L'American Heart Association et l'American College of Cardiology ont publié cette semaine de nouvelles recommandations concernant l'utilisation des médicaments anti-cholestérol de la classe des statines qui devraient augmenter considérablement leur prescription à des personnes en santé afin de prévenir les maladies cardiovasculaires.
Selon les nouvelles recommandations, deux catégories de personnes devraient prendre des statines:
Celles qui ont un risque cardiovasculaire élevé parce qu'elles ont le diabète ou ont déjà fait une crise cardiaque par exemples, ainsi que celles qui ont des niveaux très élevés de cholestérol LDL (190 ou plus). Jusqu'à maintenant elles devaient viser à abaisser leur niveau à 70, ce qui impliquait le plus souvent d'ajouter un autre médicament tel que le Zetia (ézétimibe) (1). Avec les nouvelles recommandations, il n'y a plus de cible à atteindre et les médicaments supplémentaires ne sont plus recommandés car il n'a jamais été démontré qu'ils contribuent à prévenir les crises cardiaques ou les AVC.
Toute autre personne dont le risque de crise cardiaque ou d'accident vasculaire cérébral (AVC) pour les 10 prochaines années est estimé à plus de 7,5%, comparativement à entre 10% et 20% jusqu'à présent. La prise en considération du risque d'AVC est une nouveauté par rapport aux recommandations précédentes. Les médecins sont invités à utiliser un nouveau calculateur de risque qui tient compte de la pression artérielle, de l'âge et du taux de cholestérol total, entre autres choses. Le critère d'un certain niveau de cholestérol (LDL), dit mauvais cholestérol, est éliminé.
Les nouvelles recommandations pourraient augmenter de 70% le nombre de personnes en santé qui prennent ces médicaments, indiquent les chercheurs John D. Abramson et Rita F. Redberg dans le New York Times. Elles bénéficieront à l'industrie pharmaceutiques plus qu'à quiconque, estiment-ils.
Ces médicaments, disent-ils, sont efficaces pour les personnes ayant une maladie cardiaque connue. Mais chez les gens qui ont un risque de moins de 20 % de développer une maladie cardiaque au cours des 10 prochaines années, les statines ne réduisent ni le risque de décès ni le risque de maladie grave, selon une étude publiée plus tôt cette année dans le British Medical Journal par Abramson et ses collègues.
Cet article montre, sur la base des mêmes données que celles sur lesquelles les nouvelles lignes directrices s'appuient, que 140 personnes de ce niveau de risque doivent être traitées pour prévenir une seule attaque cardiaque ou AVC. Sont ainsi traitées 139 personnes sur 140 sans aucun avantage, sans même une réduction du risque de décès ou de maladies graves, mais 18% d'entre elles subissent des effets secondaires sérieux: douleur ou faiblesse musculaires, diminution de fonction cognitive, risque accru de diabète (surtout pour les femmes), cataractes ou dysfonction sexuelle.
Peut-être plus dangereux, indiquent Abramson et Redberg, les statines fournissent une illusion de protection qui peut empêcher de prendre des mesures qui réduisent réellement le risque cardiovasculaire, telles que la réduction du tabac et de la sédentarité et l'amélioration de l'alimentation. De nombreuses personnes seraient beaucoup mieux servies, par exemple, en marchant simplement 10 minutes de plus par jour, disent-ils.
L'American Heart Association et l'American College of Cardiology sont fortement soutenus par les compagnies pharmaceutiques, précisent-ils.
Les patients doivent être sceptiques sur ces lignes directrices, disent-ils, et avoir un dialogue constructif avec leurs médecins sur les statines, incluant ce qui est démontré et ce qui ne l'est pas, avant de décider ce qui est le mieux pour eux.
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Psychomédia avec sources: New York Times, New York Times, British Medical Journal.
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