Le journal en ligne Mediapart rapporte que, selon des documents confidentiels qu'il a pu consulter, des prélèvements effectués début mai à l'intérieur et aux alentours de la cathédrale ont indiqué des concentrations de plomb au sol 400 à 700 fois supérieures au seuil autorisé.
Et, ajoute le journal en ligne, la préfecture de police de Paris et l'Agence régionale de Santé (ARS) auraient choisi de ne pas rendre ces chiffres publics.
Selon des documents consultés par Mediapart, les concentrations en plomb sont de 10 à 740 fois supérieures au seuil autorisé à l'intérieur de la cathédrale et de 500 fois supérieures au niveau du parvis, relaie Le Point.
Certains endroits en dehors de la zone de chantier, au niveau de ponts, de squares ou dans certaines rues, montrent des concentrations de 2 à 800 fois supérieures à la limite autorisée.
Les relevés ont été effectués par plusieurs laboratoires, dont celui de la préfecture de police de Paris.
La toiture et la flèche de la cathédrale, parties en fumée, contenaient 400 tonnes de plomb.
Selon Annie Thébaud-Mony, chercheuse à l’Inserm et spécialiste de la santé publique, citée par Mediapart et relayée par Le Point, « ce sont des taux qu'on ne voit jamais. Sur des chantiers pollués comme une usine de recyclage de batteries, par exemple, les taux sont douze fois supérieurs. Là, avec des taux 400 fois supérieurs, les conséquences pour la santé peuvent être dramatiques. » Un suivi médical est nécessaire, estime-t-elle, « y compris pour les pompiers qui sont intervenus », « ce suivi est d'autant plus important que les effets sur la santé peuvent être différés dans le temps ».
Médiapart a révélé, rapporte Libération, « que le 6 mai, une réunion a été organisée avec les responsables du laboratoire central de la préfecture de police, de la mairie de Paris, du centre antipoison, de la caisse régionale d’assurance maladie et de la direction du travail. Réunion à l’issue de laquelle les participants ont décidé de ne pas dévoiler les chiffres
».
Selon Mediapart, rapporte Le Point, « aucune mesure n'a été prise pour protéger les personnes travaillant sur le chantier de la cathédrale. Des contrôles de sécurité ont montré que les travailleurs présents n'ont reçu aucune formation pour manipuler des objets potentiellement contaminés et qu'ils ne portent ni masque ni gants. Certaines procédures réglementaires ne seraient pas respectées : certaines douches de décontamination ne fonctionneraient pas et certains sas de décontamination auraient été installés dans une zone contaminée. Or, ces derniers sont indispensables pour empêcher l'intoxication des ouvriers et une propagation de poussières de plomb.
»
Un proche du dossier a affirmé à Médiapart que « des hommes en scaphandre sur le parvis de la cathédrale auraient effrayé les passants » et que « l'existence d'un danger aurait été évidente ». Pour le parvis de la cathédrale, le ministère de la Culture aurait choisi une décontamination rapide, par des salariés qui n'auraient pas eu les tenues d'usage. »
Trois associations, celle des familles de victimes de saturnisme, Robin des Bois, et Henri-Pézerat, envisagent de saisir la justice afin d’obtenir les résultats des prélèvements, rapporte Libération. Inquiètes, les associations de riverains, n’ont pour leur part, d’autres choix que de se tourner vers la Commission d’accès aux documents administratifs (Cada).
« Soucieux de la suite des opérations de nettoyage et de décontamination, tous se demandent également ce que deviennent les déchets de poussière récoltés
», rapporte aussi Libération.
Annie Thébaud-Mony s’est rendue récemment sur le site de Notre-Dame : « A la sortie du chantier, a-t-elle raconté, j’ai vu les travailleurs arroser les pneus des voitures. Ils n’étaient pas équipés, ne portaient pas de protection ni de masque. Quand je leur ai demandé ce qu’ils faisaient, ils m’ont répondu qu’ils arrosaient à cause du plomb.
» Et lorsqu'elle s’interroge sur le parcours de cette eau contaminée, le salarié lui désigne le caniveau. « Cette eau chargée en plomb finit dans les égouts
», se désole-t-elle.
Alors que l'incendie a eu lieu le 15 avril, il a fallu attendre le 27 avril pour que la préfecture de police et l’ARS invitent les habitants du quartier à nettoyer leurs habitations avec des lingettes humides. Le 4 juin, l'ARS invitait les familles avec de jeunes enfants (moins de 7 ans) et les femmes enceintes vivant sur l’Île de la Cité à faire doser leur taux sanguin de plomb (plombémie). (Notre-Dame et plomb : quelques mesures tardives et « silence de plomb »)
Mais le plomb ne touche pas que les enfants et les femmes enceintes. Il est notamment cancérigène. Comme le souligne la revue Prescrire dans son numéro de juillet, il est aussi un facteur de risque cardiovasculaire, même à faible dose.
Pour plus d'informations sur le plomb et la santé et sur la gestion de la situation relativement à l'incendie de Notre-Dame et le plomb, voyez les liens plus bas.
Psychomédia avec sources: Mediapart, Le Point, Libération.
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