Un composé produit par la flore intestinale (ou microbiote) aurait des effets protecteurs contre le diabète de type 1 et de type 2, notamment en stimulant la croissance des cellules bêta du pancréas qui produisent l’insuline, selon une étude publiée dans la revue Cell Reports.
Cette étude, menée par des chercheurs des universités de Paris (Inserm), McGill (Québec) et Kyoto (Japon), ouvre la voie à de nouvelles pistes de traitement.
« Des études récentes ont montré que les formes fréquentes de diabète sont causées par la mutation de plusieurs gènes et par des facteurs liés à l’environnement et à certaines compositions de la flore intestinale
», rapportent les chercheurs.
La nouvelle étude renforce ces résultats. Elle montre une association entre le diabète et un composé organique produit par la flore intestinale et également présent dans certains aliments, le métabolite 4-cresol.
Dominique Gauguier (universités de Paris et McGill) et ses collègues ont d’abord réalisé une étude de profilage métabolique pour identifier tous les types de métabolites présents dans l’organisme, à partir d’échantillons sanguins de 148 personnes, certaines d’entre elles diabétiques. L'objectif était d'identifier des marqueurs pouvant être associés au développement de la maladie.
Le 4-Cresol semble être un marqueur de résistance au diabète. On retrouve notamment des quantités plus faibles de 4-Cresol dans le sérum des personnes diabétiques que chez les non-diabétiques, explique François Brial, chercheur Inserm et premier auteur de l’étude.
Travaillant à partir de modèles animaux, les chercheurs ont ensuite testé les effets du 4-Cresol sur les signes cliniques du diabète et sur le fonctionnement des cellules bêta du pancréas, qui sécrètent l’hormone insuline, dont le rôle est de maintenir l'équilibre du taux de glucose dans le sang. Ces cellules bêta s’épuisent au cours du diabète.
Pistes de traitement
« L’équipe a ainsi montré qu’un traitement chronique de 4-Cresol à faible concentration conduit à une amélioration du diabète. Les chercheurs observent notamment une réduction de l’obésité et de l’accumulation de graisse dans le foie, ainsi qu’une augmentation de la masse pancréatique, une stimulation de la sécrétion d’insuline et une prolifération des cellules bêta pancréatiques.
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« Alors que nous manquons aujourd’hui de thérapies pour stimuler la prolifération des cellules bêta du pancréas et améliorer leur fonction, ces résultats sont donc particulièrement encourageants. Par ailleurs, ils confirment l'impact de la flore intestinale sur la santé humaine, démontrant le rôle bénéfique d'un métabolite produit par des bactéries intestinales, et ouvrant de nouvelles pistes thérapeutiques dans le diabète, l'obésité et la stéatose hépatique
», souligne Dominique Gauguier.
« Désormais, l’objectif immédiat des chercheurs est d’étudier les possibilités de moduler la flore intestinale pour rétablir la production du 4-cresol chez les personnes diabétiques. Pour cela, ils vont d’abord tenter d’identifier les bactéries qui produisent naturellement ce métabolite, puis définir lesquelles pourraient s’avérer être des traitements potentiels, sûrs et efficaces dans des syndromes de déficit en insuline.
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Psychomédia avec sources : Inserm, Université McGill, Cell Reports.
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