Un médicament antipsychotique pourrait être efficace pour ralentir la progression de la sclérose latérale amyotrophique (SLA), aussi appelée maladie de Lou Gehrig ou maladie de Charcot, selon une étude publiée dans la revue scientifique JCI Insight.
Selon des résultats préliminaires, le pimozide (Orap) « s’avère sécuritaire et semble stabiliser l’évolution de la SLA à court terme
», indique le communiqué des chercheurs.
Il s'agit d'un médicament antipsychotique connu depuis 50 ans et approuvé pour le traitement de certaines conditions psychiatriques comme la schizophrénie.
« C’est le premier médicament qui semble soulager les symptômes de la SLA chez l’animal. Le riluzole et l’edaravone actuellement utilisés chez l’humain ont des effets modestes. D’autres recherches doivent être menées pour le confirmer, mais nous pensons avoir trouvé un médicament qui sera plus efficace pour améliorer la qualité de vie des patients
», résume Alex Parker, chercheur au Centre de recherche du Centre hospitalier de l’Université de Montréal (CRCHUM).
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L’histoire débute il y a six ans, avec un petit ver nématode d’un millimètre appelé C. elegans. Dans son laboratoire, Alex Parker modifie génétiquement les vers pour qu’ils présentent la forme humaine de la sclérose latérale amyotrophique. Au même moment, son collègue Pierre Drapeau fait la même chose avec un autre modèle : le poisson-zèbre, un petit poisson tropical de 5 cm de long.Les deux scientifiques obtiennent du financement de l’armée américaine pour tester des médicaments sur ces vers et ces poissons nés avec la SLA. “Nous avons criblé une bibliothèque de 3 850 molécules approuvées pour le traitement d’autres maladies et nous avons trouvé une classe de médicaments antipsychotiques qui a pour effet de stabiliser la mobilité des vers et des poissons. Le pimozide fonctionne particulièrement bien pour prévenir la paralysie chez le poisson en maintenant la jonction entre le système nerveux et les muscles”, chercheur au CRCHUM, professeur à l’Université de Montréal et chef de l’étude.
Le professeur Richard Robitaille mène ensuite des tests électrophysiologiques chez la souris dans son laboratoire de l’Université de Montréal et arrive à la même conclusion. Le pimozide maintient ainsi la fonction neuromusculaire dans trois modèles animaux différents. »
En 2015, un premier essai préclinique a été mené auprès d’un petit groupe de 25 patients atteints de la SLA par le Dr Lawrence Korngut, professeur associé à l’Université de Calgary et directeur de la Clinique de la SLA et du motoneurone de Calgary.
« Nous avons trouvé la dose la plus élevée susceptible d'être tolérée chez les personnes atteintes de SLA, une dose plus faible que celle utilisée dans d'autres conditions, et nous avons des preuves préliminaires selon lesquelles le pimozide pourrait être utile », explique le Dr Korngut.
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En seulement six semaines, un premier indice d’efficacité a été observé. La perte de contrôle des muscles du thénar, situés sur la paume de la main entre le pouce et l’index, est habituellement l’un des premiers signes de la SLA. Pour les patients qui ont pris du pimozide, cette fonction est demeurée stable. Cette observation doit cependant être confirmée, étant donné la taille et la durée très limitées de l'essai clinique.“Pour nous, c’est une indication que la cible thérapeutique est la bonne. Le pimozide agit directement sur la jonction entre le système nerveux et le muscle, comme chez nos modèles animaux. On ne sait pas encore si le pimozide a un effet curatif, ou s’il se limite à maintenir la fonction neuromusculaire normale pour au moins stabiliser la maladie. C’est aussi la première fois qu’on découvre un médicament potentiel pour l’humain à partir de recherches fondamentales sur des petits organismes comme le ver et le poisson”, explique le chercheur Pierre Drapeau. »
Un essai clinique de phase II a débuté au Canada afin de vérifier, sur 6 mois, l’innocuité et l’efficacité du pimozide dans le traitement de la SLA. Une centaine de volontaires sont recherchés. Cet essai est financé par le « Défi de seau à glace » grâce à un partenariat avec SLA Canada et Brain Canada. Il est dirigé par le Dr Korgnut à Calgary et mené dans neuf centres hospitaliers au Canada.
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Il est trop tôt pour conclure avec certitude à la sécurité et à l’efficacité du pimozide. “À ce stade, les personnes atteintes de SLA ne devraient pas utiliser le médicament. Nous devons d’abord vérifier s’il est vraiment utile et sécuritaire à plus long terme. Il faut savoir que le pimozide est associé à des effets secondaires importants. Par conséquent, il devrait être prescrit uniquement dans le cadre d’un protocole de recherche”, insiste le Dr Korgnut.»
Pour plus d'informations sur la SLA (Charcot, Lou Gehrig), voyez les liens plus bas.
Psychomédia avec source : CRCHUM.
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