Les différences individuelles dans les façons de se raconter sa vie sont associées au bien-être psychologique et permettent de le prédire, suggèrent des études.
L'identité narrative, qui est formée par l'histoire qu'une personne construit pour expliquer comment elle est devenue la personne qu'elle est ou qu'elle devient, fait partie de la personnalité selon un modèle influent dans le domaine de la psychologie narrative.
Le modèle propose trois niveaux à la personnalité :
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les traits de personnalité, qui sont les tendances générales ;
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les caractéristiques de l'adaptation, qui incluent les buts, les valeurs, les désirs, les croyances, les préoccupations et les mécanismes d'adaptation (le soi comme agent motivé) ;
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l'identité narrative, qui est constituée par les histoires de vie qui donnent un sentiment d'unité et de sens (le soi autobiographe).
Les traits ont été amplement étudiés, ce qui a mené au modèle largement reconnu des cinq grands facteurs de la personnalité (« Big five ») et à des variantes telles que le modèle HEXACO (« Big six »). (TEST : Quels sont vos grands traits de personnalité ?)
Alors que les niveaux de l'adaptation et de l'identité narrative ont été beaucoup moins étudiés. Les connaissances s'y rapportant sont beaucoup moins structurées. Il manque de langage commun, ce qui rend difficile l'organisation de la recherche et l'intégration des résultats.
Afin de contribuer à pallier à cette lacune, une équipe d'une douzaine de chercheurs, dont les travaux ont été publiés en 2020 dans le Journal of Personality and Social Psychology, se sont penchés sur l'identité narrative.
Kate C. McLean de la Western Washington University et onze collaborateurs spécialistes du domaine (1) ont réalisé une revue de la littérature afin de recenser les caractéristiques des récits qui ont été étudiées et d'explorer comment elles peuvent être organisées. Ils ont ensuite vérifié si cette organisation permettait de mieux comprendre les liens entre les récits de vie et le bien-être avec deux groupes de jeunes adultes et un groupe de volontaires d'âge moyen (total de 855 volontaires).
L'identité narrative
Les gens construisent et racontent des histoires sur leur vie et sur eux-mêmes. Ces histoires sont importantes pour leur fonctionnement actuel et futur.
Des méthodes utilisées pour étudier ces récits consistent à demander à des volontaires de raconter les hauts et les bas de leur vie, les souvenirs qui les définissent le mieux et les tournants de leur vie, qui constituent tous des moments importants qui peuvent servir à alimenter le récit de leur vie.
« Construire des histoires sur ces événements mémorables et significatifs, leur donner un sens, les relier entre eux pour former une histoire de vie plus large, et les réviser à mesure que de nouvelles informations et de nouveaux événements apparaissent et que la compréhension de soi se développe est un mécanisme puissant et dynamique du fonctionnement psychologique
», soulignent McLean et ses collègues.
Lorsqu'on se souvient d'un événement passé, ce n'est pas l'événement lui-même qui est au centre de la compréhension de la personne, mais la façon dont elle construit l'événement sous forme narrative. Ce sont les caractéristiques de cette narration les plus pertinentes pour le fonctionnement psychologique que les chercheurs sont intéressés à saisir.
Quelques auteurs ont suggéré des structures pour organiser les caractéristiques des récits. Parmi celles-ci, celle précédemment proposée par deux des auteurs de la présente étude, Jonathan M. Adler et Jennifer Lodi-Smith avec leur équipe (2), semble toujours pertinente à la lumière de la littérature récente.
Ils ont proposé (2016) quatre catégories de caractéristiques : les thèmes affectifs, les thèmes motivationnels, les thèmes de signification intégrative et les éléments structurels.
Les thèmes affectifs
La composante affective du récit concerne l'émotion. Les chercheurs ont souvent examiné la trajectoire du mouvement d'un récit, principalement les changements du début à la fin d'un récit. Ceci est capturé par les concepts :
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de rédemption (mouvement du négatif au positif) ;
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et de contamination (mouvement du positif au négatif).
Les thèmes motivationnels
La composante motivationnelle de la narration saisit les orientations dans les objectifs et préoccupations générales de la vie. Les concepts les plus courants de cette catégorie sont :
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l'agentivité : l'autonomie et la motivation à influencer les autres ou les circonstances de la vie ;
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et la communion : les préoccupations relatives aux relations interpersonnelles.
Les raisonnements autobiographiques
De manière générale, la fonction de ce processus de raisonnement est de donner un sens aux événements importants de sa vie, en établissant une continuité temporelle personnelle. Les individus peuvent aborder cette tâche de construction de sens de différentes manières. Par exemple,
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les approches assimilatrices intègrent les nouvelles expériences dans les trames narratives existantes ;
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tandis que les approches accommodantes exigent une révision substantielle des histoires personnelles actuelles ou la création de nouvelles trames narratives afin d'inclure les nouvelles expériences.
Certains événements de la vie peuvent ne pas être intégrés à la compréhension de soi au sens large, alors que d'autres le sont.
Les éléments structurels
La structure peut être considérée comme une composante architecturale de la narration, moins axée sur l'évaluation personnelle ou la signification de l'événement, et plus axée sur le degré d'élaboration et de cohérence de l'histoire. Elle comprend des aspects tels que les détails temporels, l'ordre du contenu ainsi que le degré et la complexité des détails nécessaires à l'orientation de l'audience.
Les chercheurs en psychologie cognitive, sociale et du développement ont également examiné l'élaboration des récits selon :
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des dimensions factuelles (détails observables, actions) ;
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et interprétatives (expérience psychologique, conscience).
L'étude auprès des trois groupes de volontaires a confirmé l'intérêt de cette structure pour examiner les liens entre les récits autobiographiques et le bien-être.
Les thèmes motivationnels et affectifs constituaient le facteur le plus fiablement lié au bien-être.
Le raisonnement autobiographique n'était pas lié de manière fiable au bien-être. Nombreux sont les chercheurs qui soutiennent que le raisonnement autobiographique est essentiel aux processus d'intégration de soi et de développement de l'identité, mais cela peut ou non être lié au bien-être. On peut comprendre le soi et son passé, mais cette compréhension n'est pas nécessairement liée au bien-être, à moins qu'elle ne soit liée à une interprétation positive.
Pour plus d'informations sur le bien-être psychologique, voyez les liens plus bas.
(1) Kate C McLean, Moin Syed, Monisha Pasupathi, Jonathan M Adler, William L Dunlop, David Drustrup, Robyn Fivush, Matthew E Graci, Jennifer P Lilgendahl, Jennifer Lodi-Smith, Dan P McAdams et Tara P McCoy.
(2) Frederick L Philippe et Iliane Houle.
Psychomédia avec sources : Journal of Personality and Social Psychology, Personality and Social Psychology Review.
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