Une intervention alimentaire consistant à réduire l'apport en glutamate chez des vétérans américains souffrant du syndrome de la guerre du Golfe a permis de réduire la douleur, la fatigue et le nombre total de symptômes après un mois, dans un essai clinique dont les résultats ont été publiés en août 2020 dans la revue Nutrients.
Une alimentation à faible teneur en glutamate monosodique s'est déjà révélée efficace pour réduire les symptômes de la fibromyalgie, indique Kathleen F. Holton de l'American University.
Le glutamate, qui est un exhausteur de goût couramment ajouté sous diverses formes aux aliments, fonctionne également comme un important neurotransmetteur du système nerveux.
Le syndrome de la guerre du Golfe (SGG) est un trouble neurologique chez les vétérans qui ont servi pendant la guerre du Golfe persique de 1990 à 1991 et ont été exposés à diverses neurotoxines. Il est caractérisé par des douleurs généralisées, de la fatigue, des maux de tête, un dysfonctionnement cognitif et des symptômes gastro-intestinaux.
Comme les symptômes du SGG sont similaires à ceux de la fibromyalgie, le ministère américain de la Défense finance la recherche sur des traitements déjà testés contre la fibromyalgie.
L'étude a été menée par Kathleen Holton et ses collègues avec 40 vétérans souffrant du SGG. Ils ont été randomisés à commencer immédiatement le changement alimentaire ou à faire partie d'un groupe contrôle. Après avoir suivi le régime pendant un mois, ils ont reçu du glutamate monosodique ou un placebo pour vérifier si les symptômes revenaient.
La réintroduction du glutamate, comparativement au placebo, a entraîné une variabilité de la réponse des participants, certains ayant vu leur état s'aggraver, tandis que d'autres ont vu une amélioration. Cela suggère que si une alimentation pauvre en glutamate peut effectivement réduire les symptômes généraux, la douleur et la fatigue dans le SGG, des recherches supplémentaires sont nécessaires pour comprendre comment elle peut modifier la façon dont le glutamate est géré dans le corps, et le rôle spécifique que les nutriments peuvent jouer dans ces améliorations, soulignent les chercheurs.
Le glutamate est plus facilement identifié lorsqu'il se présente sous la forme de l'additif alimentaire MSG ; mais il apparaît le plus souvent caché sous de nombreux autres noms d'additifs alimentaires dans les aliments transformés. Les Américains consomment également du glutamate dans certains aliments où il est présent naturellement, comme la sauce de soja, la sauce de poisson, les fromages vieillis comme le parmesan, les algues et les champignons.
Le glutamate est connu pour jouer un rôle dans la transmission de la douleur, où il fonctionne comme un neurotransmetteur excitateur dans le système nerveux. Lorsqu'il y en a trop, il peut perturber la signalisation ou causer la mort de cellules, dans un processus appelé excitotoxicité.
Des recherches antérieures ont montré que le glutamate est très présent dans les zones du cerveau traitant la douleur chez les personnes souffrant de fibromyalgie et de migraine. Des concentrations élevées de glutamate ont également été liées à l'épilepsie, à la sclérose en plaques, à la maladie de Parkinson, à la SLA, à des dysfonctionnements cognitifs (dont la maladie d'Alzheimer) et à des problèmes psychiatriques tels que la dépression, l'anxiété et le syndrome de stress post-traumatique, indique le communiqué des chercheurs.
Dans ses recherches, Holton limite l'exposition au glutamate, tout en augmentant l'apport de nutriments connus pour protéger contre l'excitotoxicité. Elle analyse la manière dont l'alimentation affecte les fonctions cognitives, l'activité des ondes cérébrales, les niveaux de glutamate dans le cerveau et les fonctions cérébrales à l'aide de l'IRM.
Dans cette étude avec des vétérans, l'alimentation pauvre en glutamate était composée d'aliments entiers contenant peu d'additifs et étant riches en nutriments. Holton théorise que la consommation accrue de nutriments qui protègent contre l'excitotoxicité pourrait avoir conduit à une meilleure régulation du glutamate dans le système nerveux. L'étude et le régime alimentaire testés chez les vétérans étaient similaires à ses études précédentes, où elle a observé des améliorations chez les personnes atteintes de fibromyalgie, ainsi que chez les villageois kenyans vivant avec des douleurs chroniques.
Il faudra d'autres recherches pour déterminer si la réduction de l'exposition au glutamate peut être utilisée comme traitement de la douleur chronique généralisée et d'autres symptômes neurologiques chez les vétérans américains atteints du SGG. La chercheure recherche actuellement des fonds pour une prochaine étude qui permettra de recruter 120 vétérans pour un essai clinique de phase 3 afin de confirmer les résultats de l'étude dans un groupe plus large, et d'explorer davantage les mécanismes de ces effets.
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Psychomédia avec sources : American University, Nutrients.
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