Nathalie Vergnolle, chercheuse à l'Inserm (Université Paul Sabatier), « traque les protéases, des enzymes intestinales dont la dérégulation est impliquée dans plusieurs maladies intestinales.
» Dans un bref interview publié par l'Inserm, elle explique les travaux de son équipe.
Les protéases sont normalement produites par le pancréas et participent à la digestion au niveau de la lumière intestinale (espace intérieur circonscrit par les parois), explique-t-elle.
Mais dans certaines pathologies intestinales, comme le syndrome de l'intestin irritable (ou côlon irritable), la maladie de Crohn, la rectocolite hémorragique (ou colite ulcéreuse) ou même le cancer colorectal, ces enzymes semblent beaucoup plus nombreuses.
De plus, elles sont actives directement dans les tissus, et pas seulement dans la lumière intestinale, et participeraient aux symptômes associés à ces affections. Grâce à un important financement reçu du Conseil européen de la recherche en 2012, l'équipe a mis en évidence que le tissu qui tapisse l’intérieur de l'intestin (le tissu épithélial) est capable de sécréter ses propres protéases, ainsi que leurs inhibiteurs, assurant ainsi un rôle fondamental dans le contrôle de leur activité.
Syndrome de l'intestin irritable
L'une de ces protéases, la trypsine-3, est surexprimée par la muqueuse intestinale chez les personnes atteintes du syndrome du côlon irritable. L'équipe « a décrit son rôle dans l'augmentation de la perméabilité intestinale et sa capacité à agir comme un neurotransmetteur. En conséquence, la trypsine-3 est impliquée dans l'activation de l'inflammation locale, mais aussi dans les symptômes douloureux et les ballonnements associés à cette maladie.
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« C'est une découverte importante, car le syndrome du côlon irritable a longtemps été présenté comme une maladie psychosomatique. La trypsine-3 montre une altération directe des tissus du côlon. Cependant, on ne connaît pas d'inhibiteur naturel pour la trypsine-3.
» L'équipe travaille désormais à développer un inhibiteur de synthèse.
En février 2017, l'équipe a publié des résultats de ces travaux dans la revue Gut, voyez : Découverte d'une cause du syndrome du côlon irritable pouvant mener à un traitement.
Maladie de Crohn et rectocolite hémorragique
Les travaux du laboratoire ont permis de décrire une autre molécule naturelle, l'élafine, comme anti-inflammatoire. Elle pourrait constituer un traitement intéressant dans les maladies inflammatoires chroniques de l'intestin (MICI, maladie de Crohn et colite ulcéreuse ou rectocolite hémorragique), explique la chercheuse.
Alors que « l'élafine inhibe l'action des élastases, une famille de protéases intestinales, sa concentration est particulièrement basse chez ces malades. En conséquence, les élastases réduisent la protection normalement assurée par le mucus intestinal. Elles augmentent la perméabilité intestinale et réduisent la fonction de barrière de l'épithélium, ce qui favorise l'activation du système immunitaire et l'inflammation.
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Nous développons actuellement une nouvelle approche thérapeutique : l'option la plus séduisante est d'introduire le gène de l'élafine humaine dans une bactérie alimentaire afin que la protéine soit délivrée directement au niveau des lésions intestinales», explique-t-elle.«
Aujourd'hui, le processus de fabrication est en cours d'optimisation en lien avec une entreprise : la bactérie lactique choisie, habituellement présente dans les laitages, est génétiquement modifiée afin de produire l'élafine. Une autre modification a été apportée afin que la durée de vie de la bactérie ne dépasse pas celle du transit, et ne lui permette pas de survivre hors de l'intestin.»
Un type de syndrome du côlon irritable lié à un épuisement du système immunitaire
Pour plus d'informations sur le syndrome du côlon irritable et la maladie de Crohn, voyez les liens plus bas.
Psychomédia avec source : Inserm.
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