Mighetto
Je commence par répondre à ton post, ton histoire m’a beaucoup émue…
Mais je ne suis pas psy, j’ai envie de t’aider mais j’ai peur de mal le faire. J’ai envie de te dire que l’on ne peut jamais se mettre à la place des autres et surtout jamais penser à leur place. Ton ami « met à l’ avant », en justifiant sa manière de quitter les gens et tenter de recommencer, la peur d’être abandonné. C’est ce qu’il t’a dit et c’est ce que tu as « entendu ». Possible mais peut être qu’il y a d’autres choses aussi dont il n’est même pas vraiment conscient lui-même. Ne fut ce, par exemple, être,lui aussi dans une course de l’idéal, dans un mal être permanent et dans sa «fuite perpetuelle il espère recommencer « autre » chose, sur d’autres bases, afin d’ atteindre un impossible rêve…Je suis un peu comme cela.
Tu dis que c’est dur de le laisser crever sans rien faire, je suppose qu’il a d’autres problèmes : alcool, drogue ou je ne sais pas autodestruction.
Il y a, mighetto, des gens pour qui malheureusement on ne peut rien faire… ma meilleure copine s’est suicidée elle été tombée dans l’alcool. C’est vraiment dur de se dire qu’on n’a pas réussi à l’aider., pas réussi à la remettre sur les rails pour un nouveau départ. Pourtant, j’ai vraiment essayé mais je pense aussi que, parfois, tout donner ne suffit plus. Il y a quelque chose en eux qui est plus fort que tout, la volonté de se détruire...Ma fille s’est droguée durant 12 ans, et elle aussi, elle ne comprenait pas…Je donnais, je donnais (ce qui était bon pour moi) mais ce n’est pas de ca qu’elle voulait.
Un jour, une psy m’a dit donnez moi un morceau de papier et un stylo, je vais vous écrire quelque chose :
« J ai tout fait pour elle… », et cela vous l’avez fait .
« J’étouffais pour elle… » et cela ne vous ne pouvez pas faire, vous avez d’autres enfants, d’autres responsabilités…
Je suis rentrée chez moi, j’ai collé le papier sur le mur et je l’ai relu très souvent.. Il faut que les choses dites et qui ébranlent comme cela fassent un cheminement. Mais je sais que j’ai changé et que je suis un peu sortie de l’ »assistanat », le « faire à sa place », le penser à sa place, le payer à sa place et elle s’est retrouvée petit à petit devant ses responsabilités. elle a du , aussi, assumer ses propres choix. Ce fut, pour moi, vraiment difficile, elle était très loin dans la drogue, à chaque fois elle risquait l’overdose, elle vivait avec son dealer, elle aurait fini en prison. Elle s’est fait désintoxiquer sans en parler le jour ou elle a su qu’elle était enceinte. Elle a quitté son ami. Son petit garçon a déjà 7 ans, elle vit seule avec lui…elle s’en occupe super bien, parfois même elle me fait la morale.
La pitié, par exemple, n’est pas un sentiment glorieux.. Si vous avez pitié d’un handicapé, vous ne voyez plus que son handicap, vous ne l’autorisez à exister que en tant que handicapé. Vous êtes incapable de voir ses autres facettes et finalement, vous l’étouffez. Tout le monde à d’autres facettes qui permettent de « rebondir » après un accident par ex, elles sont à explorer, à découvrir, à essayer, à rater, à recommencer pour arriver à se reconstruire et…à y parvenir…
D’après, ce que tu dis, il a choisi de partir..c’est sa liberté qu’il faut respecter.
Tu n’as pas à te culpabiliser, tu as donné ce que tu était capable de donner par rapport à ta propre histoire, ta propre enfance, par rapport à tes propres souffrances et tes propres peurs. Peut être, qu’aujourd’hui cela ne lui suffit plus ?
Pour toi c’est difficile, je sais, mais tu dois, je pense le laisser faire et accepter., lui rendre cette liberté d’aller vivre ailleurs d’autres expériences…Ok, tu vas dire (ce que je me dirai aussi), c’est facile a dire, elle n’est pas dans le cas..c’est vrai, mais je l’ai été et je sais que cela fait très mal. C’est les coups durs qui, dans la vie, permettent une lente remise en question, qui fait le changement et qui nous enrichit. J’ai connu des « chagrins d’amour », j’ai cru que j’allais mourir… et bien non, je suis là. Avec le temps, aussi incroyable que cela puisse paraitre, la douleur s’estompe. Ca parait même horrible de dire cela quand on est dedans, je sais..
Toutes mes « histoires « , je les ai rangées dans un petit tiroir. Parfois je les ressort et j’y pense…elles sont de « belles histoires » importantes pour moi, je me dis que j’ai rencontré des gens intéressants et que j’ai eu avec eux des moments extraordinaires qui ont fait la richesse de ma vie. N’est ce pas la grande qualité de l’éphémère ? Le « toujours » n’enlève-t-il pas la grandeur en sombrant dans le monotone ?
Je te demande..je ne sais pas.
Bon, encore une fois je l’ai faite bien longue, (ma tête est aussi pleine que la tienne mer bleue). Ce sont des idées, des réflexions, des choses que j’ai lue…parce que, tu sais, malgré tout ce que je raconte je n’ai pas encore prouvé grand-chose…
Je répondrais à ma petite mer bleue, demain sinon vous serez découragés avant de commencer.
Merci à vous de m’écrire et de me lire