Daniel King et Paul H. Delfabbro de l'École de psychologie de l'Université d'Adélaïde (Australie) ont examiné plusieurs jeux en ligne populaires qui incluent la possibilité de payer de petits frais (« microtransactions ») pour accéder à des fonctions ou contenus supplémentaires qui améliorent l'expérience du joueur.
Certains jeux en ligne permettent des comportements de dépense sans fin et emploient des systèmes qui déguisent ou dissimulent le coût à long terme de ces microtransactions, décrivent-ils. Le véritable coût financier de ces jeux peut ne pas être évident jusqu'à ce que le joueur soit financièrement ou psychologiquement engagé et trouve alors plus difficile d'arrêter.
« Ces stratagèmes peuvent inciter certains joueurs à dépenser plus d'argent qu'ils ne l'avaient prévu ou qu'ils peuvent se le permettre, surtout lorsqu'ils utilisent des cartes de crédit ou une monnaie virtuelle qui rend difficile le suivi des dépenses
», explique Daniel King.
Les chercheurs se sont penchés sur le système d'achat des boîtes à butin, un système de récompense dans le jeu dans lequel les joueurs peuvent acheter à plusieurs reprises une sélection aléatoire d'objets virtuels. La fonction de ces boîtes à butin a récemment fait l'objet d'une attention réglementaire dans de nombreuses juridictions. La Commission belge des jeux de hasard a annoncé en avril dernier que les boîtes à butin étaient une forme illégale de jeux de hasard.
« Les joueurs qui espèrent gagner un objet particulier peuvent finir par acheter à plusieurs reprises des boîtes à butin à des frais personnels importants
», explique Daniel King. « Parce que ces boîtes n'exigent aucune compétence du joueur et ont un résultat ou un prix déterminé au hasard, elles fonctionnent de la même façon que les billets à gratter ou les machines à sous.
»
Cet éditorial survient après l'annonce faite la semaine dernière par l'Organisation mondiale de la santé de l'inclusion du « trouble du jeu vidéo » dans son manuel de diagnostic, la Classification internationale des maladies (CIM-11). Les auteurs espèrent que le fait d'attirer davantage l'attention sur ces nouveaux aspects financiers dans les jeux pourrait contribuer à la poursuite des débats sur la nature et l'étendue des préjudices liés aux jeux.
Les chercheurs considèrent les boîtes à butin et d'autres systèmes similaires comme des systèmes de « monétisation prédatrice » parce qu'ils encouragent les dépenses répétées en utilisant des tactiques qui peuvent impliquer une divulgation limitée du produit, des sollicitations inévitables et la manipulation des résultats des récompenses pour encourager les comportements d'achat plutôt qu'un jeu habile.
Ils comparent certains de ces stratagèmes à une forme de « piège psychologique
» où les joueurs dépensent de plus en plus d'argent parce qu'ils croient qu'ils ont trop investi pour cesser. Il y a aussi parfois des tactiques de pression, des incitations à l'achat comme les offres dites « limitées dans le temps ».
« Il y a peu de règlements ou de protections des consommateurs associés à ces systèmes. Je pense que la plupart des joueurs expérimentés seront d'accord : le jeu devrait vraiment être un jeu d'habileté, pas un jeu de hasard
», estime Delfabbro.
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Un « trouble du jeu vidéo » reconnu comme trouble mental par l'OMS
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Psychomédia avec sources : University of Adelaide, Society for the Study of Addiction.
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