Certains antidépresseurs sont fréquemment prescrits pour le traitement de la douleur chronique. Mais la plupart sont prescrits sans preuves suffisantes de leur efficacité, selon une analyse publiée en mai 2023 dans la revue Cochrane Library.
Et, les effets néfastes de bon nombre de ceux couramment recommandés n'ont pas été bien étudiés, rapportent les chercheurs.
L'étude, « qui a duré deux ans, est la plus grande évaluation jamais réalisée des antidépresseurs recommandés par des organismes de premier plan, notamment le National Institute for Health and Care Excellence (NICE) du Royaume-Uni et la Food and Drug Administration (FDA) des États-Unis
».
L'étude, dirigée par des chercheurs de plusieurs universités britanniques, dont Southampton et Newcastle, a examiné 176 essais incluant près de 30 000 patients s'étant fait prescrire des médicaments antidépresseurs contre la douleur chronique.
Parmi les antidépresseurs étudiés figurent l'amitriptyline (Elavil, Laroxyl, Endep…), la fluoxétine (Prozac), le citalopram (Séropram, Celexa), la paroxétine (Deroxat, Paxil, Seroxat…), la sertraline (Zoloft), la duloxétine (Cymbalta…) et le milnacipran (Ixel, Savella).
« Notre étude n'a trouvé aucune preuve fiable de l'efficacité à long terme d'un antidépresseur, ni de son innocuité pour la douleur chronique à quelque moment que ce soit
», rapporte Tamar Pincus de l'université de Southampton, auteur principal. « Bien que nous ayons constaté que la duloxétine (Cymbalta…) soulageait la douleur à court terme chez les patients que nous avons étudiés, nous restons préoccupés par sa possible nocivité à long terme en raison des lacunes dans les preuves actuelles.
»
L'amitriptyline (Elavil, Laroxyl…) est l'un des antidépresseurs les plus couramment prescrits dans le monde pour le traitement de la douleur. Au cours des 12 derniers mois, environ 10 millions d'ordonnances ont été délivrées à des patients en Angleterre à la dose de 10 mg recommandée pour le traitement de la douleur. En comparaison, 5 millions d'ordonnances ont été délivrées aux doses plus élevées recommandées pour la dépression.
Pour la duloxétine (Cymbalta…), 3 millions et demi d'ordonnances ont été délivrées en Angleterre, mais les doses recommandées ne diffèrent pas actuellement selon les pathologies.
La duloxétine (Cymbalta…) était systématiquement le médicament avec la meilleure efficacité et elle était également efficace pour la fibromyalgie, les douleurs musculo-squelettiques et les douleurs neuropathiques. Les doses standard de duloxétine sont aussi efficaces pour réduire la douleur que les doses plus élevées.
Le milnacipran (Ixel, Savella) était également efficace pour réduire la douleur, mais les chercheurs ne sont pas aussi confiants que pour la duloxétine car les études sont moins nombreuses et portent sur moins de personnes.
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« Nous ne pouvons tout simplement pas nous prononcer sur d'autres antidépresseurs parce que nous ne disposons pas d'études suffisamment bonnes - mais cela ne signifie pas que les gens doivent arrêter de prendre les médicaments qui leur sont prescrits sans consulter leur médecin généraliste
», indique Pincus.
« La seule preuve fiable concerne la duloxétine (Cymbalta…). L'adoption d'une approche centrée sur la personne est essentielle au traitement, et lorsque les patients et les cliniciens décident ensemble d'essayer des antidépresseurs, ils devraient commencer par le médicament pour lequel il existe de bonnes preuves.
»
« Nous demandons aux organismes de santé NICE et FDA de mettre à jour leurs lignes directrices afin de refléter les nouvelles preuves scientifiques, et aux bailleurs de fonds de cesser de soutenir des essais de petite taille et défectueux
», conclut Gavin Stewart de l'Université de Newcastle, coauteur.
La duloxétine (Cymbalta…) et le milnacipran (Ixel, Savella), qui sont des antidépresseurs IRSNa, font partie de la liste de 8 antidépresseurs plus dangereux qu'utiles de Prescrire. Ils exposent « aux effets indésirables des antidépresseurs IRS, et en plus à des troubles cardiaques liés à leur activité noradrénergique, dont des hypertensions artérielles, des tachycardies, des troubles du rythme cardiaque, des allongements de l’intervalle QT de l’électrocardiogramme (…). La duloxétine expose aussi à des hépatites et à des réactions d’hypersensibilité avec des atteintes cutanées graves (dont des syndromes de Stevens-Johnson).
»
Une autre analyse, ayant porté sur 156 essais cliniques et 25 000 participants, a été publiée en février 2023 dans le British Medical Journal. Les auteurs concluaient que, pour la plupart des personnes vivant avec une douleur chronique, le traitement par antidépresseur est décevant.
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Pour plus d'informations, voyez les liens plus bas.
Psychomédia avec sources : Cochrane Library, University of Southampton.
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