Pressure Cooker : Why Home Cooking Won't Solve Our Problems and What We Can Do About It» (Oxford University Press), comment cuisiner davantage pour éviter les aliments ultratransformés n'est pas une option possible pour de nombreuses familles des classes moyenne et à faible revenu qui manquent de temps et d'argent.
De nombreux experts en nutrition blâment les aliments ultratransformés pour l'épidémie d'obésité.
Ces aliments, qui sont riches en sel, en sucre, en gras et en additifs et faibles en fibres et en nutriments, constituent désormais une grande partie de l'alimentation.
Des études publiées en mai, notamment, ont apporté de nouvelles évidences que ces aliments augmentent le risque d'obésité et de maladies chroniques.
Des chercheurs des National Institutes of Health (NIH) américains ont montré que les gens consomment plus de calories et prennent plus de poids avec une alimentation composée en grande partie d'aliments ultra-transformés.
Deux études de grande envergure parue dans le British Medical Journal ont. de leur côté, montré qu'une alimentation ultratransformée est liée à des taux de mortalité et de maladies cardiovasculaires plus élevés. L'une de ces études a été menée par une équipe de chercheurs français qui avaient déjà montré un lien avec un risque accru de cancer.
Des experts et des autorités de santé incitent à limiter la consommation de ces aliments en cuisinant davantage à partir d'ingrédients sains peu transformés. Mais à quel point est-ce possible ?
Dans « Pressure Cooker
», les sociologues Sarah Bowen, Joslyn Brenton et Sinikka Elliott, respectivement des universités d'État de Caroline du Nord, Collège Ithaca et de Colombie-Britannique, ont étudié 168 familles de classes moyenne et à faible revenu de Caroline du Nord qu'elles ont suivies pendant cinq ans. Elles ont dressé le profil détaillé de neuf d'entre elles dont elles racontent la réalité quotidienne.
Éviter les aliments ultratransformés et cuisiner des repas à partir d'ingrédients peu ou pas transformés peut fonctionner pour certaines personnes mais ça ne peut être une solution réaliste pour une grande proportion des familles qui ont peu de temps et d'argent, expliquent les sociologues.
Le livre est organisé autour de 7 mythes concernant l'alimentation, illustrant comment chacun d'eux résonne dans la vie des familles. D'une manière générale, les auteures montrent comment le fait d'encourager les gens à « cuisiner à partir de zéro » et à « retourner dans la cuisine » ne va pas résoudre les problèmes du système alimentaire.
Par exemple, beaucoup de gens suggèrent que le temps pour cuisiner est là, si seulement nous pouvions établir nos priorités. Mais cela ne tient pas compte des multiples directions dans lesquelles les parents sont appelés à mettre leur énergie ni de la façon dont les attentes en matière d'éducation des enfants ont augmenté avec le temps. Il ne s'agit pas seulement de préparer le dîner. On attend aussi des parents qu'ils fassent la lecture à leurs enfants, qu'ils s'allongent par terre pour jouer avec eux, qu'ils les aident à faire leurs devoirs et leur apprennent à être de bons citoyens. Aujourd'hui, les parents ont moins de temps libre que les générations précédentes.
Et ce n'est pas seulement le temps que les parents ont (ou n'ont pas). Beaucoup de travailleurs ont des horaires instables, ce qui a évidemment un effet sur la façon de cuisiner.
Un autre exemple est l'idée d'« acheter plus intelligemment pour mieux manger
». C'est l'idée que les pauvres pourraient manger sainement, s'ils apprenaient à faire leurs courses et à cuisiner plus intelligemment. Mais peu importe le nombre de ventes dont ils profitent ou de coupons qu'ils coupent, le fait est que beaucoup de gens n'ont tout simplement pas assez d'argent à dépenser en nourriture. Par ailleurs, plusieurs demeurent dans des déserts alimentaires et doivent effectuer de longs trajets dans des transports en commun mal adaptés pour se procurer des aliments sains.
Les femmes dont l'étude rapporte l'expérience font déjà beaucoup d'efforts. Mais ne pouvant réussir à suivre les recommandations autant qu'elles le souhaitent, elles vivent beaucoup de culpabilité et de honte au sujet de la nourriture, rapportent les auteures.
Les obstacles que ces femmes rencontrent montrent clairement que la crise alimentaire est profondément liée à des crises connexes, notamment l'inégalité des revenus, le filet de sécurité fragile, des transports publics inadéquats et la pénurie de logements abordables, soulignent-elles.
Entre autres initiatives, les sociologues aimeraient que les écoles et d'autres institutions, en collaboration avec des cuisines commerciales, mettent en commun leurs ressources, peut-être en s'associant à des fermes locales, afin de fournir des repas nutritifs et abordables que les familles pourraient apporter à la maison.
Par ailleurs, des réglementations gouvernementales seraient nécessaires pour contrer le système alimentaire toxique.
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Psychomédia avec sources : NC State University, Thinking Food - University of Minnesota, Oxford University Press, New York Times, The Atlantic, The Atlantic.
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