La moitié de la population canadienne (46 %) prend des produits pour aider à dormir, selon une étude publiée en décembre 2024 dans la revue Sleep Medicine.
Afin d'estimer la prévalence de l'insomnie et de l'utilisation de substances pour favoriser le sommeil dans la population, Charles Morin, de l'École de psychologie de l'Université Laval et ses collègues (1) ont interrogé 4027 personnes, âgées de 18 à 102 ans (moyenne de 50 ans), représentatives de la population adulte canadienne.
L'insomnie était définie selon les critères diagnostiques du DSM-5 (2). Plus de 16 % des participants présentaient des symptômes correspondant à ces critères.
Elles étaient insatisfaites de leur sommeil, avaient de la difficulté à trouver le sommeil et à demeurer endormies ou se réveillaient tôt. Leur manque de sommeil interférait avec leur fonctionnement quotidien et leur occasionnait une détresse importante. Ces symptômes d'insomnie se manifestaient au moins trois fois par semaine, depuis trois mois ou plus.
46 % des participants avaient eu recours, dans les 12 mois précédant l'enquête, à des produits pour les aider à dormir. « C'est presque deux fois plus que ce que nous avons mesuré il y a 16 ans
», observe le chercheur.
Les produits utilisés se répartissaient comme suit :
- 28,7 % avaient utilisé des produits naturels ou des aides au sommeil en vente libre comme la valériane et la mélatonine ;
- 15,6 % avaient utilisé des produits dérivés du cannabis ;
- 14,7 % avaient utilisé des médicaments prescrits ;
- 9,7 % de l'alcool.
Les femmes étaient plus nombreuses à avoir utilisé des médicaments prescrits et des produits naturels ou des médicaments en vente libre, tandis que les hommes étaient plus nombreux à avoir consommé du cannabis et de l'alcool pour dormir.
Les personnes plus âgées (65 ans et plus) étaient plus nombreuses à prendre des médicaments prescrits, tandis que les jeunes adultes (18-35 ans) étaient plus nombreux à utiliser des produits naturels ou des médicaments en vente libre, du cannabis et de l'alcool comme aides au sommeil.
Le recours au cannabis atteint 28 % chez les 18-35 ans, précise Charles Morin. Tous groupes d'âge confondus, les personnes qui ont recours au cannabis en utilisent 4 fois par semaine, en moyenne.
La popularité du cannabis comme autotraitement de l'insomnie est préoccupante, estime Charles Morin. « Il n'y a aucune donnée probante indiquant que le cannabis est efficace et sécuritaire contre l'insomnie. Par contre, ses effets négatifs sur la santé mentale des jeunes sont bien documentés.
»
Exception faite des somnifères, les aides au sommeil n'ont pas été abondamment étudiées jusqu'à présent, souligne-t-il. « C'est notamment le cas de la mélatonine. Malgré son utilisation répandue, on connaît encore très mal les risques et les bienfaits de ce produit pour traiter l'insomnie.
»
L'intervention de première ligne recommandée contre l'insomnie est la thérapie cognitivo-comportementale, rappelle le chercheur, « qui a participé au développement de cette approche dont l'efficacité a été maintes fois démontrée
», rapporte le communiqué de recherche.
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Pour plus d'informations sur les moyens de combattre l'insomnie, voyez les liens plus bas.
(1) Lydi-Anne Vézina-Im, Si-Jing Chen, Hans Ivers, Colleen E Carney, Jean-Philippe Chaput, Thien Thanh Dang-Vu, Judith R Davidson, Geneviève Belleville, Dominique Lorrain, Ojistoh Horn, Rébecca Robillard.
(2) DSM-5, 5e édition du « Diagnostic and Statistical Manual of Mental Disorders », American Psychiatric Association, 2013. Traduction française : Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux, Masson, 2015. La première édition du DSM a été publiée en 1952.
Psychomédia avec sources : Sleep Medicine, Université Laval.
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