Les bénéfices de la pleine conscience et la méditation doivent être mieux démontrés font valoir 15 experts du domaine (1) dans la revue Perspectives on Psychological Science.
Les évidences scientifiques, écrivent-ils, « accusent un retard préoccupant par rapport à l'adoption rapide et généralisée de la pleine conscience et de la méditation pour un éventail d'objectifs de bien-être mental et physique
».
« Ces dernières années, on a assisté à une forte augmentation de la mise en œuvre d'interventions médicales pour tout, de la dépression à la toxicomanie, en passant par la douleur et le stress. Mais la désinformation et les lacunes méthodologiques associées aux études sur la pleine conscience peuvent avoir pour conséquence que les consommateurs soient lésés, induits en erreur et déçus
», écrivent-ils.
« Le but de l'article n'est pas de dénigrer la pratique ou la recherche sur la pleine conscience et la méditation, mais de faire en sorte que leurs applications pour améliorer la santé mentale et physique deviennent plus représentatives des évidences scientifiques
», précise Nicholas Van Dam, psychologue clinicien et chercheur à l'Université de Melbourne en Australie et auteur principal.
Jusqu'à présent, ces applications sont largement non supportées par la science, selon des analyses des données probantes disponibles en 2007 et de nouveau en 2014.
Dans l'analyse de 2014, réalisée par Madhav Goyal de l'Université Johns Hopkins et ses collègues, les interventions basées sur la pleine conscience ne présentaient qu'une efficacité modérée, faible ou nulle, selon le trouble traité, par rapport à des groupes de comparaison recevant des thérapies reconnues ou des interventions placebo.
Plus précisément, l'efficacité de la pleine conscience n'était que modérée pour la réduction des symptômes d'anxiété, de dépression et de douleur. L'efficacité était faible pour réduire le stress et améliorer la qualité de vie. Il n'y avait pas d'effet ou des preuves insuffisantes pour ce qui est de l'attention, de l'humeur positive, de l'abus de substance, des habitudes alimentaires, du sommeil et du contrôle du poids.
« Nous pensons que ces pratiques pourraient aider les gens. Mais la rigueur qui devrait accompagner leur développement et leur application n'est pas encore là. Les résultats des quelques études à grande échelle qui ont été menées jusqu'à présent se sont révélés au mieux équivoques.
»
« Une recherche insuffisante peut induire les gens en erreur en leur faisant croire que les “marques vagues” de “pleine conscience” et de “méditation” sont des panacées générales alors qu'en fait, des interventions raffinées ne pourraient être utiles qu'à certaines personnes dans des circonstances particulières. Des études scientifiques plus nombreuses et bien meilleures sont nécessaires pour clarifier ces questions. Sinon, les gens risquent de perdre du temps et de l'argent ou, pire encore, de subir des effets néfastes inutiles.
»
Notamment, les auteurs appellent à mieux définir les concepts et déplorent les interprétations simplistes des études de neuroimagerie.
Pour plus d'informations, voyez les liens plus bas.
(1) Nicholas T. Van Dam, Marieke K. van Vugt, David R. Vago, Laura Schmalzl, Clifford D. Saron, Andrew Olendzki, Ted Meissner, Sara W. Lazar, Catherine E. Kerr†, Jolie Gorchov, Kieran C. R. Fox, Brent A. Field, Willoughby B. Britton, Julie A. Brefczynski-Lewis, David E. Meyer.
Psychomédia avec source : Association for Psychologial Science, Perspectives on Psychological Science
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