Utilisé depuis plus de soixante ans, le 5-Fluoro-Uracile (5-FU) est l’un des médicaments de chimiothérapie les plus prescrits dans le traitement du cancer (sein, ORL, digestif, colorectal). Entre 80 000 et 100 000 personnes reçoivent ce traitement chaque année en France.

« Mais les risques très sérieux qu’il fait courir à certains malades poussent les autorités à réévaluer leurs recommandations », rapporte Le Figaro.

« Selon un bilan réalisé par le centre régional de pharmacovigilance de Marseille, 2800 effets indésirables graves liés au 5-FU ont été observés chez 1500 personnes entre 2005 et 2015. Parmi elles, 133 sont mortes après avoir reçu le traitement, et 155 ont eu leur pronostic vital engagé. »

« Là où le bât blesse, rapporte Le Figaro, c’est que certains malades auraient pu être épargnés. » Plusieurs études ont établi un lien entre les toxicités sévères du 5-FU et le manque d’une enzyme, la dihydropyrimidine déshydrogénase (DPD).

En temps normal, le 5-FU est rapidement éliminé dans l'organisme par la DPD, explique la Dre Michèle Boisdron-Celle de l’Institut de cancérologie de l’Ouest. Mais pour les personnes qui ont un déficit, la dose standard de 5-FU est trop importante. Si le déficit total est rare (0,5 % de la population), le déficit partiel est bien plus fréquent (jusqu’à 10 % de la population).

Ce médicament cible toutes les cellules à division rapide (la division est le moyen de reproduction des cellules), cancéreuses ou non, et les empêche de synthétiser de l’ADN, ce qui entraîne leur mort. Parmi les effets secondaires graves figurent des atteintes hématologiques (diminution du nombre de plaquettes et de cellules immunitaires dans le sang), digestives (diarrhées, vomissements) et des troubles cardiaques.

« Depuis le début des années 2000, nous proposons aux hôpitaux de réaliser ce test avant d’administrer du 5-FU », poursuit la Dre Boisdron-Celle. « Parmi les 26 825 patients que nous avons dépistés, pas un n’est décédé », souligne-t-elle. Le test, d’une valeur de 190 euros, permet d’adapter la dose de médicament pour chaque patient. D’autres tests ayant recours à une approche similaire existent également.

Mais jusqu’à présent ce test n’est pas réalisé de façon systématique et ce, alors que la notice du 5-FU précise que ce médicament ne doit pas être administré aux patients ayant un déficit d'enzymatique total connu. Selon la Dre Boisdron-Celle, 250 hôpitaux auraient déjà recours à cette pratique.

Le 8 février, l’Agence nationale du médicament (ANSM) a publié une note rappelant aux soignants l’existence des tests. Leur coût, est-il mentionné, est « pris en charge par les établissements de santé dans le cadre de leur inscription sur la liste des actes complémentaires ».

L'ANSM rappelle aussi qu'en cas de survenue d’une intoxication à une fluoropyrimidine, il existe un antidote, Vistogard (uridine triacétate) qui dispose depuis 2015 d’une AMM aux Etats-Unis. « L’utilisation en France est possible au travers d’une ATU nominative octroyée par l’ANSM. »

Sur le site de l'ANSM : Prévention des effets indésirables graves liés à un déficit en DPD lors de traitement par fluoropyrimidines (5-fluorouracile et capécitabine).

Dans Le Figaro : Un anticancéreux mortel pour certains malades.

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