« Malgré une abondante littérature scientifique », le rôle de l’alimentation pour limiter l'impact sanitaire de la COVID-19 « a été sous-médiatisé », déplorent Michel Duru et Anthony Fardet, chercheurs à l'Institut national français de recherche pour l'agriculture, l'alimentation et l'environnement (IRSTEA), sur le site The Conversation.

Les auteurs expliquent d'abord les mécanismes en cause avant de décrire les caractéristiques d'une alimentation préventive. Ils soulignent notamment le rôle et l'importance de la vitamine D et d'un microbiote en santé dans la réponse immunitaire.

L’alimentation de type occidental

« L’alimentation de type occidental est pauvre en fibres, et riche en aliments ultra-transformés et en produits animaux issus d’une alimentation à base de céréales et tourteaux de soja. Ces caractéristiques favorisent l’inflammation qui augmente les risques de maladies chroniques et de sensibilité aux maladies infectieuses.

Un mauvais état nutritionnel est associé à une inflammation et à un stress oxydatif, qui peuvent avoir un impact sur le système immunitaire. »

Une alimentation anti-inflammatoire et antioxydante

« Mais on connaît des constituants alimentaires à capacité anti-inflammatoire et antioxydante : la vitamine D (…), les vitamines C et E et des composés phytochimiques tels que les caroténoïdes et les polyphénols. »

L'inflammation et le stress oxydatif sont aussi associés à « des insuffisances en vitamines A, B6, B12, en oligo-éléments, dont le zinc, le fer, le sélénium, le magnésium et cuivre, et tout particulièrement en acides gras oméga-3 qui jouent un rôle important sur le système immunitaire ».

Il a également été démontré que les fibres alimentaires fermentées par le microbiote intestinal en acides gras à chaîne courte produisent des effets anti-inflammatoires. Enfin une consommation trop importante de produits ultra-transformés (35 % des calories en France) accroît le stress oxydant.

Une alimentation qui a un impact sur l’infection

« Des études épidémiologiques ont mis en évidence les composantes de l’alimentation qui réduisent ou amplifient les risques d’infection et de formes graves du COVID. »

« Chez 2884 agents de santé de première ligne de six pays (France, Allemagne, Italie, Espagne, Royaume-Uni, États-Unis), des personnes ayant des régimes à base de plantes (plus riches en légumes, légumineuses et noix), et plus faibles en viandes rouges et transformées, avaient respectivement 73 % et 59 % de risques en moins de COVID-19 modérée à grave. »

« De même, les personnes ayant une alimentation équilibrée et une consommation quotidienne moyenne de 500 g (et plus) de légumes et de fruits et 10 g de noix (et plus) avaient un risque de COVID-19 inférieur de 86 % à celles qui en consommaient de plus faibles quantités. Des apports alimentaires plus élevés en fruits et légumes et, systématiquement, en vitamine C, en folate, en vitamine K et en fibres ont été associés à une sensibilité plus faible à l’infection par le SARS-CoV-2. La sévérité de la maladie est aussi réduite avec la consommation de légumineuses, de céréales complètes. »

« Plus généralement, l’adhésion à un régime méditerranéen (dont une caractéristique est une faible consommation de calories provenant d’aliments ultra-transformés) était négativement associée à la fois au pourcentage de personnes infectées et décédées de COVID-19. Tel a été le cas dans 17 régions d’Espagne et dans 23 pays après ajustement des facteurs de bien-être et d’inactivité physique. »

Les Français, rappellent les auteurs, « ont un régime déficitaire en fruits et légumes, en fibres et oméga-3 (pour 95 % des Français), et comprenant une part trop importante d’aliments ultra-transformés. »

« Un régime favorable à la santé du microbiote nécessite de consommer plus de légumineuses et de céréales complètes, ainsi qu’une grande variété de fruits et légumes. Réduire la consommation d’aliments ultra-transformés, tout en privilégiant des produits à teneur résiduelle réduite en pesticides, est complémentaire.

En résumé, il s’agit d’une alimentation respectant la règle des “3 V” :

  • plus Vrai (moins de produits ultra-transformés) ;
  • plus Végétalisé ;
  • plus Varié. »

La règle simple des « 3 V » pour protéger sa santé

Plus d'informations sur The Conversation : L’alimentation : un atout de taille négligé dans la guerre contre le COVID-19.

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