même revue des travaux dans lesquels ils avaient codé 5,27 mégabits de données, dont un livre, dans un milliardième de gramme d'ADN synthétisé.

Cette fois Nick Goldman et Ewan Birney de l'European Bioinformatics Institute (EBI) (Cambridge) ont développé une nouvelle méthode pour stocker des données sous forme d'ADN qu'ils ont testée en enregistrant des fichiers dont un enregistrement MP3 et des textes.

"Nous savons déjà que l'ADN est un moyen efficace pour stocker des informations, parce que nous pouvons les extraire des os de mammouths laineux qui datent de plusieurs dizaines de milliers d'années et lui donner un sens", explique Nick Goldman.

Les chercheurs ont transcrit le codage informatique binaire (0 et 1) de ces informations et l'ont transcrit en codes trinaires puis en codes ADN. L'ADN a ensuite été synthétisé en laboratoire par la société de biotechnologie américaine Agilent. Le résultat ressemblait à un grain de poussière, précisent les chercheurs.

L'échantillon a ensuite été décodé par les chercheurs de l'EBI sur des séquenceurs ADN standard. Ils ont lu les fichiers avec une précision de 100 %.

La seule limite au stockage ADN est son coût, dit Ewan Birney. Mais les coûts de séquençage pourraient être divisés par 20 d'ici une décennie, ce qui rend le stockage ADN économiquement viable à une échéance de moins d'un demi-siècle, estiment les chercheurs.

Bien qu'il reste beaucoup d'aspects pratiques à résoudre, disent-ils, la densité et la longévité de l'ADN en fait un médium de storage intéressant. Et sa conservation ne consomme pas d'énergie, souligne-t-ils.

Illustration : ADN, constitué de 4 nucléotides

Psychomédia avec sources: European Molecular Biology Laboratory (EMBL). Tous droits réservés