La Haute autorité française de santé (HAS) a publié, le 20 juin, ses très attendues recommandations pour la prise en charge de la maladie de Lyme.
« Dans un contexte d’incertitudes scientifiques
», ces recommandations ont pour objectif de « dépasser les controverses et proposer une solution à chacun
», indique la HAS.
« Il est important, souligne la HAS, de distinguer la borréliose de Lyme (une infection causée par la bactérie Borrelia burgdorferi sensu lato), les autres maladies transmises par les tiques (plus rares) et la situation de patients qui ont pu être exposés aux tiques et qui présentent des signes cliniques polymorphes, persistants et non expliqués, pouvant être invalidants.
»
Le diagnostic
Dans le contexte d'une « difficulté à disposer d’outils diagnostiques satisfaisants », la borréliose de Lyme « se diagnostique par un examen clinique avant tout
», indique la HAS.
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Le diagnostic repose avant tout sur un examen clinique (recherche des signes cliniques distinctifs, interrogation du patient), et peut s’appuyer – pour les formes disséminées – sur une sérologie sanguine (ELISA et si résultat positif ou douteux, Western Blot) ainsi que d’autres examens complémentaires.»
D’autres maladies plus rares transmises par les tiques
D’autres maladies plus rares sont aussi transmises par les tiques, rappelle la HAS. Elle peut également transmettre :
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d’autres bactéries, responsables de rickettioses, tularémie ou anaplasmose granulocytaire à traiter par antibiotiques (entre 7 à 14 jours selon la maladie) ;
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des parasites, responsables de la babébiose, à traiter par une combinaison d’antibiotiques et d’antiparasitaires ;
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ou des virus provoquant la méningo-encéphalite, pour laquelle un vaccin préventif pour les personnes exposées est recommandé. »
Prise en charge des formes cliniques polymorphes, diffuses et non expliquées
La HAS propose une des formes cliniques polymorphes et persistantes.
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Certaines personnes ayant été potentiellement exposées aux tiques présentent des signes cliniques polymorphes (douleurs musculaires, maux de tête, fatigue, troubles cognitifs), persistants, généralement diffus, non expliqués, pouvant être invalidants. En l’état actuel des connaissances, nous ne savons pas si ces signes sont dus à l’existence d’une borréliose de Lyme persistante (après traitement ou non) ou à d’autres agents pathogènes qui seraient transmis par les tiques. Il peut aussi s’agir d’autres maladies ou syndromes.Or, aujourd’hui, beaucoup de ces personnes se retrouvent en errance diagnostique, sans prise en charge appropriée, et ont parfois recours à des tests et des traitements inadaptés, non validés et potentiellement à risque d’effets secondaires. Même si les incertitudes scientifiques sont réelles, tous les patients doivent être pris en charge et entendus dans leur souffrance.
La HAS précise ainsi l’attitude diagnostique et thérapeutique à proposer à ces patients qui subissent ces signes cliniques depuis plus de 6 mois et plusieurs fois par semaine, et qu’elle regroupe sous le terme de “Symptomatologie (syndrome) persistante polymorphe après possible piqûre de tique” (SPPT).
Tout d’abord, et quel que soit le résultat de leur sérologie, la HAS recommande de :
proposer un traitement pour soulager les symptômes, en attendant d’en savoir plus sur la maladie dont souffre le patient ;
réaliser un bilan étiologique qui doit permettre d’éliminer la piste de maladies inflammatoires, de pathologies infectieuses ou non infectieuses.
Si ce bilan n’aboutit à aucun diagnostic, un traitement antibiotique d’épreuve de 28 jours pourra être proposé. Aucune prolongation de traitement antibiotique ne devra être proposée en dehors de protocoles de recherche encadrés par un centre spécialisé des maladies vectorielles à tiques. Ces centres devront proposer une prise une charge multidisciplinaire et pluriprofessionnelle adaptée aux symptômes de chaque personne et documentée afin de faire avancer les connaissances. »
« Sans surprise
», rapporte l'association de défense des consommateurs UFC-Que Choisir, « le positionnement de la HAS n’a pas calmé la guerre qui fait rage sur la maladie de Lyme
» :
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La Société de pathologie infectieuse de langue française (SPILF), pourtant partie prenante du groupe de travail, a manifesté dans un communiqué son opposition au SPPT, “qui pourrait conduire à des excès de diagnostics susceptibles d’orienter les patients vers des prises en charge inadéquates”.
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L’association de patients ChroniLyme, elle, déplore l’absence de mesures d’urgence et l’impossibilité de cures d’antibiotiques longues.
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La Fédération française des maladies vectorielles à tiques (FFMVT), constituée de médecins plus proches des malades, pointe de nombreux manques mais salue tout de même l’avancée que constitue, selon elle, la reconnaissance du SPPT. »
Pour plus d'informations sur la maladie de Lyme, voyez les liens plus bas.
Psychomédia avec sources : HAS (recommandations), HAS (Dossier de presse), UFC-Que Choisir.
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