Des chercheurs français de l'Inserm, dont les travaux sont publiés dans la revue Gut, ont identifié un mécanisme induisant les symptômes du syndrome du côlon irritable qui peut constituer une nouvelle cible pour la recherche de traitement.
Nathalie Vergnolle de l'Institut de recherche en santé digestive à Toulouse et son équipe se sont intéressés aux protéases, des enzymes qui ont pour fonction de digérer les protéines.
En 2007, l'équipe a mis en évidence « une activité de type protéase anormalement élevée au niveau du côlon des personnes atteintes du syndrome. Un résultat surprenant puisque cette portion de l'intestin ne participe pas à la digestion, achevée bien en amont
».
Se posait alors la question de l'origine de ces protéases inattendues : « le reste d'une surproduction d'enzymes digestives par le pancréas ? Une sécrétion locale par le microbiote ? Grâce à une technique de visualisation de l'activité enzymatique qu'elle a mise au point (la “zymographie”), l'équipe a montré que ces protéases sont en fait produites par les cellules de l'épithélium
», la muqueuse intestinale.
Or, depuis quelques années, la recherche montrait une perméabilité anormale de la muqueuse intestinale chez les personnes atteintes du syndrome. « Par ailleurs, l'intestin comporte de nombreux neurones, tant intrinsèques – contrôlant la fonction digestive – qu'extrinsèques – transmettant des informations au système nerveux central ou en recevant de lui. Les deux types interviennent dans les sensations douloureuses et leurs terminaisons aboutissent précisément à l'épithélium.
»
L'équipe a entamé une exploration systématique des protéases dans des biopsies de muqueuse et a finalement identifié celle en cause : la trypsine-3.
Elle a en outre démontré que l’enzyme agit à deux niveaux. Tout d'abord, elle excite les neurones intrinsèques et extrinsèques en se liant au récepteur PAR-2 (protease-activated-receptor-2). « C'est ainsi qu'elle peut rendre des animaux sains hypersensibles au ballonnement. Le fait qu'une protéase puisse jouer le rôle d'un neurotransmetteur avait d'ailleurs déjà été mis en évidence par cette même équipe. De plus, la trypsine-3 augmente la perméabilité épithéliale.
»
« L'équipe se tourne aujourd'hui vers deux grandes directions. Il s'agit d'une part d'identifier, en collaboration avec un laboratoire pharmaceutique, des molécules capables d'inhiber l'action de la trypsine-3 et donc de soulager les patients. Une recherche loin d'être évidente puisque, comme le souligne Nathalie Vergnolle, “la trypsine-3 est la seule à ne pas avoir d'inhibiteur naturel. Au contraire, elle protège les autres trypsines de leurs propres inhibiteurs. Son rôle normal semble être d'amplifier l'activité protéolytique”.
»
« Par ailleurs, les chercheurs veulent savoir si cette enzyme intervient dans d'autres pathologies liées à un dysfonctionnement épithélial, comme par exemple les maladies inflammatoires chroniques de l'intestin.
»
Pour plus d'informations sur le syndrome du côlon irritable (SCI), voyez les liens plus bas.
Psychomédia avec source : Inserm.
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