Le porte-parole du gouvernement japonais a reconnu mardi que le niveau de radioactivité mesuré sur le site de la centrale de Fukushima était dangereux pour la santé, estimant que le niveau de radiations autour de la centrale pouvait atteindre des pics à 400 mSv par heure. Quels sont ces dangers ?
Ils sont liés aux doses de particules radioactives (ïodine-131 et césium) reçues. Le sievert (Sv) est l'unité de mesure de l’exposition d’une personne aux rayonnements radioactifs. Il mesure la quantité de radiation absorbée par les tissus humains.
Pour références, l'exposition moyenne d'un être humain à la radioactivité naturelle est de l'ordre de 2 à 3 mSv (1 Sv = 1.000 mSv) par an.
Lors d'un scanner médical, l'organe ciblé reçoit environ 15 mSv dans le cas d'un adulte et 30 chez le nouveau-né. Une radiographie de la poitrine expose à 0,02 mSv, des dents à 0,01 mSv. Il a été démontré qu'une exposition cumulée de 90 mSv après deux ou trois scanners peut accroître le risque de cancer.
La limite réglementaire de radiation émise par les centrales nucléaires est de 1 mSv par an. Après les premières explosions à la centrale de Fukushima, il a été indiqué qu'une radioactivité de 1mSv par heure était émise aux abords immédiats de la centrale, soit la dose maximale admise pour un an reçue en une heure.
Une dose unique de 1 Sv déclenche des nausées, des vomissements, des diarrhées, des irritations cutanées, des hémorragies, mais n'est pas mortelle. Une exposition cumulée sur un an de 1 Sv, causerait un cancer mortel, des années plus tard, chez 1 personne sur 20, rapporte La Tribune.
Mais une dose unique de 5 Sv serait fatale pour 50% des personnes exposées dans un délai d'un mois. Lors de la catastrophe de Tchernobyl, le critère déterminant l'évacuation des riverains était une exposition à 350 mSv, selon l'Association mondiale du nucléaire.
Les radiations endommagent l'ADN (le matériel génétique) particulièrement lorsque celui-ci se duplique lors de la division cellulaire. Les tissus qui contiennent beaucoup de cellules en division, tels que la muqueuse intestinale, la peau et la moelle osseuse, sont les plus à risque de dommages. Des doses élevées endommagent également les cellules cérébrales et de telles doses sont mortelles.
Les dommages intestinaux perturbent l'équilibre des fluides et peut entraîner une infection du sang; lésions de la moelle signifie une diminution de la production de cellules sanguines nécessaires pour la coagulation et combattre les infections. Avec le temps, l'intestin et la moelle peuvent se régénérer.
L'iode est activement prise par la glande thyroïde pour produire des hormones, ce qui endommage l'ADN et entraîne des cancers de la thyroïde. Après l'explosion du réacteur nucléaire de Tchernobyl en Ukraine en 1986, plus de 6000 personnes ont développé un cancer de la thyroïde, probablement après avoir bu du lait contaminé lorsqu'enfants, selon un rapport de l'ONU publié en février. Ces cancers peuvent être évités en prenant des comprimés contenant de l'iode non radioactif peu de temps après l'exposition. L'iode sature la thyroïde, ce qui l'empêche d'absorber l'iode radioactive. Ces comprimés sont distribués au Japon.
Pour le personnel de la centrale, l'exposition aura été très forte et les conséquences sur la santé importantes. Pour les populations, l'exposition est très variable selon la distance, le respect de la consigne de calfeutrage et de ne pas sortir, les vents et surtout la résolution de l'état critique actuel des réacteurs. La réduction de l'exposition sera longue à gérer en raison de la contamination des sols, dans le contexte des dommages énormes causés par les séismes et le tsunami. La contamination par l'eau et l'alimentation sera aussi à gérer.
Psychomédia avec sources:
La Tribune, L'Express, New Scientist
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