Alors que les femmes occupent 53% des emplois professionnels de niveau d'entrée, elles ne détiennent que 37% des postes de niveau intermédiaire et 28% des postes de gestion plus élevés, selon une récente étude de Catalyst, un organisme américain sans but lucratif. Les femmes ne détiennent aussi que 4% des positions de direction générale au sein des compagnies du Fortune 500.
Plusieurs explications ont été apportées : la discrimination au travail empêche les femmes de progresser, elles choisissent davantage des professions "centrées sur les personnes", ou encore elles n'ont tout simplement pas d'intérêt pour le monde des affaires.
Une nouvelle étude publiée dans la revue Social Psychological and Personality Science suggère une autre raison qui relève de la motivation : les femmes seraient moins disposées à faire des compromis éthiques afin de réaliser des gains personnels.
Des recherche précédentes ont montré que les femmes réagissent plus négativement à des compromis éthiques. Jessica Kennedy et Laura Kray de l'Université de Californie à Berkeley ont voulu vérifier si cette tendance se traduit pour un intérêt réduit pour des poste dans des entreprises éthiquement discutables.
Des participants ont lus 14 scénarios dans lesquels des individus "faisaient des compromis
" sur certaines valeurs éthiques (bien-être des autres, honnêteté…) pour faire des gains personnels (argent ou statut social).
Dans l'un de 14 scénarios par exemple, un avocat accepte d'essayer de faire innocenter un dirigeant d'entreprise même s'il le sait coupable des fraudes dont il est accusé. Il sait aussi que la faillite de l'entreprise qu'a entraînée ces fraudes a eu des conséquences sévères dans la communauté locale et que le verdict de culpabilité est nécessaire pour permettre aux employés ayant perdu leur emploi de récupérer une partie de leurs économies pour la retraite.
Comme suggéré par les recherches précédentes, les femmes manifestaient une plus grande indignation morale que les hommes et avaient davantage tendance à croire que ces compromis éthiques ne représentent pas un sens des affaires avisé.
Dans un autre test comportant diverses mises en situation, elles étaient beaucoup moins susceptibles d'exprimer un intérêt pour un travail impliquant des compromis éthiques que les hommes.
Par ailleurs, dans un test dit d'associations implicites, les femmes associaient davantage le monde des affaires à l'immoralité que les hommes.
Ces expériences suggèrent qu'en plus des barrières sociales qui empêchent les femmes d'atteindre les échelons supérieurs du monde des affaires, il peut aussi y avoir une motivation intrinsèque: leur aversion des compromis éthiques réduit l'attrait d'une carrière dans les affaires.
Les données montrent également que les femmes sont, en fait, très intéressées par des carrières en affaires quand elles ne comportent pas de compromis éthiques, une nuance qui pourrait expliquer pourquoi elles ont un taux de roulement plus élevé que les hommes, indiquent les chercheuses. "Peut-être qu'elles choisissent initialement les affaires comme cheminement de carrière, mais se désintéressent ensuite en découvrant les lacunes morales de leur entreprise.
"
Évidemment ces résultats ne signifient pas que toutes les femmes sont plus éthiques que tous les hommes, ni que les femmes font toujours des choix éthiques; ils signifient simplement que les femmes ont tendance, en moyenne, à être plus éthiques que les hommes en moyenne et que ces différences de moyennes sont suffisamment importantes pour ne pas être le fruit d'un hasard statistique (c'est ce que signifie le terme "statistiquement significatif).
Psychomédia avec sources: Association for Psychologial Science, Social Psychological and Personality Science.
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