Les diagnostics de certains troubles psychiatriques pourraient être abandonnés et les critères pour d'autres troubles pourraient être modifiés de façon importante dans la prochaine édition, la cinquième, du Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux (1) dont la publication est prévue pour 2012.
Le trouble schizo-affectif et le trouble de l'identité sexuelle font partie de ceux qui pourraient être retirés, selon des membres des groupes de travail sur la révision qui ont pris la parole au congrès annuel de l'American Psychiatric Association.
Il est prévu que des essais sur le terrain de critères diagnostics révisés débutent cet été et que les résultats soient prêts pour analyse vers le milieu 2010, a indiqué David Kupfer de l'Université de Pittsburgh qui dirige la révision.
William Carpenter de l'Université du Maryland et président du groupe de travail sur la psychose, a fait part que son équipe avait considéré de classer le trouble bipolaire (auparavant appelé psychose maniaco-dépressive ou maniaco-dépression) dans la catégorie des troubles psychotiques plutôt que dans la catégorie actuelle des troubles de l'humeur. Mais il reconnaît qu'un tel changement rencontrerait une forte opposition et qu'il est peu probable qu'il se fasse.
D'un autre côté, dit-il, l'équipe souhaite éliminer le trouble schizo-affectif. L'ajout des évaluations dimensionnelles, sur des caractéristiques telles que la dépression, l'anxiété, les déficits cognitifs et la déformation de la réalité, qui peuvent apparaître en conjonction avec une grande variété d'affections psychiatriques et somatiques, rend possible l'abandon de ce diagnostic largement utilisé, dit-il. Ce diagnostic pourrait être remplacé par celui de schizophrénie avec une forte dimension au niveau de l'humeur.
Par ailleurs, la catatonie sera probablement enlevée comme composante de la schizophrénie.
Le groupe penche aussi fortement vers la proposition d'un nouveau syndrome de risque pour les personnes, spécialement les jeunes, qui sont fortement prédisposées à la schizophrénie et d'autres troubles psychotiques, selon les recherches. Mais, reconnaît-il, il y a un danger, en créant une telle classification, de stigmatiser des gens diagnostiqués à risque mais qui n'ont pas de pathologie manifeste.
De son côté, Katharine Phillips de l'Université Brown qui dirige le groupe de révision des troubles anxieux, rapporte que l'obsession d'accumulation pourrait être ajoutée à la famille des troubles obsessionnel-compulsifs comme un trouble séparé.
Des questions ont été posées sur l'intégration aux critères diagnostiques de tests génétiques ou de résultats d'imagerie cérébrale. "Ce n'est pas sur la table, du moins dans son domaine (les troubles anxieux)" a précisé, Dr. Phillips. "Je crois qu'actuellement, il n'est pas clair pour notre groupe s'il y a assez de données de la neuropsychologie reproductibles, sensibles et spécifiques qui nous permettraient de les incorporer dans les critères diagnostiques", dit-elle. Dr. Carpenter abondait dans le même sens par rapport aux troubles psychotiques.
Une question relative au DSM V qui retient l'attention en dehors de la communauté psychiatrique est celle du trouble de l'identité de genre qui est actuellement inclu dans le DSM-IV comme un trouble sexuel.
Les groupes de défense des personnes transsexuelles font des représentations afin que ce diagnostic soit aboli. Un groupe de travail de quatre experts a été chargé de développer des recommandations. Deux d'entre eux étaient présents au congrès. Drs Peggy Cohen-Kettinis de l'Université VU d'Amsterdam et Jack Drescher, psychiatre de New York et auteur de plusieurs livres sur le sujet, ont indiqué que le groupe approchait d'une décision sans préciser si le diagnostic serait éliminé ou s'il subirait des modifications.
(1) Diagnostic and Statistical Manual of Mental Disorders, publié par l'American Psychiatric Association.
Psychomédia avec source:
Medpage Today
DSM-V, Revision du manuel des diagnostics psychiatriques: Interview vidéo (en anglais)
Liens entre experts définissant les troubles mentaux et cies pharmaceutiques
Conflits d'intérêts entre psychiatrie et industrie: l'APA pose un geste (É-U)