Puisque dans la maladie d'Alzheimer, l'hyperphosphorylation et l'agrégation de la protéine tau sont directement liées à la progression des symptômes, des chercheurs, dont les travaux sont publiés dans la revue Neurobiology of Aging, ont testé l'hypothèse selon laquelle des conditions de chaleur de type sauna pourraient, en augmentant la température corporelle, réduire la phosphorylation de la protéine tau.
Emmanuel Planel de la Faculté de médecine de l'Université Laval et ses collègues (1) ont mené cette étude avec des souris transgéniques qui expriment la protéine tau humaine. « À partir de l'âge de 6 mois, ces souris produisent des protéines tau altérées. Trois mois plus tard, ces protéines forment des enchevêtrements qui entraînent le mauvais fonctionnement des cellules nerveuses et, subséquemment, leur mort
», rapporte le communiqué de l'Université Laval.
Une hyperthermie légère, induite par une séance de sauna ou par l'application de menthol, réduisait effectivement temporairement la phosphorylation de la protéine.
« Pour simuler une séance de sauna, les chercheurs ont placé ces souris dans un incubateur pendant 45 minutes à 42 degrés Celsius, soit quelques degrés au-dessus de leur température corporelle normale. La hausse d'environ 1,5 à 2 degrés Celsius ainsi obtenue a permis de renverser l'altération des protéines tau dans les cellules de leur cerveau
».
« L'application d'une solution au menthol sur le corps de ces souris a eu le même effet. La hausse de température d'environ 1,3 degré Celsius qui en a résulté a suffi pour réduire l'altération des protéines tau.
»
« Le ralentissement du métabolisme qui survient avec l'âge peut conduire à une baisse de la température corporelle qui pourrait favoriser l'altération des protéines tau et le développement de l'alzheimer
», avance le chercheur.
«
Notre hypothèse est que les activités qui favorisent la thermogenèse, que ce soit les séances de sauna, l'application d'un onguent au menthol ou l'activité physique, pourraient avoir un effet protecteur contre l'alzheimer.»
Le chercheur prévient les personnes âgées que ce serait une mauvaise idée de s'autoprescrire des interventions qui élèvent la température corporelle. « Comme la régulation thermique diminue avec l'âge, elles pourraient s'infliger un choc thermique. Il faut d'abord mener des études cliniques pour tester l'efficacité de ces interventions et pour préciser les modalités qui les rendent sécuritaires.
»
Plusieurs études ont notamment montré des bénéfices cardiovasculaires des saunas.
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(1) Isabelle Guisle, Geoffrey Canet, Séréna Pétry, Parissa Fereydouni-Forouzandeh, Françoise Morin, Rémi Kérauden, Frédéric Calon et Sébastien Hébert, du Centre de recherche du CHU de Québec – Université Laval, et Robert A. Whittington, de l'Université Columbia (New York).
Psychomédia avec sources : Université Laval, biorxiv.org.
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