Des études récentes ont suggéré que l’exposition à des polluants organiques persistants, ou POPs, (polluants environnementaux perturbateurs endocriniens et/ou carcinogènes que l’organisme ne peut éliminer), qui s’accumulent dans la chaîne alimentaire, serait un facteur de risque du cancer du sein.
Leur impact sur son agressivité demeure toutefois peu étudié.
Une équipe de recherche de l’Inserm et de l'Université de Paris a réalisé une étude préliminaire pour explorer l’hypothèse selon laquelle les POPs, comme les dioxines et les polychlorobiphényles (PCB), pourraient favoriser le développement des métastases dans le cancer du sein. Leurs résultats sont publiés dans la revue Environment International.
La présence de métastases à distance de la tumeur d’origine est un marqueur d’agressivité du cancer du sein. « Lorsque des métastases distantes sont retrouvées, le taux de survie à 5 ans est de seulement 26 %, contre 99 % si le cancer est uniquement localisé au niveau du sein, et 85 % si seuls les ganglions lymphatiques sont également touchés
».
Les POPs sont très lipophiles et se stockent par conséquent dans le tissu adipeux.
L'équipe de recherche dirigée par Xavier Coumoul a mesuré la concentration de 49 POPs – dont la dioxine de Seveso (un déchet des procédés d’incinération) et plusieurs PCB (générés par divers procédés industriels) – dans des échantillons de tissu adipeux environnant les tumeurs de 91 femmes atteintes de cancer du sein. Le surpoids (indice de masse corporelle plus grand que 25 [CALCUL rapide de votre indice]) étant connu pour être un facteur favorisant et aggravant le cancer du sein, une attention particulière a été portée aux femmes concernées.
L’analyse met en évidence « une association entre la présence de métastases distantes et la concentration en dioxine dans le tissu adipeux chez les femmes en surpoids. De plus, chez toutes les patientes, la concentration en dioxine et en deux des PCB mesurés apparaissait associée à la taille de la tumeur ainsi qu’au niveau d’invasion et au stade métastatique des ganglions lymphatiques. Les femmes présentant de plus grandes concentrations de PCB présentaient également un plus grand risque de récidive.
»
Plusieurs hypothèses, fondées sur des travaux antérieurs, sont émises pour expliquer cette association. Notamment, la dioxine et certains PCB enverraient un signal qui favoriserait la migration des cellules tumorales (mécanisme essentiel dans le processus métastatique) et renforcerait ainsi l’agressivité du cancer.
« Les adipocytes, les cellules du tissu adipeux qui stockent les graisses, jouent un rôle important en tant que cellules associées dans le développement du cancer du sein
», explique Xavier Coumoul. « En effet, le tissu adipeux fonctionne comme une glande “endocrine” (sécrétant des hormones dans la circulation sanguine) et nous avions précédemment montré que les POPs étaient responsables d’une inflammation de ce tissu adipeux changeant la nature et le comportement des adipocytes. La sécrétion excessive de molécules inflammatoires et le relargage des POPs stockés par ces adipocytes, pourraient alors favoriser la formation de métastases.
»
Cette étude n’est que préliminaire et ses résultats doivent être considérés avec précaution, souligne toutefois le chercheur. « La méthodologie utilisée présente en effet certaines limites. Elle comprend notamment un nombre limité d’individus, ce qui favorise les biais statistiques et rend certaines sous-catégories de population étudiées peu représentatives.
»
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Psychomédia avec sources : Inserm, Environment International.
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