Concernant la prévention cardiovasculaire primaire au moyen des médicaments de la classe des statines (anti-cholestérol), la Haute autorité de santé (HAS) française « a choisi de faire comme si tout était simple et démontré
», déplore la revue Prescrire dans son numéro de mai 2018.
Alors qu'au contraire, « partager les données et les incertitudes
» avec les patients les aide à faire un choix éclairé, estime-t-elle.
Prescrire a fait le point sur la prévention cardiovasculaire primaire (prévention d'un accident cardiovasculaire chez les personnes qui n'ont en encore jamais eu) par statine dans son numéro d'avril.
L'analyse des essais cliniques « montre qu'un traitement préventif par statine a permis d'éviter une mort pour environ 250 personnes âgées de 40 ans à 70 ans traitées pendant 2 ans à 6 ans », rapportait la revue.
Elle précisait :
«
Aucun essai n'a évalué les bénéfices apportés par 10 ans ou plus de traitement par statine, et les risques auxquels un tel traitement expose ne sont pas connus.Les effets indésirables graves notamment diabète et accidents vasculaires cérébraux hémorragiques, et les fréquents effets indésirables musculaires qui altèrent la qualité de vie, rendent la balance bénéfices-risques incertaine en prévention primaire.
En pratique, étant donné les incertitudes et le coût de cette prévention, il est le plus souvent préférable de ne pas utiliser de statine en prévention primaire. »
Cette analyse « réalisée en toute indépendance montre l'étendue des incertitudes
», réitère la revue.
«
Notamment parce que l'évaluation est insuffisante et ne permet pas de répondre clairement à de nombreuses questions. Il est probable que les statines évitent quelques morts prématurées, mais on ne sait pas bien chez qui. Un peu comme au loto : on sait qu'il y aura quelques “grands” gagnants, mais on ne sait pas qui. On sait que des personnes seront perdantes, et paieront un tribut, parfois lourd, en effets indésirables. Sans bien savoir combien de personnes, ni comment éviter ces effets.Sur ce même sujet, la HAS a choisi de fournir une information très simplifiée (fiches commentées dans le numéro de mai de Prescrire) : tout semble simple et clair. Pas d'incertitude. Que des gagnants. La HAS a retranscrit les recommandations émises par différentes sociétés savantes ou autres institutions sans discuter leur méthode d'élaboration et les éventuels liens d'intérêts des contributeurs. En partant du principe que les statines réduisent la cholestérolémie, la HAS n'a pas vérifié si telle ou telle statine réduit ou non la mortalité ou le risque de handicap à vie, ni cherché à quantifier les effets indésirables. »
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Psychomédia avec sources : Prescrire (mai), Prescrire (avril).
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