Une brève formation aux stratégies de pleine conscience pourrait aider les grands buveurs à réduire leur consommation d'alcool, selon une étude publiée dans l'International Journal of Neuropsychopharmacology.
Il y a de plus en plus de données probantes qui appuient le recours à des thérapies basées sur la pleine conscience pour le « trouble d'utilisation de l'alcool » (p. ex. prévention des rechutes basée sur la pleine conscience, thérapie d'acceptation et d'engagement, thérapie comportementale dialectique), indiquent les auteurs.
Mais ces thérapies incluent diverses composantes qui contribuent collectivement à leur efficacité. Les effets isolés des stratégies de pleine conscience en soi restent ainsi peu clairs, expliquent-ils.
« La pleine conscience consiste en une conscience accrue, d'instant en instant, des processus et du contenu de l'esprit, sans jugement ni adhérence. En tant que tel, ce processus est antithétique à la fixation et à l'élaboration des états de désir qui caractérisent les dépendances.
»
De nombreux traitements psychosociaux pour les problèmes d'alcoolisme et de toxicomanie, comme la thérapie cognitivo-comportementale classique, consistent en procédures de « régulation émotionnelle » qui visent explicitement à réduire l'occurrence et l'intensité du besoin. La relaxation est une stratégie prototypique de régulation des émotions, couramment utilisée dans les traitements pour réduire l'activation physiologique associée au désir de boire ou de consommer des drogues, aux affects négatifs ou au stress.
Alors que les approches basées sur la pleine conscience ne visent pas à dissiper ou à modifier l'envie ou les pensées et sentiments qui y sont associés. Elles visent simplement à porter attention, sans porter de jugement, à l'apparition du besoin, son intensification et sa diminution graduelle, suivie d'autres survenues.
En examinant ces expériences subjectives sans porter de jugement, la personne apprend sur sa tendance habituelle à réagir par réflexe aux envies. Elle apprend également qu'elle peut appliquer l'observation non réactive aux pulsions qui activent normalement des tendances d'action automatisée (compulsions).
Sunjeev Kamboj de l'Unité de psychopharmacologie clinique de l'Université College London et ses collègues ont mené cette étude avec 68 hommes et femmes qui buvaient beaucoup sans toutefois rencontrer les critères diagnostiques du « trouble d'utilisation de l'alcool ».
Ils ont comparé les effets d'explications et d'instructions enregistrées portant sur la pleine conscience d'une durée de 11 minutes à des explications et instructions portant sur la relaxation. La pratique subséquente n'était pas supervisée.
Pour ce qui est de la relaxation, le groupe s'est fait dire, par exemple, que l'intensité du désir peut être réduite en « diminuant la tension des muscles... en calmant et détendant l'esprit... en relâchant la tension dans le corps » et que cela permet de transformer les sensations en expériences plus apaisantes et moins désagréables. Il était précisé que c'était un moyen de contrôler l'envie de boire.
Alors que les instructions sur la pleine conscience n'incluaient pas de mention de réduction ou de contrôle de l'envie, ou de transformation ou de régulation de l'expérience interne. Il était précisé que le but n'était pas simplement de se détendre, mais d'être alerte et attentif. L'accent était mis sur la « surveillance ouverte » de l'expérience et en particulier sur la « conscience des sentiments et des sensations corporelles » et sur « le fait de vivre différemment l'expérience de l'envie ». Il leur était dit qu'en remarquant les sensations corporelles, ils pouvaient les « ressentir comme des événements temporaires dans le corps », ce qui les aidait à les « tolérer sans agir ».
Dans les deux groupes, aucune mention des termes « pleine conscience » ou « relaxation » n'était faite.
Les deux groupes ont connu une réduction de l'envie de boire après l'entraînement. Cette réduction était plus importante dans le groupe de relaxation que dans le groupe de pleine conscience. De plus, une augmentation de l'activité du système nerveux parasympathique (responsable de la réponse physiologique de relaxation) était constatée après les instructions aur la relaxation, mais pas après les instructions sur la pleine conscience.
Mais seul le groupe de pleine conscience a diminué sa consommation au cours de la semaine qui a suivi. Les participants ont, en moyenne, consommé 9,3 unités d'alcool de moins que la semaine précédente.
« Une pratique très brève de pleine conscience peut réduire de façon significative la consommation d'alcool chez les buveurs à risque, même avec un minimum d'encouragement à utiliser cette stratégie en dehors du contexte expérimental
», concluent les chercheurs.
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Psychomédia avec sources : University College London, International Journal of Neuropsychopharmacology.
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