Violetta Zujovic, Christiane Schreiweis et leurs collègues, regroupés dans le comité XX initiative, alertent « sur l’impact de biais cognitifs, indépendants de notre volonté mais très enracinés dans notre mentalité. En effet, les préjugés et les stéréotypes inconscients ont une influence puissante sur presque tous nos choix.
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« Bien que l’ensemble de la communauté, y compris scientifique reconnaisse ces inégalités des chances offertes aux femmes et aux hommes, pourquoi les comportements associés aux genres persistent-ils ?
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Malgré les normes égalitaires et malgré la preuve que des équipes mixtes ont plus de réussite, les préjugés sociaux continuent de tirer les ficelles de manière implicite, créant par exemple des préjugés sexistes ou raciaux. La communauté neuroscientifique est à la pointe, non seulement de la sensibilisation à de tels biais inconscients, mais elle dispose également des outils nécessaires pour comprendre leurs origines cognitives et briser les stéréotypes de la société.Le comité (…) propose une feuille de route en plusieurs étapes. Leurs recommandations mettent en avant une première étape indispensable : la prise de conscience de chacun de ses propres raccourcis implicites qui résultent de préjugés existants et de leur impact sur leur prise de décision.
Cette première étape a été mise en application grâce à la collecte exhaustive de chiffres montrant le ratio femme homme en fonction du niveau de responsabilités et de la fonction occupée. Les données internes de l’ICM, recueillies en avril 2017, ont montré que seulement 26 % des femmes occupaient un poste de direction ou de cogestion au sein de l’institut, qui est composé à 63 % de femmes. D’autres chiffres ont montré que seuls 25 % des conférencières et conférenciers invités aux séminaires scientifiques hebdomadaires étaient des femmes.
Le simple fait de montrer les résultats de cette enquête a permis de déclencher un processus de remise en question collectif qui a abouti à une augmentation de 26 % à 31 % du nombre de femmes à la tête d’une équipe de recherche. L’ensemble de la communauté s’est également impliqué dans la volonté de mettre plus en avant les femmes scientifiques avec comme action concrète le passage du nombre de scientifiques féminines oratrices aux conférences de l’institut de 25 à 44 %. »
Une révision de nombreux formulaires institutionnels a également été menée afin de supprimer toute information liée à un genre spécifique.
Une des recommandations est l’information et la formation des femmes et des hommes pour échapper à ces biais. « Le comité organise un colloque sur les “biais de genre : science et pratiques” le 3 avril 2020, ouvert à tous, et des ateliers pratiques présentant des outils pour combattre ses propres préjugés et savoir évaluer ses propres valeurs et compétences.
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Les neuroscientifiques planchent aussi sur le développement de « nudges » (« coup de pouce ») « qui permettraient, via des astuces, d’inciter à l’équité homme/femme plutôt que de contraindre
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« Dans leur ensemble, ces mesures devront permettre de connaître et reconnaître les préjugés inconscients liés au genre que nous perpétuons et transmettons et de lutter individuellement pour un changement culturel.
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« Par ailleurs, en mai 2019, l’Inserm s’est doté d’une mission parité-égalité professionnelle qui proposera le plus rapidement possible des actions concrètes permettant de faire progresser l’égalité professionnelle. Elles s’inscriront dans un plan pluriannuel et s’intègreront dans la stratégie de l’établissement.
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Les femmes scientifiques reçoivent moins de subventions pour une même qualité de projets
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Sexisme : une première définition internationale et des recommandations (2019)
Pour plus d'informations, voyez les liens plus bas.
Psychomédia avec sources : Inserm, Nature Human Behavior.
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