L'Anses (Agence sanitaire française) a rendu public, jeudi le 12 mai, un avis sur les régimes alimentaires amaigrissants. Elle réitère les conclusions d'un rapport d'expertise collective publié en novembre dernier dans lequel elle analysait les risques de 15 régimes amaigrissants populaires: Atkins, Californien (de Guttersen), Citron détox, Chrononutrition (de Delabos), Cohen, Dukan, Fricker, Mayo, Miami (de Agatston), Montignac, Ornish, Scarsdale (de Tarnower), Soupe au chou, Weight Watchers, Zone (de Sears).
Le rapport concluait que tous les régimes présentent des carences nutritionnelles qui peuvent avoir des conséquences importantes sur la santé et que tous mènent à une reprise du poids perdu et même plus.
Quels sont les risques relevés par l'Agence? Voici les principaux points relevés:
Risque de perte osseuse
- Un faible poids ou toute perte de poids peuvent exacerber le processus d’ostéopénie à la ménopause ou lié à l’âge (1% de variation de masse osseuse pour 5-6 kg perdus).
- Une restriction calorique basée sur une réduction des apports lipidiques (graisses) s’avère délétère pour le capital osseux.
- Les régimes hyperprotéiques, tel que Dukan, ainsi que toute surcharge sodée (sel), dans des situations extrêmes, peuvent engendrer une acidose métabolique se traduisant par une fuite urinaire de calcium. On manque néanmoins de données pour affirmer que les régimes hyperprotéinés aggrave l’effet délétère de la perte de poids sur le capital osseux. Cet effet résulterait de la combinaison d’une alimentation hyperprotéique et hypersodée.Les données disponibles suggèrent que l’exercice physique ne prévient qu’imparfaitement la perte osseuse.
Risques rénal, hépatique et digestif
- Les données suggèrent que les régimes à très faible apport calorique provoquent des inflammations et fibroses modérées aux niveaux hépatique et portal ainsi que des calculs biliaires.
- Les régimes hyperprotéiques non hypocaloriques induisent des apports qui dépassent le seuil des apports en protéines satisfaisants (2,2 g/kg/j). En conséquence, un bilan rénal s’impose chez les personnes à risque d’insuffisance rénale, avant tout régime.
- Certains régimes, particulièrement les régimes hypoglucidiques (faibles en glucides ou hydrates de carbone) sont fréquemment associés à des troubles digestifs, en particulier de constipation liée notamment à la baisse de consommation de fibres.
Risques cardiovasculaires
- Les régimes très hypocaloriques peuvent induire de façon aigüe des accidents avec mort subite par troubles du rythme cardiaque.
- L’innocuité des régimes très hypoglucidiques (hyperlipidiques) n’est pas établie sur le plan cardiovasculaire. Dans ce cadre, un apport élevé en acides gras saturés peut accroître l’insulino-résistance malgré la perte de poids. - Les régimes très hypolipidiques sont délétères car ils entraînent un profil lipidique athérogène, notamment en cas de syndrome métabolique.
- La fluctuation du poids pourrait être un facteur de risque cardiovasculaire et de syndrome métabolique.
- Chez le sportif amateur, la pratique associée d'une activité physique et d'un régime amaigrissant s'accompagne à court terme : d’un risque d’accident cardiovasculaire, essentiellement lors de la reprise d'une activité physique chez un sujet sédentaire depuis plusieurs années ayant un ou plusieurs facteurs de risques vasculaires ; d’un risque de malaises (hypoglycémique, vagal, et/ou aggravé par la déshydratation) lorsque cette restriction alimentaire est très importante.
Risque de reprise de poids
- La reprise de poids concerne 80% des personnes après un an et augmente à long terme.
- L’adaptation du régime aux goûts et habitudes du patient est importante pour assurer l’adhésion de ce dernier sur le long terme.
- Le principal facteur de stabilisation est le commencement d’une activité physique dès le début de la restriction calorique et son maintien après cette phase de restriction.
- Les apports énergétiques qui permettent de maintenir le poids perdu après un régime amaigrissant sont inférieurs à ceux qui permettaient de maintenir un poids stable avant la perte de poids, ce qui favorise la reprise de poids. - Le retour au poids initial s'accompagne d'une récupération préférentielle de la masse grasse.
- La perte de masse musculaire joue un rôle majeur dans la diminution de la dépense énergétique observée après restriction calorique ce qui souligne l'importance de limiter les pertes de masse musculaire par l’exercice, lors de la restriction calorique.
- En période de perte de poids, de nombreux signaux nutritionnels, neuronaux et endocriniens, envoie un signal de « déficit énergétique » au niveau cérébral, ce qui se traduit par une augmentation de la sensation de faim.
Risque lié à la libération de polluants organiques persistants lors de la perte de poids
- La perte de poids conduit à une augmentation de la libération des polluants organiques persistants qui ont pour conséquence des perturbations des systèmes endocrinien, reproducteur et immunitaire, des dysfonctionnements métaboliques, pouvant contribuer à la reprise de poids, des troubles du développement, ainsi que des cancers.
Conséquences psychologiques et comportementales des régimes amaigrissants
- En privilégiant les informations cognitives, extérieures à la personne, au détriment de la reconnaissance de l'état interne, la restriction cognitive tend à court-circuiter les signaux physiologiques de faim et de satiété.
- Les conséquences négatives au plan psychologique et comportemental ne sont souvent pas perçues par les personnes au régime.
- La dépression et la perte de l’estime de soi sont des conséquences psychologiques fréquentes des échecs à répétition des régimes.
- Sur le plan comportemental, la restriction cognitive et la perturbation du comportement alimentaire qu’elle induit aggrave très souvent le problème pondéral.
Enfin, l'Anses relève des risques spécifiques pour les femme enceintes et allaitantes et pour les enfants et les adolescents.
Psychomédia avec source: Anses
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