Un programme de fidélisation du laboratoire Pfizer pour son médicament Lipitor contre le cholestérol, soulève une controverse au Québec, rapporte la Presse Affaires. Le Lipitor (atorvastatine, Tahor), de la classe des statines, était le médicament le plus vendu au monde en 2009. Les brevets pour ce médicament sont échus au Canada depuis 1 mois. Des versions génériques à moitié prix sont disponibles sur le marché.
Pfizer a réagi en remboursant directement aux patients la différence de prix entre le Lipitor et le générique, au moyen d'une «carte de continuité Lipitor». Mais il ne rembourse pas la partie payée par les assurances privées et publiques.
Le Collège des médecins du Québec de son côté ne voit aucun problème éthique à ce que des médecins distribuent des cartes de fidélisation au médicament, même si ce geste risque d'entraîner d'importants coûts pour le régime public ou les assureurs privés. «Le médecin essaie d'offrir les meilleurs soins à son patient, merci, bonjour. Si ça soulève des questions commerciales, ça ne relève pas du Collège. Moi, que le médicament coûte 5, 10, ou 15$, je m'en contrefous», dit Yves Robert, secrétaire du Collège.
Position différente à la Fédération des médecins omnipraticiens du Québec qui «décourage les médecins de souscrire» au programme de Pfizer. «Nous, ce qu'on souhaite, c'est que tout le monde paie le prix le plus juste possible pour les médicaments dans l'intérêt des contribuables et des patients», dit Jean-Pierre Dion, directeur des communications.
De son côté, L'Association québécoise des pharmaciens propriétaires a demandé à ses membres de ne pas honorer les cartes de continuité de Pfizer.
Le gouvernement du Québec rembourse les médicaments d'origine pendant 15 ans, peu importe si leur brevet est échu ou non. La RAMQ remboursera ainsi le Lipitor jusqu'en juillet 2012 même si son brevet est échu.
En 2008, une étude publiée dans le Journal of the American Medical Association (Jama), qui avait analysé toutes les études des 25 dernières années comparant les médicaments de marques et génériques dans le domaine de la cardiologie, concluait que l'efficacité et la tolérance des génériques étaient aussi bonnes que celles des médicaments de marque.
Les auteurs s'étonnaient que les articles d'opinion et éditoriaux des revues médicales soient si souvent (53%) défavorables aux génériques en l'absence de preuves de différence de qualité. Cette négativité disproportionnée, faisaient-ils l'hypothèse, pourrait venir de données anecdotiques, de liens financiers entre les auteurs de ces articles et les compagnies pharmaceutiques ou de l'influence des publicités (les médicaments génériques ne sont pas publicisés).
Psychomédia avec source:
La Presse Affaires