Des chercheurs estiment, dans le New York Times, que les affirmations et les attaques de Mitt Romney et de Barack Obama dans les publicités télévisuelles de la campagne électorale fonctionnent en grande partie parce que les électeurs ne les comprennent pas, bien qu'ils puissent avoir l'impression du contraire.
Ces publicités prennent avantage, disent le psychologue Steven Sloman et le spécialiste en marketing Philip M. Fernbach, d'un biais cognitif qui a été appelé « illusion d'une compréhension explicative profonde » (« illusion of explanatory depth »).
Il consiste à avoir l'impression de comprendre comment des systèmes complexes fonctionnent malgré une compréhension qui est en fait superficielle. Ce n'est que lorsque la personne se fait demander d'expliquer comment fonctionnent ces systèmes qu'elle réalise à quel point elle en sait peu.
Dans un numéro à venir de la revue Psychological Science, ils rapportent une étude qui montre que les gens croient souvent, même si ce n'est pas le cas, qu'ils comprennent ce que signifient des expressions telles que « sanctions contre l'Iran
», « impôt à taux unique » (« flat tax »), «
plafonnement et échange de crédits carbone
» (« cap and trade »).
Mais surtout, l'étude montre que si on leur demande d'expliquer le mécanisme par lequel une action politique fonctionnerait (le comment), ils deviennent plus modérés dans leur opinion. Alors que si on leur demande de justifier leur position (le pourquoi), les attitudes initiales restent fermes. (D'autres chercheurs ont observé le même phénomène : simplement discuter d'un sujet rend souvent les gens plus extrêmes, pas moins.)
Une question sur le comment, beaucoup plus que le pourquoi, confronte au manque de compréhension, soulignent les chercheurs.
Ils invitent les électeurs à se donner le défi d'imaginer comment les idées politiques des candidats fonctionneraient dans la réalité ; et ensuite à faire un choix : modérer les opinions sur les sujets qui ne sont pas vraiment compris ou essayer d'améliorer sa compréhension. Des deux façons, le discours serait alors basé sur l'information, pas sur l'illusion.
« Nous avons un problème en politique américaine :
», disent-ils, « une illusion de connaissance qui conduit à l’extrémisme. Nous pouvons commencer à résoudre le problème en reconnaissant que nous en connaissons beaucoup moins que nous le pensons.
»
30 biais cognitifs qui nuisent à la pensée rationnelle
Psychomédia avec source : New York Times.
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