En Île-de-France, des procédures d’information et d’alerte contre les pics de pollution ont été mises en place depuis 2007.
Des chercheurs, dont les résultats seront publiés en novembre 2021 dans la revue Environment International, ont évalué leur efficacité pour prévenir la mortalité.
«
La pollution de l’air peut avoir divers effets à court et à long terme sur la santé. D’une part, une exposition à la pollution constante, sur plusieurs années, accroît le risque de maladies chroniques (cancer du poumon, par exemple)», rappelle le communiqué de l'Inserm.«
D’autre part, une exposition aiguë, à des concentrations journalières élevées de polluants atmosphériques, peut aggraver les symptômes de maladies respiratoires ou déclencher un infarctus du myocarde.»
« Une politique d’alertes, associée à des mesures d’urgence telles que la limitation du trafic automobile (par exemple, l’abaissement des limites de vitesse autorisées en circulation) a été mise en place à Paris comme dans plusieurs autres grandes villes dans le monde pour protéger les populations les jours où l’exposition aux polluants atmosphériques est particulièrement importante.
»
« Pour cela, des épisodes ou “pics” de pollution de l’air sont identifiés lorsqu’est dépassé, ou risque d’être dépassé, le seuil d’information et de recommandation ou le seuil d’alerte définis par la réglementation nationale pour les quatre polluants atmosphériques suivants : particules de taille inférieure à 10 micromètres (PM10), ozone (O3), dioxyde d’azote (NO2) et dioxyde de soufre (SO2).
»
« Pour la première fois depuis 2007, année de la mise en place des procédures d’alerte contre les pics de pollution dus aux particules PM10 en Île-de-France, une équipe de chercheurs de l’Inserm et de Sorbonne Université à l’Institut Pierre Louis d’Épidémiologie et de Santé Publique (IPLESP) a mesuré leurs effets sur la mortalité de la population générale et plus spécifiquement des adultes âgés de plus de 75 ans.
»
Ils se sont intéressés plus particulièrement aux polluants atmosphériques PM10 et aux impacts des mesures d’urgence.
«
Si les émissions de PM10 ont diminué en région parisienne ces dernières années, Paris présente toujours les concentrations de PM10 les plus élevées parmi les villes de l’Union européenne et 60 000 de ses habitants sont régulièrement exposés à des concentrations de PM10 supérieures aux seuils réglementaires de l’UE», souligne Anna Alari, chercheuse Inserm et coauteure de l’étude.
Les résultats de l'étude sont basés sur les données collectées entre les années 2000 et 2015, fournies par AirParif (l’observatoire de la qualité de l’air en Île-de-France), ainsi que par le Centre d’épidémiologie sur les causes médicales de décès (CépiDC) de l’Inserm.
Sur cette période, les chercheurs ont identifié deux dates clés : l’année 2007 qui correspond à la mise en place d’un premier seuil d’information de pics de pollution impliquant des interventions, lorsque la présence de PM10 dépasse 80 µg/m3 dans l’air ; l’année 2011, lorsque ce seuil a été abaissé à 50 µg/m3.
Les résultats n’ont pas démontré un effet des procédures sur la mortalité telles qu’implémentées sous leur première forme en 2007.
Mais un bénéfice sur la mortalité cardiovasculaire suite à l’application de seuils plus stricts mis en place en 2011, avec une réduction allant de 7 % à 25 % de la mortalité journalière dans la population générale (estimation de 386 décès évités grâce à ces mesures de 2011 à 2015) et une réduction allant de 9 % à 28 % de la mortalité journalière pour les personnes plus âgées (348 décès évités estimés). L’étude n’a pas mis en évidence d’effet sur la mortalité respiratoire.
« L’utilisation de méthodes dites “quasi-expérimentales” a permis d’inférer des relations de nature causale (et non des corrélations) entre la mise en place des interventions et les effets observés sur la santé de la population
», précisent les chercheurs.
« La mise en place de politiques publiques axées sur des changements structuraux (piétonnisation de certaines zones urbaines, renforcement du réseau de transports en commun pour limiter les déplacements automobiles), ou visant à réduire les émissions liées aux industries sont des mesures qui pourraient s’avérer particulièrement bénéfiques, avec un impact potentiellement plus fort que des actions de court terme comme la restriction du trafic automobile par exemple
», conclut Anna Alari.
En France, un arrêté interministériel définit la procédure d’information et d’alerte en cas d’épisode de pollution et organise les mesures d’urgence visant à informer les populations et réduire et/ou limiter l’émission des polluants dans l’atmosphère afin de limiter les effets sur la santé.
Une mise à jour plus stricte de l'arrêté interministériel définissant la procédure d’information et d’alerte a été effectuée en avril 2016 (mis à jour le 26 août 2016), avec un renforcement des mesures concernant la circulation différentiée, et en 2019, avec une application automatique de la circulation différentiée et la mise en place du stationnement résidentiel gratuit lors des épisodes de pollution, rappelle le communiqué de l'Inserm.
Pour plus d'informations, voyez les liens plus bas.
Psychomédia avec sources : Inserm, Environment International.
Tous droits réservés.