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Alors que, près de deux semaines après l'accident de la centrale nucléaire Fukushima au Japon, les légumes et le lait provenant de la région environnante sont contaminés par les radiations et présentent un risque important pour la santé, les aliments importés et le nuage radioactif représentent-ils un risque pour l'alimentation en Europe et en Amérique du Nord ?
Pour ce qui est du Japon, des niveaux de césium qui correspondent à 164 fois la limite légale ont été mesurés sur des légumes cultivés dans la préfecture de Fukushima, ainsi qu'un niveau d'iode radioactif 7 fois supérieurs à la limite, selon le ministère de la santé japonais. La consommation de 100 grammes par jour du légume le plus contaminé pendant 10 jours équivaut à la moitié des radiations reçues par une personne en un an, a-t-il précisé. Une contamination du lait a aussi été constatée. La consommation et la vente de ces aliments ont été interdites.
Les produits de la mer inquiètent également après l'annonce de niveaux anormalement élevés de substances radioactives dans l'eau de mer. Et, mercredi, l'eau du robinet à Tokyo a été déclarée impropre à la consommation pour les bébés, en raison d'un taux d'iode radioactif deux fois supérieur à la limite légale.
Plusieurs pays, dont les États-Unis et l'Europe, ont décidé de renforcer les contrôles ou de bloquer tout simplement les importations de produits alimentaires japonais. En Europe, la France a demandé à la Commission européenne d'imposer un "contrôle systématique" sur les importations de produits frais japonais aux frontières. "... les flux de ces marchandises en provenance du Japon (fruits, légumes, algues) sont interrompus, pour le moment", indique sur son site l'Autorité de sûreté nucléaire. Et, Paris a décidé d'inspecter unilatéralement les coquillages et poissons en provenance du Japon.
En ce qui concerne l'impact du nuage radioactif sur les produits alimentaires en Europe et en Amérique du Nord, bien que les autorités (notamment en France, l'IRSN et l'ASN) soient unanimes pour décrire une radioactivité très faible ne nécessitant pas de précautions particulières, la CRIIRAD (Commission de Recherche et d'Information Indépendantes sur la Radioactivité) indique le 23 mars sur son site internet que "le risque lié à l’ingestion d’eau ou d’aliments contaminés par les retombées radioactives devrait rester limité. Le laboratoire de la CRIIRAD évaluera le plus rapidement possible les quantités de radioactivité déposées au sol (dépôts sec et dépôts liés aux précipitations) afin de vérifier les ordres de grandeurs attendus dans les aliments et de donner, si nécessaire, des conseils adaptés."
En entrevue sur Europe 1 le 23 mars, son président, Roland Desbordes, précise : "Si le nuage passe (il n'y a pas de certitude, indique-t-il), il va sans doute laisser un peu de radioactivité, surtout s'il pleut en fin de semaine car la radioactivité s'attache aux gouttelettes d'eau. On pourrait s'attendre dans une dizaine de jours à des restrictions de consommation sur certaines plantes et légumes".
Ce que redoutent plusieurs, évidemment, c'est l'effet cumulatif de contaminations radioactives faibles qui s'additionnent avec les années au fil de divers incidents connus et inconnus.
Psychomédia avec sources:
Le Parisien, CRIIRAD, IRSN
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