Il y a environ 10 000 maladies humaines connues, mais les médecins ne sont en mesure de connaître et de se rappeler qu'une fraction d'entre elles. Aux États-Unis, quelque 40 500 personnes meurent chaque année à la suite d'un mauvais diagnostic posé dans les unités de soins intensifs seulement, indiquait en 2012 une étude de l'Université Johns Hopkins.
L'intelligence artificielle peut aider les médecins à réduire leur taux d'erreurs, croit Ali Parsa, fondateur et PDG de Babylon, un site britannique de services de santé en ligne sur abonnement.
Le site lancera, avant la fin de l'année, une application basée sur l'intelligence artificielle pour le diagnostic, rapporte le magazine MIT Technology Review.
Babylone a récemment reçu 25 millions $ en financement provenant d'investisseurs, dont Demis Hassabis et Mustafa Suleyman, fondateurs du projet d'intelligence artificielle DeepMind de Google. Une version bêta de l'application est testée dans deux hôpitaux d'Essex depuis avril 2015.
Les utilisateurs rapporteront les symptômes de leur maladie et, à l'aide de la reconnaissance vocale, l'application les soumettra à une gigantesque base de données. Après prise en compte de l'histoire et de la situation de l'utilisateur, elle proposera un cours d'action approprié.
Le système est capable d'analyser « des centaines de millions de combinaisons de symptômes
» en temps réel, dit Parsa, en tenant compte des informations individuelles sur la génétique, l'environnement, le comportement et la biologie.
Actuellement, 150 000 utilisateurs enregistrés de Babylone fixent des rendez-vous médicaux et effectuent des tests de routine à travers le service en ligne, et ils peuvent consulter l'un des quelque 100 médecins 12 heures par jour, 6 jours par semaine, pour un coût de £ 7.99 (11,40 $) par mois. La nouvelle application devrait coûter £ 4.99 (7,10 $) par mois.
En plus d'offrir des conseils concernant les maladies, l'application pourra surveiller en permanence des informations sur les reins, le foie, les os, le taux de cholestérol, etc., ainsi que des données recueillies à partir d'appareils portables surveillant les habitudes de sommeil et le rythme cardiaque. Elle émettra des alertes lorsque des domaines se trouveront dans des zones « rouge » ou « orange », et formulera des plans de santé pour maintenir les patients dans le « vert », où leur santé est à son meilleur.
L'application sera en mesure de prédire des maladies, explique Parsa, illustrant son propos avec l'exemple d'un rythme cardiaque devenu plus rapide. Elle pourra également rappeler aux utilisateurs de prendre leurs médicaments et faire le suivi de leurs effets.
Les règlements actuels ne permettent pas à l'application de poser un diagnostic formel. En conséquence, elle est actuellement limitée à recommander un cours d'action que l'utilisateur devrait suivre dans l'immédiat : prendre des médicaments en vente libre, prendre un rendez-vous avec un médecin, se rendre à l'hôpital, appeler les services d'urgence… Mais des médecins qui auront accès aux résultats de recherche de l'application pourront être consultés par texte, téléphone ou chat vidéo.
« Les machines sont capables de se rappeler parfaitement toutes les maladies connues lors de l'examen des symptômes
», souligne Parsa. « Et contrairement aux médecins humains, elles n'ont pas de biais de confirmation.
»
Utilisé dans la bonne manière, principalement en appui aux services de santé existants, Babylon pourrait avoir un effet transformateur, estime-t-il.
Psychomédia avec sources : MIT Technology Review, Babylon.
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