Il est temps de cesser de gaspiller de l'argent avec les compléments de vitamines, affirment des chercheurs dans un éditorial de la revue Annals of Internal Medicine. Plusieurs études, dont deux nouvelles publiées dans la même édition de la revue, ont montré que les vitamines ne protègent pas contre les maladies chroniques dont la démence et n'augmentent pas la longévité.
L'affaire est close, estiment-ils, et il n'est plus utile de consacrer des ressources à mener d'autres études.
"Nous avons tellement d'informations de tant d'études que nous n'avons pas besoin de preuves de plus", indique Cynthia Mulrow coauteure, dont les propos sont rapportés par le New York Times. Une exception toutefois : la vitamine D pour laquelle des études supplémentaires sont nécessaires.
Une conclusion que d'autres chercheurs estiment tout à fait hâtive.
Alors que des études observationnelles ont montré des liens entre certaines vitamines et une réduction du risque de certaines maladies, elles ne prouvaient pas que ces liens étaient de cause à effet. Les études qui visaient à démontrer un lien à cause à effet, en assignant au hasard les participants à prendre des compléments de vitamines ou un placebo, ce qui constitue la seule façon de montrer une causalité, ont échoué à montrer une efficacité, rapporte le New York Times à l'exception de deux essais cliniques qui ont montré un léger bénéfice (8% et 9%, précise le Wall Street Journal) pour la prévention du cancer.
Par ailleurs d'autres études ont montré que les compléments de bêta-carotène augmentent le risque de cancer du poumon chez les fumeurs, et que des doses élevées de vitamines A et E sont dommageables et peuvent augmenter le risque de décès.
Une des deux études qui accompagnent l'éditorial montre qu'une multivitamine pendant 12 ans ne réduisait pas le déclin cognitif chez des médecins de plus de 65 ans comparativement à un placebo. Mais, souligne Francine Grodstein coauteur de cette étude, les médecins sont susceptibles d'avoir une bonne alimentation et de ne pas avoir besoin de compléments. Il y a encore place pour plus de recherche, estime-t-elle. Par ailleurs, ajoute-t-elle, démontrer la prévention de maladies chroniques peut prendre plusieurs décennies et il est peu probable que des études randomisées avec placebo aussi longues soient menées, ajoute-t-elle.
L'autre étude a été menée avec des personnes de 50 ans et plus ayant déjà subi une crise cardiaque. Des doses élevées de vitamines et minéraux ne réduisaient pas le risque d'événements cardiovasculaires supplémentaires.
Selon Stephen P. Fortmann du Kaiser Center of Health Research, les études randomisées ont été relativement peu nombreuses et il n'y a pas assez de données disponibles pour recommander de prendre ou de ne pas prendre de vitamines. Mais "ceux qui achètent des vitamines pourraient jeter leur argent par les fenêtres
", ajoute-t-il. "Quoiqu'il en soit, ne pensez pas qu'elles compensent pour une mauvaise alimentation, que vous pouvez mangez beaucoup de fast food et prendre un tas de compléments. Ce n'est pas une bonne idée.
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Illustration : Source: Annals of Internal Medicine
Psychomédia avec sources: New York Times, Wall Street Journal.
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