En occident, malgré un intérêt culturel accru pour la cuisine, celle-ci a été progressivement remplacée, en grande partie, par la production industrielle.

Pourtant, les activités de cuisine peuvent aider à atténuer la détresse psychosociale, grandissante dans la société, et à promouvoir le bien-être, estiment les auteures d'une étude publiée en avril 2021 dans la revue Frontiers in Psychology.

Nicole Farmer des National Institutes of Health américains et Elizabeth W. Cotter de l'American University (Washington) explorent de quelle façon les activités de cuisine peuvent contribuer au bien-être en se basant sur le modèle de l'épanouissement du psychologue américain Martin Seligman, un modèle devenu un grand classique de la psychologie positive.

La cuisine, définie ici comme étant l'activité liée à la préparation d'aliments ou d'un repas, entraîne le développement de compétences et de connaissances qui ont la capacité de favoriser les aspects du bien-être décrits par ce modèle, estiment-elles.

Selon Seligman, l'épanouissement (ou bonheur authentique) est défini comme étant une vie plaisante (bonheur hédoniste), significative (bonheur eudémonique) et engagée (« état de flux » ou « expérience optimale »).

Les cinq composantes suivantes, désignées par l'acronyme PERMA (qui s'applique en anglais), favorisent le bonheur authentique :

P : les émotions Positives ;
E : l'Engagement ;
R : les Relations et liens sociaux ;
M : le sens (« Meaning ») ;
A : l'Accomplissement.

Les chercheures ont passé en revue la littérature en psychologie qui appuie l'utilisation de ce modèle comme cadre théorique pour explorer les bénéfices psychosociaux associés à la cuisine.

Les émotions positives

L'émotion positive est momentanée et peut varier au cours de la journée en fonction de l'endroit où se trouve une personne et des activités auxquelles elle se livre.

Lorsque les activités de cuisine entraînent des émotions positives, telles que l'intérêt, la fierté, le plaisir de créer et de contribuer au bien-être des proches, etc., elles sont plus facilement maintenues.

Mais elles ne sont pas toujours associées à des émotions positives. Des études ont décrit comment elles peuvent être associées à des sentiments d'inadéquation et à la peur de provoquer la déception de la famille et de soi-même. Elles peuvent aussi être considérées comme une corvée qui prend trop de temps et empêche de se consacrer à des activités jugées plus importantes ou intéressantes.

L'engagement

L'engagement concerne l'état de flux (aussi appelé expérience optimale), un concept développé par le psychologue Mihaly Csikszentmihalyi. Les expériences de flux impliquent d'être attentivement absorbé et habilement engagé dans une activité que l'on trouve valable.

Six caractéristiques et 3 conditions de l'expérience optimale (« la zone »)

Les relations

L'un des principaux bénéfices de la cuisine à la maison est qu'elle favorise les liens familiaux et sociaux.

Les occasions de favoriser les relations se présentent à toutes les étapes de la cuisine, qu'il s'agisse de penser aux préférences de chacun et d'en discuter lors de la planification des repas, d'apprendre à cuisiner, de savourer un repas ou de perpétuer les traditions culinaires familiales et culturelles. À l'heure actuelle toutefois, la recherche n'a pas déterminé si la cuisine favorise systématiquement la socialisation au sein de la famille et on sait peu de choses sur le rôle central de la cuisine proprement dite, par rapport au partage d'un repas de manière plus générale (non cuisiné à la maison) dans le développement des liens sociaux.

Le sens, la signification

Le sens renvoie à la conviction d'une personne que sa vie a de la valeur et qu'elle est connectée à quelque chose de plus grand que soi. Un sens est trouvé dans la cuisine, ont décrit des recherches, à travers un sentiment de jouer un rôle important ou d'assumer une responsabilité.

La réalisation, l'accomplissement

La réalisation (l'accomplissement) résulte d'une production tangible ou par la démonstration d'une compétence ou d'une maîtrise.

Le sentiment de virtuosité est une émotion positive associée au plaisir de bien faire quelque chose. Il n'est pas nécessaire que l'accomplissement soit extraordinaire. Ce sentiment se développe dès qu'une personne accomplit quelque chose qu'elle ne pouvait pas faire auparavant.

L'un des principaux moteurs de la réussite, rappellent les auteures, est le sentiment d'efficacité personnelle (ou auto-efficacité), un concept développé par le psychologue américain Albert Bandura qui fait référence à la croyance d'une personne en sa capacité à réussir dans un certain domaine. Un sentiment d'efficacité favorise l'intérêt intrinsèque pour une tâche, l'engagement et le bien-être.

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La spirale positive

Les bénéfices dans chacune de ces composantes influencent ceux des autres composantes, contribuant ainsi à une spirale positive, soulignent les auteures.

Pour plus d'informations, voyez les liens plus bas.

Psychomédia avec source : Frontiers in Psychology.
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