Les médicaments anticholestérol de la classe des statines font partie des médicaments les plus couramment utilisés dans le monde.
Leur efficacité pour prévenir la mortalité de toute cause et de cause cardiaque chez les personnes sans antécédent d'incident cardiovasculaire fait toutefois l'objet de débats.
Selon une étude publiée en mars 2022 dans le Journal of the American Medical Association (JAMA) Internal Medicine, cette efficacité est surestimée.
En 2020, on estimait que les ventes mondiales approchaient 1 000 milliards de dollars américains, rapporte Paula Byrne de la RCSI University of Medicine and Health Sciences (Irlande) sur le site The Conversation.
Byrne et ses collègues ont réalisé une revue de la littérature scientifique afin de déterminer quelle est l'association entre la réduction du taux de « mauvais » cholestérol (cholestérol LDL) induite par les statines et les réductions absolues et relatives de la mortalité de toutes causes confondues et celle due à l'infarctus du myocarde ou l'accident vasculaire cérébral.
Ils ont recensé 21 essais cliniques randomisés qui comparaient les statines à un placebo ou au traitement habituel et ont analysé leurs données combinées qui portaient sur un total de plus de 140 000 participants.
Ils ont constaté une réduction du risque absolu de 0,8 % pour la mortalité toutes causes confondues, de 1,3 % pour celle due à l'infarctus du myocarde et de 0,4 % pour celle due à l'accident vasculaire cérébral.
Pour ce qui est des réductions du risque relatif, elles étaient de 9 %, 29 % et 14 %, respectivement par rapport au groupe non traité.
Qu'est-ce que le risque relatif ? Si le risque absolu est de 2 % dans le groupe recevant un traitement et qu'il est de 4 % dans le groupe de comparaison, le risque relatif est 50 % (la moitié) moins élevé dans le groupe ayant reçu le traitement. C'est ainsi, que les résultats de recherche exprimés en termes de risque relatif, sans souligner les risques absolus, sont souvent mal interprétés comme étant beaucoup plus significatifs cliniquement qu'ils ne le sont dans la réalité.
L'association française de défense des consommateurs UFC-Que Choisir, qui relaie cette étude, explique : « Une personne sans antécédent, avec un niveau de “mauvais” cholestérol un peu trop élevé, sera moins à risque qu’une personne souffrant de diabète avec complications ou de maladie coronarienne. La réduction relative liée au traitement est la même. Mais le risque de départ n’étant pas le même, le bénéfice réel ne le sera pas non plus.
»
Par ailleurs, les chercheurs ont réalisé une analyse qui n'a pas été concluante quant à l'association entre l'ampleur de la réduction du cholestérol LDL induite par les statines et la mortalité de toutes causes confondues, due à l'infarctus du myocarde ou due à l'accident vasculaire cérébral.
« Une association concluante entre les réductions absolues des taux de cholestérol LDL et les résultats cliniques individuels n'a pas été établie, et ces résultats soulignent l'importance de discuter des réductions du risque absolu lors d'une prise de décision clinique éclairée avec chaque patient
», concluent les chercheurs.
« Si on vous a prescrit des statines, n'arrêtez pas de prendre vos médicaments sans d'abord consulter votre médecin
», conseille Paula Byrne. « Votre profil de risque pourrait impliquer qu'ils pourraient vous être bénéfiques. Mais si vous souhaitez réévaluer la prise de ce médicament, demandez à votre médecin de vous expliquer votre réduction du risque absolu, puis prenez une décision ensemble en collaboration.
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Psychomédia avec sources : JAMA Internal Medicine, The Conversation, UFC-Que Choisir.
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