Alors qu'il est souvent mis de l'avant que les femmes sont sous-représentées en science naturelle, technologie, génie et mathématiques, elles sont pourtant bien représentées dans certains de ces domaines et sous-représentées dans certaines sciences humaines, souligne une étude publiée dans la revue Science.
Par exemple, aux États-Unis en 2011, 54% des doctorats en biologie moléculaire ont été obtenus par des femmes comparativement à 31% en philosophie.
Sarah-Jane Leslie de l'Université Princeton et ses collègues (1) ont testé l'hypothèse qu'à travers le spectre académique, les femmes sont sous-représentées dans les domaines dont les praticiens croient que le talent inné (le génie) est la principale exigence pour le succès, en raison du préjugé selon lequel les femmes ne possèdent pas ce talent. Ils ont comparé cette hypothèse à trois autres explications alternatives (2).
Ils ont mené cette étude avec 1,820 professeurs, boursiers postdoctoraux et étudiants diplômés, hommes et femmes, de 30 disciplines dans des universités américaines de haut niveau.
Aucune des trois hypothèses alternatives ne pouvait prédire la proportion de femmes dans les différentes disciplines. Mais, plus la croyance que le succès dans une discipline dépend de la brillance ("raw brilliance") était présente, plus le nombre de femmes obtenant un doctorat dans cette discipline est faible.
Par exemple, en biologie moléculaire où le travail est considéré comme un élément très important du succès, les femmes ont obtenu 50% des doctorats en 2011. Alors qu'en physique où le génie est considéré comme important, les femmes ont obtenu moins de 20 % des doctorats. Ce lien était constaté à travers les 30 disciplines étudiées.
Aucune relation entre la proportion de femmes dans un domaine et la difficulté d'être admis dans ce domaine n'a été constatée, ce qui appuie l'idée que "le problème ne réside pas dans l'aptitude des femmes, mais plutôt dans l'attitude".
Selon une étude de la National Science Foundation, les femmes ont obtenu environ 50% des doctorats en neurosciences en 2011, mais moins de 20% en science informatique; 70% en histoire de l'art et en psychologie mais moins que 35% en économie et en philosophie.
Les philosophes ont tendance à souligner la nécessité d'être brillant beaucoup plus que les psychologues ne le font, souligne la chercheuse, elle-même philosophe.
"Le fait est que chacun de nous qui ont du succès dans nos domaines n'y est arrivé qu'avec des quantités incroyables de travail acharné et d'engagement, dit-elle. "Nous devrions le laisser savoir à nos étudiants et ne pas laisser qui que ce soit penser que nous n'avons qu'à être brillant
".
Transmettre aux étudiants la conviction qu'une intelligence exceptionnelle est nécessaire pour le succès peut avoir un effet différent chez les hommes et les femmes qui cherchent à poursuivre une carrière dans un domaine, souligne Andrei Cimpian, coauteur.
Cette étude est la première à montrer que les mentalités dans les domaines académiques constituent une meilleure explication de la sous-représentation des femmes que d'autres explications, souligne Carol Dweck, professeur de psychologie à l'Université Stanford.
L'étude toutefois, n'étant que corrélative, ne prouve pas que le lien constaté est de cause à effet. Il demeure possible que d'autres hypothèses puissent l'expliquer. Luigi Zingales de l'Université de Chicago, par exemple, mentionne que les femmes pourraient avoir tendance à éviter des domaines où la compétition est plus importante.
(1) Andrei Cimpian, Meredith Meyer, Edward Freeland
(2) 1) La différence de représentation entre les hommes et les femmes pourrait s'expliquer par des différences dans la volonté et la capacité de travailler de longues heures; 2) par des différences réelles dans les compétences et le talent; 3) des différences entre les domaines des exigences au niveau de la capacité de penser de manière systématique et abstraite.
Psychomédia avec sources: Princeton University, National Science Foundation, Science, Washington Post
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