Des additifs parmi les plus utilisés sont liés à un risque accru de diabète de type 2, montre une étude française publiée en mai 2024 dans le Lancet Diabetes & Endocrinology.
En Europe et en Amérique du Nord, 30 à 60 % de l’apport énergétique alimentaire des adultes provient d’aliments ultra-transformés, rapporte le communiqué des chercheurs. (36 % de l'assiette des Français est ultratransformée : conseils)
De plus en plus d’études épidémiologiques suggèrent un lien entre une consommation élevée d’aliments ultra-transformés et un risque accru de diabète et d’autres troubles métaboliques.
« Les émulsifiants figurent parmi les additifs les plus couramment utilisés dans ces aliments. Ils sont souvent ajoutés aux aliments industriels transformés et emballés tels que certaines pâtisseries, gâteaux et desserts, yaourts, glaces, barres chocolatées, pains industriels, biscottes, margarines et plats préparés, afin d’améliorer leur apparence, leur goût, leur texture et leur durée de conservation.
»
Des « recherches récentes suggèrent que les émulsifiants pourraient perturber le microbiote intestinal et augmenter le risque d’inflammation et de perturbation métabolique, pouvant entraîner une résistance à l’insuline et la survenue du diabète
».
Mathilde Touvier et Bernard Srour ont, avec leurs collègues (Inserm, INRAE, universités Sorbonne Paris Nord et Paris Cité), analysé des données de 104 139 adultes (âge moyen 43 ans ; 79 % de femmes) qui ont participé à l’étude NutriNet-Santé entre 2009 et 2023 (moyenne de 7 ans de suivi).
À tous les 6 mois sur 14 ans, les participants ont enregistré en ligne tous les aliments et boissons consommés et leur marque (pour les produits industriels) sur au moins deux journées. Au cours du suivi, 1 056 d'entre eux ont reçu un diagnostic de diabète. Plusieurs facteurs de risque pour le diabète, notamment l’âge, le poids (IMC), le niveau d’éducation, les antécédents familiaux, le tabagisme, l’alcool et les niveaux d’activité physique, ainsi que la qualité nutritionnelle globale de l’alimentation (dont les apports en sucre) ont été pris en compte dans l’analyse.
Après un suivi moyen de 7 ans, les chercheurs ont observé que l’exposition chronique aux émulsifiants suivants était associée à un risque accru de diabète de type 2 :
-
carraghénanes (totaux et E407 : augmentation de risque de 3 % par incrément de 100 mg par jour) ;
-
phosphate tripotassique (E340 ; augmentation de risque de 15 % par 500 mg)
-
esters d’acide acétyltartrique de monoglycérides et de diglycérides d’acides gras (E472e ; augmentation de 4 % par 100 mg)
-
citrate de sodium (E331 ; augmentation de 4 % par 500 mg)
-
gomme-guar (E412 ; augmentation de 11 % par 500 mg)
-
gomme arabique (E414 ; augmentation de 3 % par 1000 mg)
-
gomme xanthane (E415 ; augmentation de 8 % par 500 mg).
D’autres investigations sont nécessaires pour établir des liens de causalité, précisent les chercheurs. Bien que cette étude à elle seule ne prouve pas le lien de causalité, elle « bénéficie néanmoins d’une taille d’échantillon considérable et les chercheurs ont pris en compte un grand nombre de facteurs susceptibles d’induire des biais de confusion. Ils ont en outre utilisé des données fines et uniques sur les expositions aux additifs alimentaires, avec un niveau de détail allant jusqu’aux marques des produits industriels consommés.
»
Ces résultats « donnent des éléments clés pour enrichir le débat sur la réévaluation de la réglementation relative à l’utilisation des additifs dans l’industrie alimentaire, afin de mieux protéger les consommateurs », soulignent les chercheurs.
L’équipe de recherche va notamment s’intéresser aux variations de certains marqueurs sanguins et du microbiote intestinal en lien avec la consommation de ces additifs, pour mieux comprendre les mécanismes sous-jacents. Elle va également s’intéresser aux impacts sur la santé des mélanges d’additifs et de leurs potentiels « effets cocktails ».
Pour plus d'informations, voyez les liens plus bas.
Psychomédia avec sources : Inserm, Lancet Diabetes & Endocrinology.
Tous droits réservés.