Je ne sais pas par où commencer et je peux juste résumer en deux mots mon problème, je suis "amoureuse d'un schizophrène" depuis 3 ans, mais je n'en ai pris conscience réellement de son problème qu'il y a deux mois environ.
Je n'arrivais pas à comprendre son comportement étrange et incohérent et c'est un jour en tombant sur le poème d'un schizophrène que j'ai fait le rapprochement car il écrit beaucoup aussi et un de ses poèmes était très similaire. Ca m'a fait comme un choc, et j'ai tout de suite fait le rapprochement. A partir de ce moment, j'ai passé du temps à essayer de savoir ce qu'était réellement la schizophrénie et plus je lisais plus ça me faisait peur car j'y découvrais son comportement à au moins 90 %, notamment pour n'en citer quelques uns, il a été de l'âge de 17/18 ans à 25 ans, clinophile, il vivait la nuit et dormait le jour, ne travaillait pas, il avait arrêté ses études, et il a un gros problème d'affectivité, il ne sait pas aller vers moi ou très rarement, il a une froideur étrange, des idées suicidaires, et des idées très bizarres sur la vie, la société, il est complètement décalé de la réalité, il a fait beaucoup de références à Dieu, à Satan dans ses écrits alors qu'il dit ne pas être croyant etc... Il m'avait même dit il n'y a pas longtemps que Dieu lui avait parlé, à ce moment là, j'ai cru que c'était comme une boutade mais maintenant à la lumière de ce que je sais, ça me fait peur. Il vit seul depuis 1 an, a un travail et il s'est amélioré un peu, mais il n'a toujours pas d'ami à part moi, aucun contact extérieur à part son boulot, sa famille qui est très spéciale elle-aussi, son frère a de gros problèmes et il est suivi par une assistante sociale et ne rentre à la maison que le week-end car il posait de graves problèmes dans son lycée, il ne connait pas la tendresse ni par sa mère ni par son père, jamais de témoignage d'affection, rien, le père dort dans sa voiture ou sur le canapé depuis des années. Voilà pour résumé en quelques mots son entourage.
Mon ami est un garçon très intelligent pourtant mais bon c'est bien ça le problème, je crois qu'il ne veut pas admettre son problème psychologique et ne se fera jamais soigner, moi je ne peux rien faire, j'habite à 300 kms de chez lui et on ne se voit pas souvent. Pour lui, je suis à la fois la femme de sa vie et son ennemie, il m'aime et il me hait, c'est atroce comme comportement. Dernièrement il a écrit une lettre que je vais joindre après, moi j'ai tellement eu peur que j'avais téléphoné à son père pour qu'il aille chez lui en pleine nuit vérifier qu'il ne lui était rien arrivé. Suite à ça, il a eu l'air d'aller mieux, il était presque "normal" et au bout de quelques semaines, il a replongé. Il me dit que lorsqu'il ne va pas bien, qu'il est en colère, il déconnecte son esprit et il s'isole dans sa tête. Je l'ai vu aussi avoir un comportement autistique, suite à une dispute, il se balançait d'avant en arrière et en silence, pendant de longues minutes jusqu'à ce qu'il finisse par s'endormir la tête sur mes genoux, je ne savais plus quoi faire.
J'ai parlé à mon médecin qui me connait bien et qui suit "mon histoire" depuis 3 ans, et elle m'a conseillé surtout de ne pas rentrer dans ses délires sous peine que je plonge à mon tour, mais heureusement je suis quelqu'un de très équilibré et c'est une chance car au début j'ai failli me suicider à cause de son attitude mais je m'en suis sortie sans aucun médicament ni psy, je me suis prise en main et j'ai réussi à tout surmonter.
Je voudrais l'aider, je ne sais pas quoi faire, et moi je pense qu'il pourrait sûrement guérir avec l'amour, est-ce que c'est une utopie ? Est-ce que c'est possible sans prendre aucun médicament ni suivre de thérapie ? Je suis une femme très têtue et je suis persuadée que l'amour peut faire des miracles alors si quelqu'un avait eu une expérience similaire et pouvait me donner quelques conseils quant au comportement que je dois adopter avec lui car je ne veux pas l'abandonner, je l'aime vraiment et il le sait et je sais aussi qu'il tient à moi malgré parfois son comportement vraiment méchant parfois.
De plus, je pense qu'il a aussi une phobie, la peur d'aimer, j'ai lu un article à ce sujet et c'est tout lui, entre nous au début ça s'est passé très très vite, il était fou amoureux et quand je lui ai montré à quel point je l'aimais, il m'a rejeté méchamment. Puis quand j'ai commencé à m'éloigner il m'a de nouveau fait une déclaration d'amour, il voulait même qu'on vive ensemble, mais je me méfiais, et j'ai eu raison car à peine une semaine après, il m'a de nouveau rejetée, disant qu'il m'avait demandé de vivre avec lui "pour que ça foire et que je comprenne que c'était pas possible". C'est quand même un comportement vraiment anormal. Et là dernièrement, il me dit que je ne suis pour lui qu'un souvenir, alors qu'il me parle, qu'on va se revoir etc... De plus lui qui disait vouloir se rapprocher de moi, veut maintenant aller vivre avec sa soeur qui fait encore des études ! Moi je n'y comprends vraiment rien du tout.
Ce qui m'a marqué le plus dans la fameuse lettre c'est qu'il ne dit pas un mot sur moi, c'est comme une sorte de négation totale et absolue de mon existence, j'avais l'impression de ne jamais avoir existé pour lui, pourtant quand il va mal c'est de moi qu'il a besoin, c'est à moi qu'il parle et qu'il confie son mal de vivre, alors pourquoi cette négation ?
Je la joins telle qu'elle est sans en changer une ligne. Moi aussi j'écris des poèmes mais ils sont bien différents.
Merci de m'avoir lue jusqu'au bout, je cherche désespéremment des réponses et même si je sais que personne n'a LA solution, peut-être que quelqu'un pourra m'aider un peu, à mieux l'aider LUI.
Voici sa lettre :
Lettre du suicidé.
Il est des maux qu'on ne guérit jamais ou laissent de profondes marques, la vie en est un. Le trop-plein de larmes a noyé mon cerveau et emporte mon âme dans les plus froides abîmes. Je suis si fatigué de mentir, si désabusé de jouer le jeu de l'apparence dans cette hypocrisie générale. Si las de rêver que je sors du cauchemar. Je ne veux plus penser, je ne veux plus croire aux chimères humaines.
Ma curiosité meurt lentement, je ne veux plus voyager. Il n'existe plus de recoins inhabités, m'est insupportable l'idée que j'admire les derniers soubresauts de notre planète agonisante. Pire, je n'éprouve plus la tristesse, je ne suis même plus sûr d'avoir su aimer.
Ce mal de vivre ne guérit pas, tout juste peut-on calmer ses effets mais il faut faire avec. Pour déconnecter mon cerveau, j'aurai pu me laisser glisser dans des folies diverses : alcool, drogue, sexe, consommation. Mais sur ma vie, je ne veux plus réfléchir : devant le miroir, chacun son rôle. Ainsi le fou du roi est devenu mon idole, quel secret lui permet-il d'accepter sa lucidité ? Les vrais clowns sont toujours tristes, j'envie aussi leur force. Heureux les innocents ne prenant pas conscience de la science des cons !
J'ai longtemps haï mon père de ne pas avoir rendue maman heureuse. Mais le vrai bonheur n'existe pas dans ce monde, nous le comprenons tous un jour ou l'autre. Et nous cherchons tous à occulter cette triste vérité dans nos cocons d'amour égoïste. Je vous suis semblable, n'en doutez pas, je suis simplement resté chenille, et bien rares sont les papillons… Innombrables, par contre, sont les cocons brisés, source intarissable de haine douloureuse. Mais moi, je n'ai rien perdu, mon cocon n'existe pas, comment pourrais-je hurler ma douleur ?
L'espoir fait vivre mais je n'en ai plus. La résignation silencieuse a supplanté ma révolte bâillonnée. De paria, je suis devenu misanthrope, le temps des Hommes a trop vite érodé ma foi en lui. Je vous laisse désormais aboyer votre arrogance, votre bêtise me fascinera toujours.
Et quand la fin sera venue, certains dénonceront mon acte de lâcheté. Ils auront raison. Jamais, la vie ne m'a donné ce Grand Amour qui aurait révélé ma bravoure. Et si jamais je me loupe, ne croyez pas m'avoir sauvé, car vous tous, sans le savoir, êtes en péril
Si Dieu nous a fait à son image, je ne veux pas rejoindre son paradis bondé. J'ai largement eu mon quota d'humains sur Terre. Je n'ai pu exprimer une fois de plus que ma morosité enfouie. Qu'à cela ne tienne, ce n'est pas grave, vous oublierez vite tout çà dans votre quête perpétuelle de futilité.
--------------------------------------------------------------------------------
Cette missive ne changera pas le monde, non. Puisse-t-elle au moins déculpabiliser ma famille, mes seuls proches. Je suis heureux de quitter l'humanité, enfin libéré de mes 20 dernières années de souffrance solitaire. En amour, point de mensonges ou de secrets inavouables, n'est-ce pas ? Je vous aime vous quatre et toi aussi le sac à puces, bête à chagrin. Vous avez toujours été un frein à mes idées suicidaires. Mais la vie m'a précipité trop vite, nulle famille n'a la force de stopper le monde. J'ai dépassé le point de non-retour, et mon cocon d'enfant s'efface à l'horizon.